Yémen: l'armée bombarde une ville sudiste : six morts, 17 blessés

L'armée yéménite a bombardé lundi une localité du sud du pays, tuant six civils et en blessant 17, après des affrontements avec des militants séparatistes, a affirmé un responsable sudiste.

Selon des responsables locaux, le bombardement "aveugle" à l'artillerie du centre de Daleh, où une grève générale était observée, a suivi des accrochages entre des militants armés du Mouvement sudiste et des policiers.

"Selon un dernier bilan, six personnes ont été tuées et 17 blessées", a déclaré un responsable du Mouvement sudiste, sous le couvert de l'anonymat, ajoutant que la situation était très tendue et que la ville était paralysée.

Une source de l'hôpital local avait auparavant indiqué à l'AFP que "quatre civils ont été tués et au moins onze, dont six femmes, ont été blessés".

"Quatorze habitations ont été touchées" dans le bombardement, a déclaré à l'AFP Yahya Ghaleb al-Chouaybi, un autre dirigeant du Mouvement sudiste.

L'armée a "procédé depuis ses positions aux alentours de la ville à un bombardement aveugle à l'artillerie", a expliqué un responsable local qui a requis l'anonymat.

Daleh est le principal foyer de la contestation animée par le Mouvement sudiste, une coalition dont certaines composantes appellent au fédéralisme et d'autres à la sécession du sud qui était un Etat indépendant avant 1990.

D'autres villes des gouvernorats de Lahej et Abyane ont observé le mouvement de grève, mais aucun incident n'y a été signalé.

Selon M. Chouaybi, la grève était observée, "comme le premier lundi de chaque mois, pour protester contre le blocus de Daleh imposé depuis mars, pour demander la libération des détenus et réclamer l'indépendance du sud".

Le président Ali Abdallah Saleh a annoncé le 21 mai, à la veille du 20e anniversaire de l'unification du Yémen, une amnistie générale pour les partisans des séparatistes sudistes et de la rébellion nordiste zaïdite, une branche du chiisme.

Plus de 130 militants sudistes ont été libérés mais selon M. Chouaybi, "les arrestations dans les rangs des militants sudistes se poursuivent" malgré l'initiative du chef de l'Etat.

Le sud, qui formait avant 1990 un Etat indépendant, est le théâtre de troubles et de manifestations depuis plusieurs mois. Ses habitants estiment faire l'objet de discriminations de la part des nordistes et ne pas bénéficier d'une aide économique suffisante.