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Liban - Le commentaire

Joumblatt transforme son repositionnement en revirement total

Dans le dernier article confié à l'organe de son parti, al-Anba', le leader du PSP, Walid Joumblatt, assure qu'il devient indispensable d'associer les volets libanais et syrien. En s'interdisant désormais d'user de termes désobligeants, dénonciateurs, comme le vocable de tutelle, couramment employé durant des phases précédentes. L'intérêt stratégique et pan-national commande une telle option de jonction. Donc le rejet des voix suspectes qui réclament la neutralité du Liban. Un choix que les considérations historiques et géographiques rendent impossible. Sans compter que le pacte de Taëf parle de relations libano-syriennes privilégiées, à l'ombre de l'unanimité nationale autour de la convention d'armistice conclue en 1949 avec Israël.
Commentant cette importante prise de position du leader de la Montagne, des professionnels observent qu'il ne se contente plus de renoncer à critiquer la Syrie, ou encore l'armement du Hezbollah, mais qu'il va désormais jusqu'à tourner carrément le dos aux constantes de base qu'il défendait avant de se retirer du 14 Mars. À cette époque, il avait développé, toujours dans al-Anba', un article tout bonnement intitulé « La neutralité positive, porte d'accès à la stabilité du Liban. » On y lisait ces belles sentences :
« L'indépendance se tisse chaque jour par le sang, par le verbe libre, par la persévérance de la lutte, par la solidarité avec les hommes libres et les démocrates du monde entier. Des hommes libres, des démocrates comme Michel Kilo, Riad Turk et tant d'autres (opposants notoires) en Syrie. L'indépendance s'édifie par le rejet des bazars entre les États qui veulent gober le Liban de nouveau, d'une manière ou d'une autre. Elle se conforte par la poursuite de la marche pacifique, calme, démocratique, que le 14 Mars ne cesse d'entreprendre. Elle se renforce par l'adhésion à un accord consacrant la protection de la paix civile et de la stabilité intérieure. Cet arrangement découle du discours fondateur du patriarche Sfeir relatif à l'entente sur les postulats du dialogue national. C'est-à-dire la détermination, puis le tracé des frontières, les relations diplomatiques entre le Liban et la Syrie (qui n'étaient pas encore établies), l'armement palestinien au-dehors comme à l'intérieur des camps et le tribunal international. L'indépendance se bâtit également avec la résistance, avec son admission à travers une intégration progressive à l'armée nationale face à Israël. Si cette absorption s'effectue, elle conduirait, d'une manière également progressive, toutes les fractions politiques à accepter le principe de la neutralité positive. Pour que le Liban ne serve plus de lice ouverte. Et qu'il devienne un État comme tout autre, son territoire cessant d'être utilisé pour des règlements de comptes régionaux ou internationaux. »
Le Joumblatt de l'époque concluait vigoureusement : « Tout marché frappant les fondements nationaux qui ont pu prendre corps par suite de la lutte, et de l'unité, du 14 Mars, constituerait une trahison. Toute capitulation aussi. Les forces du mouvement ont pris des initiatives sensées, bien étudiées, pour protéger leurs réalisations, notamment dans les grands tournants. Elles ne lâcheront jamais leurs constantes. Leur lutte a reçu le baptême du sang, en menant à la création de ce tribunal international qui va apporter la vérité et la justice à tous les martyrs de la révolution du Cèdre. »
Aujourd'hui, Joumblatt dénonce le principe de neutralité positive dont il était naguère l'un des plus ardents défenseurs. Il pousse le retournement jusqu'à qualifier de suspectes les voix qui plaident pour ce choix. Ce qui est assez étrange, parce qu'alors sa propre attitude antérieure eut été douteuse. Il invoque maintenant des « considérations historiques et géographiques » dont on se demande où elles étaient quand il affichait un avis contraire.
Incidemment, l'association des volets, en somme le jumelage avec la Syrie, que Joumblatt défend désormais, induit nécessairement qu'il ne demande plus que le Liban cesse d'être une lice exploitée pour des règlements de comptes régionaux ou internationaux.
De même, Joumblatt pensait dans le temps, sans doute en Libanais soucieux de l'État de droit, que le potentiel militaire du Hezbollah devrait être graduellement récupéré par l'armée nationale. Là aussi, il tourne casaque, en exigeant désormais que le sujet soit classé tabou, qu'on n'en parle plus dans le cadre du dialogue national et qu'on laisse le Hezb tranquille.
Dans le dernier article confié à l'organe de son parti, al-Anba', le leader du PSP, Walid Joumblatt, assure qu'il devient indispensable d'associer les volets libanais et syrien. En s'interdisant désormais d'user de termes désobligeants, dénonciateurs, comme le vocable de tutelle, couramment employé durant des phases précédentes....

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