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Lifestyle - Hotte d’or

Terre battue

Ils m'emmènent tous les cinq à l'embarcadère du ferry une heure avant mon départ pour Göteborg. C'est Jules et Jim en 3D. Non : en 5 dimensions. Christian, Vlad, Olaf et Markus ont pris la Range Rover de Chris, et moi, je suis furieusement accrochée au cuir de Markus sur une Harley Davidson vintage - cuvée 1974, m'expliquent-ils... Inséparables. Nous étions inséparables pendant tout mon séjour à Frederikshavn, où j'ai rarement été aussi heureuse depuis trois ans. Je suis pourtant soulagée d'aller me reposer en Suède, sixième étape de mon tour d'Europe : mon séjour danois m'a littéralement esquintée, j'ai tellement donné et tellement reçu, en communion parfaite avec l'écume des vagues de la mer du Nord. Du bateau, allongée sur un sympathique transat et entourée de la sollicitude légèrement visqueuse d'un serveur acnéique, je téléphone à mon champion, celui avec lequel, pendant six ou sept ans, entre 27 et 32 ans, je faisais les quatre mille coups : Bjorn Borg. Non seulement il est en Suède, m'a-t-il hurlé au creux de mon tympan, mais il a prévu 48 heures à Göteborg dans trois jours pour un crash test sur la nouvelle Volvo. Tu seras dans quel hôtel ? À l'Élite Plaza. Il murmure cette fois, me promettant de réserver une suite de ce pas et me précisant qu'il est impatient de me voir. Je suis mouillée, trempée de félicité : je n'ai pas vu Iceborg depuis neuf ans. Mon Iceborg. Mon Terminator qui m'a avoué un jour, dans un igloo au Groenland où nous venions d'essayer de repeupler la planète, que c'est pour des femmes exactement comme moi qu'il ne sera jamais gay. Que je suis la femme qu'il aurait adoré être et à côté de laquelle il voudrait vieillir, entouré de plusieurs douzaines de petits-enfants. Je l'aimais à en crever. Seul petit problème : je lui ai préféré la sérénité de mon utérus, j'étais aussi faite pour être maman qu'Oussama Ben Laden pour donner des cours de yoga. J'arrive dans ma suite, très agréable mais pompeusement baptisée Greta Garbo. La divine doit se retourner dans sa tombe en jappant. Je reste carrément comme deux ronds de flanc en voyant une caisse de six Veuve Clicquot rosé qui m'attend près du lit, chapeautée par douze orchidées mauve. Mon Iceborg n'oublie rien. Mon ange. Trois jours plus tard, il arrive à Göteborg où j'ai passé 72 heures à dormir et à redécouvrir pratiquement ivre de bonheur et de champagne les films de la Garbo... Il me prend immédiatement dans ses bras en jurant en suédois, plante sa langue dans mon gosier, me dit que je suis magnifique et que mon fournisseur en botox est un dieu, et que nous avons été absolument idiots de signer sous supervision notariale un pacte éternel de non-agression sexuelle. Tu es mon meilleur copain, tu m'accompagnes sur le site de Volvo ; tu vas a-do-rer le nouveau modèle et une flopée de jeunes mécaniciens donneraient très probablement un rein pour te faire visiter les lieux. C'est qu'il a de l'humour, mon Iceborg. Nous partons tôt le lendemain : je porte un microshort en jeans Jean-Paul Gaultier, une chemise blanche pour homme Maison Martin Margiela et des cuissardes motif serpents Sergio Rossi et j'éclate de rire en essuyant du revers d'un wet wipe la bave de la bouche de Bjorn. Le crash test est superbe : Iceborg s'amuse comme un bébé, et moi, eh bien moi aussi. Je suis effectivement vite prise en main par un jeune mécano en salopette et torse nu qui, après s'être assuré que je ne suis pas Madame Borg et m'avoir avoué qu'il est un fan absolu de mon ami Bjorn et de mes cuissardes, me propose le tour du site dans une décapotable Volvo de toutes les couleurs. Il me propose aussi de dîner avec lui ce soir. Mon petit cœur tout mou se met à battre. Ce serait génial si le champion se joint à nous, pendant et après le dîner, non ? J'hésite entre éclater de rire et lui mettre une gifle : c'est la première fois que l'on me propose un ménage à trois. J'éclate de rire, en m'imaginant la tête d'Iceborg. Et s'il disait oui - nous sommes en Suède ? Diantre ! Il dira oui. Miam miam.
margueritek@live.com

Ils m'emmènent tous les cinq à l'embarcadère du ferry une heure avant mon départ pour Göteborg. C'est Jules et Jim en 3D. Non : en 5 dimensions. Christian, Vlad, Olaf et Markus ont pris la Range Rover de Chris, et moi, je suis furieusement accrochée au cuir de Markus sur une Harley Davidson vintage - cuvée 1974, m'expliquent-ils......
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