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Culture - Rencontre

Pierre Audi, le « wonderman » du Festival de Hollande

Le « Tribute to Oum Kalsoum », de la chanteuse égyptienne Amal Maher, invitée par le génial Pierre Audi, directeur artistique du Festival de Hollande, a été le 1er juin à l'affiche de l'« opening » d'Amsterdam qui réunit les cultures du monde au cœur d'une même fête. Une fois de plus, l'Égypte, vivier de la chanson arabe, a joué sa partition.

Grande figure de la mise en scène théâtrale, Pierre Audi dirige avec maestria l’Opéra d’Amsterdam et le Festival de Hollande.

Le directeur artistique du Festival de Hollande, Pierre Audi, a gagné son pari. Haut la main. L'auditoire du célèbre théâtre le Carré, à Amsterdam, a réservé à Amal Maher un standing ovation pour son Tribute à Oum Kalsoum, produit en 2009 par le Festival de Beiteddine. Durant une heure trente minutes, accompagnée de l'orchestre Sélim Sahhab, la chanteuse égyptienne a enchanté les mélomanes avertis et a irrésistiblement attiré les amateurs venus découvrir un nouveau genre musical. L'enthousiasme a aussi explosé à l'extérieur où le spectacle a été retransmis en plein air sur un écran géant. Dans une ambiance de grande fête, des centaines de festivaliers ont pris d'assaut le parc Oster, où même les branches d'arbres ont servi de sièges tant la foule était dense !
Jusqu'au 23 juin, Amsterdam, la ville aux mille ponts, ouvre ses portes aux artistes des quatre coins de la planète. Un programme foisonnant de spectacles de tous genres - concerts, ballets, opéra et théâtre. Même l'architecture est à l'honneur avec Zaha Hadid, qui signe une magnifique installation dans une vieille usine désaffectée.
Créé en 1947, le Festival de Hollande propose toutes les formes d'expression artistique et se caractérise par une programmation très ouverte aux productions étrangères. «La diversité culturelle et internationale est la notion fondatrice de cet événement. Nous présentons un panorama de créations importantes, en mettant en lumière d'autres cultures et en encourageant les échanges pour une meilleure appréciation», explique Pierre Audi. Il fait observer que «la construction de cet événement repose souvent sur deux choix: ou bien ce que j'aime, ou bien ce que le public aime. Souvent, je choisis une troisième voie sous l'impulsion de ma curiosité, car j'aime découvrir, explorer (...). L'idée de programmer une soirée Oum Kalsoum, qui est non seulement un monument pour son pays, mais une icône pour le Moyen-Orient et dont la musique de très haut niveau a survécu au temps, m'a séduite», ajoute-t-il avant de souligner que 80% des billets de la soirée ont été achetés par un public occidental et qu'il souhaiterait vivement inviter Fayrouz à se produire au festival. «Signe que je n'ai pas oublié mes racines!», ajoute-t-il avec un petit sourire.
Né à Beyrouth, qu'il a quitté au début de la guerre en 1975, ce Libanais diplômé d'Oxford, fils du banquier et ancien ministre Raymond Audi, a débuté sa carrière à Londres en fondant en 1979, à l'âge de vingt-deux ans, le Théâtre Almeida, lieu d'expérimentation théâtrale et musicale où la création contemporaine a tenu une large place. Il met alors en scène Botho, Strauss, Koltès, Rihm, Bussotti, avant de prendre, neuf ans plus tard, la direction du prestigieux Opéra d'Amsterdam, qui compte parmi les salles les plus modernes et prestigieuses d'Europe, avec un plateau immense, le seul à être comparable au fameux Grosses Festspielhaus de Salzbourg et où il y monte notamment la Tétralogie de Wagner (1997-1998), Les Troyens, de Berlioz (2006) et la gigantesque partition d'Olivier Messiaen : Saint François d'Assise.
Cela dit, sa renommée va bien au-delà des frontières néerlandaises. Grande figure de la mise en scène théâtrale, il a signé de magnifiques créations pour l'Opéra Bastille à Paris, le Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, le Festival de Salzbourg, le Grand théâtre de Luxembourg, Munich, le Swedish Drottningholm Hofopera et le MET de New York. Certaines de ses réalisations, comme Zoroastrer, Castor et Pollux de Jean-Philippe Rameau, l'Orfeo de Claudio Monteverdi, ou encore La Walkyrie de Richard Wagner, ont été gravées sur DVD par Opus Arte.
Personnalité brillantissime et étonnamment modeste tout à la fois, Pierre Audi est lauréat du Prix Johannes Vermeer qui récompense son talent artistique exceptionnel de novateur dans le domaine du théâtre musical, ses réalisations de metteur en scène et son ouverture au monde culturel international. De plus, cet homme aux multiples talents dirige avec maestria deux grosses institutions: l'Opéra d'Amsterdam, depuis 22 ans, et le Holland Festival, depuis 2004. Des tâches qui le mobilisent et qui accaparent tout son temps et son énergie. Ce qui explique qu'il n'ait pu faire, depuis 1975, qu'une seule visite au Liban, qu'il ne peut concevoir autrement que dans sa formule pluriconfessionnelle. Par ailleurs, il se dit impressionné par la reconstruction du centre-ville et séduit par le fait que de vieux immeubles restaurés côtoient les nouveaux gratte-ciel d'acier et de verre. Outre cette transformation saisissante, il avait été surtout heureux de retrouver intacte la vieille ville de Jbeil telle, dit-il, que «je l'avais conservée dans mon souvenir».
Pas de prochaine visite à l'horizon pour Pierre Audi. Ni de projet en vue au Liban. Du moins, tant que les pouvoirs publics engoncés dans leur politique de clocher ne font rien pour attirer les grands talents libanais florissant à l'étranger.
Le directeur artistique du Festival de Hollande, Pierre Audi, a gagné son pari. Haut la main. L'auditoire du célèbre théâtre le Carré, à Amsterdam, a réservé à Amal Maher un standing ovation pour son Tribute à Oum Kalsoum, produit en 2009 par le Festival de Beiteddine. Durant une heure trente minutes, accompagnée...

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