« La dette n'a pas été réglée et (...) nous introduisons un régime de restriction de 15 % des livraisons de gaz vers le Belarus », a déclaré le patron de Gazprom, Alexeï Miller, selon des images retransmises par la télévision russe. En l'absence d'accord, la baisse de livraisons atteindra « graduellement 85 % », a-t-il prévenu.
L'Union européenne (UE), dont 20 % des importations de gaz russe transitent par le Belarus et le reste par l'Ukraine voisine, a convoqué hier à Bruxelles une réunion de crise entre experts européens et russes pour évaluer toute conséquence éventuelle de ce conflit.
Le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, a informé de la situation le commissaire européen à l'Énergie, Günther Oettinger. Le responsable russe n'a pas exclu le « prélèvement illégal » par Minsk du gaz destiné à l'Europe, lors d'une réunion du gouvernement russe, selon l'agence ITAR-Tass.
« Nous suivons la situation de très près et nous estimons que les livraisons de gaz russe transitant par le Belarus ne seront pas perturbées par le conflit », a commenté, rassurante, une porte-parole de la Commission européenne devant la presse.
Les Européens avaient déjà subi en janvier 2009 une interruption de deux semaines des livraisons russes, en raison d'un conflit entre Moscou et Kiev.
Si le Belarus devait cesser d'approvisionner l'Europe, la Lituanie serait le pays de l'UE le plus touché. La Pologne et l'Allemagne pourraient être affectées indirectement, selon Bruxelles.
La Lituanie a indiqué hier recevoir « les pleines quantités de gaz » et être prête à d'éventuels problèmes. Neuf heures après la baisse des fournitures russes, aucune partie ne signalait de perturbation de l'approvisionnement de l'UE.
Régulièrement confrontée à des problèmes d'arriérés de paiement de Minsk, la Russie lui avait donné jusqu'à hier pour s'acquitter de sa dette gazière accumulée depuis le début de l'année et qui atteint selon Gazprom environ 200 millions de dollars.
Dans l'après-midi, le gouvernement belarusse a promis de payer son ardoise d'ici à deux semaines, sans pour autant satisfaire Moscou.
« Personne ne va attendre deux semaines », a rétorqué le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, à l'agence RIA Novosti. Le groupe russe décidera des mesures à prendre mardi, a-t-il ajouté.
De son côté, Minsk réclame à Moscou presque 220 millions de dollars pour le transit de gaz vers l'Europe. Gazprom a reconnu hier l'existence d'une dette d'un montant « comparable » à l'ardoise belarusse, sans donner la date de son règlement.
La Russie souligne disposer de possibilités de contourner le Belarus pour honorer ses contrats avec les clients européens en faisant transiter le gaz par l'Ukraine et la Pologne.
« Il existe la possibilité de réorienter, en cas de nécessité, le flux vers d'autres itinéraires, notamment via le réseau ukrainien des gazoducs », a souligné hier le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, selon les images de la télévision.
Dans un communiqué, l'opérateur public des gazoducs ukrainiens Uktransgaz s'est aussitôt déclaré prêt à accepter.
commentaires (0)
Commenter