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Économie - Europe

L’ « extrême négligence » des dirigeants a précipité l’Islande dans la crise

Un rapport détaillé de la commission spéciale du Parlement islandais sur la tourmente financière que traverse le pays a finalement été rendu public hier. Certains membres haut placés du gouvernement de l'époque, et les banques elles-mêmes, sont lourdement mis en cause.

Une photo datant du 7 octobre 2008 montrant le Premier ministre de l’époque Geir Haarde (droite), ainsi que le ministre des Banques Björgvin Sigurdsson, assistant à une conférence de presse à Reykjavik. source AFP

Le très attendu « Rapport Vérité » sur la chute financière de l'Islande en octobre 2008 a mis en cause hier l' « extrême négligence » du Premier ministre et des principaux dirigeants de l'époque, ainsi que la croissance fulgurante et disproportionnée des banques de l'île. Les propriétaires des banques islandaises Kaupthing, Lansdbanki et Glitnir, nationalisées d'urgence pour éviter une faillite généralisée, sont également accusés d'avoir abusé de leurs positions en touchant des prêts « inappropriés », selon cette somme de plus de 2 000 pages concluant une enquête entamée fin 2008. Le rapport accuse d' « extrême négligence » l'ancien Premier ministre conservateur Geir Haarde, l'ex-gouverneur de la Banque centrale David Oddsson, homme fort de la droite islandaise, ainsi que le ministre des Finances et le ministre des Banques de l'époque, MM. Arni Mathiessen et Björgvin Sigurdsson. MM. Oddsson et Haarde ont, au printemps 2008, dissimulé des informations au reste du gouvernement sur les difficultés financières des banques, a accusé le président de la commission d'enquête, Pall Hreinsson, lors d'une conférence de presse suivant la publication du rapport. « En avril 2008, il y a eu au moins cinq rencontres entre le Premier ministre, le ministre des Finances, le ministre des Affaires étrangères et les directeurs de la Banque centrale sur la situation des banques et de l'économie », a-t-il déclaré. Le ministre des Banques n'a cependant été informé de « rien de ce qui s'était passé lors de ces réunions et le gouvernement n'a reçu aucune note sur celles-ci », a-t-il souligné, précisant avoir transmis dimanche l'intégralité du rapport au parquet islandais.
Sur cette île de moins de 320 000 habitants, l'effondrement du système bancaire hypertrophié a entraîné une crise économique sans précédent, avec l'explosion du chômage et de la dette publique, ainsi que l'effondrement de la monnaie islandaise. Après une série de manifestations durant l'hiver 2008-2009, M. Haarde avait démissionné et le gouvernement de gauche qui l'avait remplacé, le premier de l'histoire de l'Islande, avait immédiatement chassé de la Banque centrale David Oddsson, artisan de la dérégulation financière des années 1990. L'actuelle Première ministre Johanna Sigurdardottir a estimé qu'il s'agissait d'un échec général. « Des erreurs ont évidemment été faites. Les banques privées ont échoué, le système de surveillance a échoué, les politiques ont échoué, le gouvernement a échoué, les médias ont échoué, et l'idéologie du marché libre a totalement échoué », dit-elle, ajoutant qu'une réforme « rigoureuse » avait été mise en place par son gouvernement. L'enquête de la commission spéciale du Parlement, baptisée en Islande « Rapport Vérité », visait à déterminer comment et pourquoi le système bancaire s'était effondré. « En sept ans, les trois banques sont devenues 20 fois plus grosses et c'est la principale raison de la chute de l'économie », souligne le rapport, qui dénonce également le comportement des grands banquiers. « Selon les livres de comptes des banques, tous les anciens propriétaires de ces trois banques ont reçu des prêts inappropriés de ces établissements », selon Mme Benediktsdottir, une membre de la SIC. Le rapport, qui souligne que la Banque centrale s'est avérée trop petite pour venir en aide à ses banques dans la tourmente, estime aussi que c'est un manque d'expérience qui a précipité l'effondrement financier du pays. Selon Salvor Nordal, une autre membre de la SIC, « les principaux acteurs n'avaient ni la compétence ni l'expérience pour amortir les dégâts causés par l'effondrement de notre système économique ».
Le très attendu « Rapport Vérité » sur la chute financière de l'Islande en octobre 2008 a mis en cause hier l' « extrême négligence » du Premier ministre et des principaux dirigeants de l'époque, ainsi que la croissance fulgurante et disproportionnée des banques de l'île. Les...

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