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Technologies

La Russie, jadis pays du Spoutnik, se rêve en terre de hautes technologies

La Silicon Valley, symbole américain des nouvelles technologies. Moscou cherche, jusque-là en vain, à en faire un clone.

L'époque où la Russie pouvait se vanter d'avoir inventé le célèbre satellite Spoutnik semble bien révolue: aujourd'hui, le pays ne peut que constater qu'il est à la traîne en matière d'innovation et doit courtiser les étrangers pour l'aider à rattraper son colossal retard.
La visite organisée en grande pompe cette semaine à Moscou d'une délégation d'une vingtaine de patrons de sociétés de capital-risque investissant dans les entreprises de hautes technologies de la Silicon Valley aux États-Unis illustre cet ambitieux dessein.
Le but? Les persuader de placer leur argent dans des start-up créées en Russie, mais aussi leur demander des conseils pour faire fleurir le secteur des nouvelles technologies. Car pour l'heure, il fait peu de doute que la Russie part de loin en la matière, a amèrement reconnu le président russe Dmitri Medvedev lors d'une rencontre avec ces entrepreneurs: «En Russie, il n'existe que 20 fonds de capital-risque, qui pèsent un peu plus de deux milliards de dollars... c'est presque rien», a-t-il déploré.
Cette situation est le résultat de l'atrophie des budgets alloués à la recherche scientifique après la chute de l'URSS, au début des années 1990, mais aussi de la forte dépendance du pays vis-à-vis de ses immenses réserves d'hydrocarbures. «Lorsque nous disons qu'il faut innover, investir dans les hautes technologies, les gens répondent oui, ce serait bien mais mieux vaut investir dans le pétrole et le gaz», jugés plus rentables à court terme, s'est désolé M. Medvedev.
L'enjeu est de taille pour le chef de l'État qui aime à se présenter comme un libéral féru de nouvelles technologies et qui s'est fixé comme objectif numéro un de moderniser le pays en le faisant sortir de l'ère du pétrole-roi et de lutter contre la corruption et les méfaits de la bureaucratie.
Désormais, les autorités russes misent gros sur un nouveau et grandiose projet, «Innograd» (ville de l'innovation), destiné à devenir la version russe de la Silicon Valley, en banlieue de la capitale.
Les investisseurs ont diplomatiquement salué le projet, mais n'ont pas caché, au cours de la conversation, qu'il ne résoudrait pas tous les problèmes de la Russie. «C'est un noble effort de créer une ville comme cela, mais nous pensons que ce n'est qu'une partie de la solution», a estimé Don Wood, patron de Draper Fisher Jurvetson, une société qui a investi dans la messagerie Hotmail ou le pionnier de la téléphonie sur Internet, Skype.
«Ce qu'il faut, c'est vraiment un état d'esprit, ce n'est pas un endroit, ce n'est pas un immeuble ni une ville», a-t-il poursuivi. Et pour atteindre ce but, «le gouvernement ne doit pas être en travers du
chemin».
«Dans la Silicon Valley, nous ne parlons pas beaucoup de politique, nous parlons de produits, de technologies», a renchéri Craig Taylor, patron d'Alloy Ventures, au portefeuille pesant un milliard de dollars, lors d'une conférence de presse.
Autre problème d'envergure auquel doit s'attaquer d'urgence la Russie, si elle veut attirer les capitaux et les idées de l'étranger, celui de la défense de la propriété intellectuelle, quasi inexistante dans ce pays où la contrefaçon est monnaie courante.
«Il est très important dans ce pays que les investisseurs sentent que leurs actifs sont en sécurité», souligne Evgueni Zaïtsev, cofondateur de la société de capital-risque Helix Ventures.
Des tâches qui exigeront de la volonté, mais aussi du temps. «Tout ne peut pas changer du jour au lendemain», résume Craig Taylor, d'Alloy Ventures.
L'époque où la Russie pouvait se vanter d'avoir inventé le célèbre satellite Spoutnik semble bien révolue: aujourd'hui, le pays ne peut que constater qu'il est à la traîne en matière d'innovation et doit courtiser les étrangers pour l'aider à rattraper son colossal retard.La visite organisée en grande...

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