Rechercher
Rechercher

Culture - Parution

Taquiner les muses

La poésie ne semble pas avoir de répit au siècle de l'iPod et de l'iPad. Pour ce chant des sirènes, les femmes sont en tête du cortège sans pour autant que les hommes soient absents dans l'art de pincer les cordes d'une lyre et de taquiner les muses.

Avec des mots, surtout pour la langue arabe, puisés à toutes les sources. Et d'un esprit contemporain qui ne manque ni de morgue, ni de personnalité, ni d'audace, ni de liberté.
Au contraire, en suivant la cadence serrée des plaquettes éditées, les poètes (et surtout les poétesses) ont la frénésie compulsive de traquer des images sonores, de livrer des confidences tous azimuts et de jouer «zen» en rimaillant à travers méditations et contemplations. En vers libres et bien aérés, bien entendu.
En cette époque de la vitesse, cela facilite la tâche aussi bien à celui (et celle) qui tient la plume qu'à celui ou celle qui tourne les pages.
Dans le collimateur de l'art de pincer les cordes d'une lyre, aujourd'hui Hanane Aad, Darin Kassir et Sameh Kaouch. Promenade au monde du Parnasse arabe où rimailler est devenu synonyme de livrer ses impressions, se raconter avec (ou sans) élégance, ou tout simplement faire de la confidence à grand fracas ou à contre-jour, en cris véhéments ou murmures feutrés.

Darin Kassir et les intermittences de cœur
Sur un registre tout aussi féminin est le verbe de Darin Kassir qui publie Maquam al-Aachika (La place de l'amante) aux éditions Dar Kanaan (150 pages). Mais sur un tempo plus romantique, plus sentimental, gardant une place de choix aux grands trémolos du cœur et de ses intermittences.
Une «amante» habitée par «l'autre» parle d'amour. Des mots entre les frémissements de l'enfance et les promesses de l'âge adulte, du bonheur, cette boule au cristal clair. Nimbés d'une certaine spiritualité, empreints d'une certaine mélancolie, enrobés d'une musicalité à la fois impalpable et fiévreuse, ces poèmes d'une coupe moderne, oscillant entre simplicité et petits riens du quotidien, offrent le reflet d'une personne en transe de passion. Une passion dévorante et zélée.

Sameh Kaouch et les lauriers d'étoiles
À ce duo de femmes s'ajoute la présence d'un poète. Auteur de plusieurs recueils de poésie, Haza el-Leil sayatoui jirahi (Cette nuit couvrira mes blessures) et Sinjab fil madina (Un écureuil en ville), et de deux essais critiques, Sameh Kaouch, en ville et dans la vie époux de Darin Kassir, publie Oukahilouki bi nijma (Je te couronne d'une étoile). Là aussi, échos ou prémonition d'amour à un autre chant d'amour. Petits et grands détails des bobos du cœur quand l'amour, Cupidon aux flèches acérées, jette son dévolu.
Attentes, espoirs, séparations, retrouvailles, malentendus, petites querelles, réconciliations, autant de délicieuses et déconcertantes étapes dans tous les chemins (doux calvaire!) du cœur. Avec des mots fleuris et «étoilés» (c'est bien le cas de le dire, puisque le titre de l'opus ne s'en cache pas) pour une langue arabe bien maîtrisée, au lyrisme surchargé, tonnant et ronflant parfois comme des orgues.

Hanane Aad et la liberté
Horiyat fi fami ahmol (La liberté dans ma bouche je porte) de Hanane Aad (éditions Dergham, 84 pages) est le quatrième recueil de poésie d'une femme de lettres à la plume d'une sensibilité vive et au lyrisme souvent grandiloquent. Avec cette inversion en titre qui ne saurait passer inaperçue.
Musicalité appuyée des mots, traque des images insolites, constructions grammaticales et lexicales originales pour ne pas dire alambiquées, rimes ébouriffées au vent, baroque des sonorités, déballages impudents ou discrets, autant d'atouts et d'accessoires stylistiques pour chanter la liberté, le courage, la témérité, l'audace et surtout l'insaisissable entité des filles d'Ève.
Avec des mots, surtout pour la langue arabe, puisés à toutes les sources. Et d'un esprit contemporain qui ne manque ni de morgue, ni de personnalité, ni d'audace, ni de liberté.Au contraire, en suivant la cadence serrée des plaquettes éditées, les poètes (et surtout les poétesses) ont la frénésie compulsive de traquer...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut