L'événement de ce soir aura donc pour cibles les personnes qui ne sont pas encore exposées à la drogue, « pour les sensibiliser aux moyens de se protéger », mais aussi les toxicomanes « pour leur présenter des conseils susceptibles de les protéger dans la mesure du possible, ne pas boire de l'alcool si on prend de l'ecstasy, à titre d'exemple, et cela pour ne pas augmenter la déshydratation de l'organisme ».
L'équipe de Skoun sera présente donc sur le stand à partir de 20h et proposera à ceux qui le souhaitent des brochures et des livrets dans les deux langues arabe et anglaise. « Nous offrirons également des coupons pour des tests rapides et anonymes pour la détection du VIH, souligne Nadya Mikdashi. Ces tests seront menés dans les locaux de Skoun, à la rue Monnot. Ils sont financés par le Programme national de lutte contre le sida et s'inscrivent dans le cadre de notre philosophie de santé, avec pour message principal d'inciter les jeunes à se comporter avec responsabilité et à se protéger au cours des rapports sexuels. Malheureusement, les campagnes nationales menées dans ce cadre s'adressent en général aux homosexuels, aux toxicomanes et aux prostituées. On oublie souvent que les jeunes constituent aussi une population à risques. »
Mais ces tests sont-ils
précis ? « Oui, si le résultat est négatif, indique Nadya Mikdashi. Si le résultat est positif, le test doit être reconfirmé par des examens en laboratoire. L'avantage de ces tests c'est qu'ils sont accompagnés dans notre centre d'une pré et postséance de conseils, ce qui nous permet encore plus d'être en contact avec les personnes et de les informer sur le sida et sur les moyens de transmission du VIH, d'autant que de nombreuses personnes l'ignorent toujours, malgré toutes les campagnes menées à ce jour. »
Un deuxième centre
Au cours des deux dernières années, Skoun a élargi son champ d'activités, collaborant avec d'autres ONG et avec les centres médico-sociaux relevant du ministère des Affaires sociales. « Cette expérience nous a permis de mesurer encore plus l'ampleur du problème qui ne cesse d'augmenter, souligne Nadya Mikdashi. Malheureusement, nous manquons de chiffres exacts sur la consommation de drogues au Liban. Pour cette raison, nous avons décidé à Skoun de mener une large étude afin de mieux connaître et comprendre l'ampleur du problème et identifier par conséquent les besoins réels pour le traitement et la prise en charge de ces personnes. »
Et de poursuivre : « Le gouvernement a un rôle important à jouer dans la prévention, notamment dans les écoles publiques où le corps enseignant n'est pas apte, ni ne possède les informations nécessaires pour traiter avec ces jeunes qui sont très bien informés sur la drogue. »
Dans une prochaine étape, Skoun inaugurera un deuxième centre dans le secteur Galerie Semaan, où le problème de la drogue est assez important. Le centre œuvre également, en collaboration avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice, pour l'application des amendements introduits en 1998 à la loi sur les drogues au Liban et qui désormais reconnaissent que l'addiction n'est plus un crime. De plus, de hauts magistrats ont été invités par Skoun pour un séjour à Paris où ils se familiariseront avec la manière dont le système judiciaire et la police prennent en charge les toxicomanes.