Samy Gemayel, héros d’un soir

La Cité sportive Camille Chamoun a vibré hier au rythme d'un match pour le moins hors du commun. En effet, la crème de la politique libanaise s'était donné rendez-vous pour un match de football. Histoire de changer un peu de leur sport favori, le pugilat, nos politiciens s'essayaient à l'art délicat du ballon rond.
Ainsi, à défaut d'afficher une unanimité politique, nos responsables semblaient par contre s'être donné le mot pour présenter une belle unanimité corporelle. Bedaine confortable pour la majorité et condition physique digne d'un champion sumo en fin de carrière pour certains. Seuls les plus jeunes, Serge TorSarkissian et Samy Gemayel, affichaient une forme sportive acceptable. Pour la petite histoire, Ali Ammar était le capitaine des « Blancs », Saad Hariri celui des « Rouges ».
La rencontre était lancée à 100 à l'heure (enfin, si l'on
veut) ; les spectateurs étaient alors surpris par un Saad Hariri aussi présent en milieu qu'en attaque. Le Premier ministre, pardon le capitaine, se payait le luxe de donner le tournis à ses adversaires du jour. C'est d'ailleurs lui qui, profitant d'un centre de Gemayel, tentait une superbe reprise de volée à la 12e minute à faire pâlir d'envie Lionel Messi... si elle avait abouti, bien sûr. Quelques tentatives infructueuses plus tard, les deux équipes traversaient la ligne médiane sur un score vierge. Après la pause, les deux équipes essayaient de créer un peu plus de liant en milieu de terrain et le tandem Saad Hariri-Gebran Bassil faisait des étincelles. À la 20e minute, Samy Gemayel offrait un caviar à Okab Sakr qui manquait l'immanquable.
Quelques minutes plus tard, Samy Gemayel, encore lui, ouvrait le score suite à une superbe action personnelle. Débordant en force dans la surface de réparation, il trompait la vigilance du gardien des « Blancs » Kassem Hachem par un tir à ras de terre. Trois minutes plus tard, le même Gemayel s'accordait un nouveau solo au milieu d'une défense adverse apathique et doublait la mise. L'arbitre sifflait la fin de la rencontre sur le score de 2 à 0 en faveur des Rouges. Les parlementaires et députés se séparaient précipitamment après multiples embrassades et accolades pour aller reprendre leur souffle.
Quant à Samy Gemayel, héros d'un soir, il avait matière à réflexion. S'il était un jour déçu par la politique, il pourrait toujours se réfugier dans le ballon rond.