Une question de solidarité

Beaucoup de témoignages recueillis au cours de cette enquête déploraient le manque de solidarité entre agriculteurs bio, alors même que ce secteur encore fragile aurait besoin d'une action commune. Plusieurs ont évoqué la nécessité d'une superstructure qui apporterait un soutien aux producteurs locaux. Certes, une association a été formée, du nom d'Aloa (Association for Lebanese Organic Agriculture), dont la présidente est Rania Touma, directrice actuelle de Healthy Basket. Celle-ci nous explique qu'Aloa est non opérationnelle pour le moment en raison du manque de coopération des uns et des autres, et de leur inaptitude à se conformer aux contraintes du volontariat, mais elle assure que l'association sera bientôt redynamisée.
Pour ce qui est des coopératives, la seule pour les produits bio au Liban, Biocoop, est souvent associée par les gens du métier à un échec. Cela est dû au fait qu'elle était pratiquement en faillite après la fin, en 2008, du programme de soutien de World Vision, financé par l'USAid. Son directeur actuel, désigné par le comité directeur, Charbel Salamé, en renvoie les raisons au fait qu'elle n'avait pas été gérée de manière durable, étant donné le don substantiel dont elle a profité pour un temps limité. Il affirme donc qu'il a changé la façon de traiter avec les agriculteurs : il leur propose de prendre toute leur production et la paie en fonction de la qualité, ce qui réduit le gaspillage et les pertes. Bien que M. Salamé avoue que la production s'est intensifiée et diversifiée dernièrement, il se plaint du manque de solidarité des agriculteurs envers la coopérative. «Après tout, il ne faut pas oublier que celle-ci leur appartient, son succès est le leur, son échec aussi», dit-il.