Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Objets et histoire

Chocoholic ? Quetzalcóatl est derrière vous...

Les fèves de cacao, extraites des cabosses du cacaoyer, servaient au départ comme monnaie d'échange : un esclave valait 100 belles fèves, et un lapin 10 fèves. Le paiement des impôts se faisait également en fèves, chez les Mayas. Mais selon les croyances des Aztèques, le dieu Quetzalcóatl (le serpent à plumes) a offert aux hommes le cacaoyer pour leur permettre de fabriquer un breuvage aux pouvoirs magiques et aphrodisiaques. Grillées, puis concassées sur des pierres plates brûlantes, les fèves se transforment en une pâte, laquelle est mélangée avec de l'eau, du poivre, du piment, et parfois de l'anis, de la cannelle ou de la vanille. Du chile (farine de maïs), ou de l'otolle (bouillie de farine de maïs), peut épaissir cette mixture qui, battue avec une branche, se met à mousser. De là, vient son nom xocoatl ou tchcolatl : de tchco, « bruit », et latl, « eau ».
À son arrivée sur l'île de Guanaja en juillet 1502, Christophe Colomb reçoit des Aztèques des fèves de cacao et un bol de la spécialité locale, froide, âcre et fortement épicée qu'il s'efforce d'ingurgiter avec la grimace que l'on imagine. Le navigateur en déduira qu'il est inutile de ramener en Espagne des graines donnant une bouillie au goût si épouvantable. Quelques années plus tard, en 1519, Hernán Cortez débarque au Mexique, sur les côtes du Tabasco. À la vue de ce guerrier à cheval, cuirassé, blanc et barbu, les Aztèques et leur empereur Moctezuma le prennent pour le dieu Quetzalcóatl lui-même revenant de l'horizon où le soleil se lève, comme leur promet la légende, et s'empressent de lui apporter la divine boisson. Très impressionné par les 2 000 jarres de chocolat mousseux fabriqué à l'intention des soldats de la garde de l'empereur, Cortez déclare que « lorsqu'on l'a bu, on peut voyager toute une journée sans fatigue et sans avoir besoin de nourriture ». En 1520, quand Moctezuma se laissa mourir de faim, Cortez découvrit 20 000 tonnes de fèves dans les caves du palais. Il prend le contrôle des plantations de cacaoyers. De retour en Espagne en 1527, il rapporte une première cargaison de fèves de cacao à la cour. Adouci par un ajout de sucre de canne ou de miel, servi chaud, puis accompagné de biscuits que l'on trempe dans l'onctueux et mousseux mélange, il devient la boisson à la mode. L'empereur Charles Quint, qui raffole du chocolat, à l'instar des princes et des ecclésiastiques espagnols, fait du commerce du cacao un monopole d'État. Pendant près d'un siècle, l'aristocratie espagnole va jalousement garder le secret de la fabrication du chocolat, souvent confiée à des moines. La consommation augmenta encore quand le pape Pie V déclara, en 1569, que le chocolat à l'eau ne rompait pas le jeûne.
En 1609, des juifs marranes d'Espagne et du Portugal, fuyant l'Inquisition, débarquent à Bayonne. De nombreux chocolatiers au savoir-faire renommé se trouvent parmi eux. Ils feront de la cité basque le principal centre de production français de chocolat et contribuent à son expansion en Europe. La cour de France, quant à elle, découvre le cacao en 1615, lors des noces de l'infante Anne d'Autriche, fille de Philippe III d'Espagne, avec Louis XIII. Deux autres reines de France, Marie-Thérèse d'Autriche (épouse du Roi-Soleil) dont les courtisans disent : « Le roi et le chocolat sont ses deux seules passions », puis Marie-Antoinette vont promouvoir le chocolat dans la bonne société française.
L'apparition des premières tablettes de chocolat à croquer en 1674, puis l'invention des premiers bonbons au chocolat sous le règne de Louis XV, annoncent la lente démocratisation de ce produit de luxe et des noms comme Suchard, Van Houten, Kohler, Lindt, Nestlé et autres Cadbury ayant contribué chacun à sa manière à des innovations techniques et donc au perfectionnement de cet aliment, continuent à faire le bonheur de nos palais et de notre santé : phényléthylamine, sérotonine, théobromine polyphénols, magnésium, potassium, voici quelques-unes des 300 substances chimiques que contient le chocolat et qui contribuent à ses vertus relaxantes, antioxydantes, anticaries... et j'en passe !
Les principaux producteurs de cacao sont la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Cameroun. Ce sont les Suisses qui détiennent le record de consommation, avec près de 10 kg par an. Et vous ? Avez-vous la force de casser une barre de chocolat en quatre et de n'en manger qu'un carré ? Non ? Quelques jours après les fêtes, vous reste-t-il quelques œufs en chocolat à offrir en cas de visite inattendue ? Non plus ? Vous vous ruez sur la boîte à chocolat à la moindre contrariété ? Oui ? Alors, vous êtes des « chocoholics » !
Et alors ? La Rochefoucauld vous conseille : « Aimez le chocolat à fond, sans complexes ni fausse honte, car rappelez-vous, sans un grain de folie, il n'est point d'homme raisonnable. »
Et n'oubliez pas, avant de goûter, puis de sentir un chocolat : regardez-le, écoutez-le craquer. Fermez les yeux. Quetzalcóatl est derrière vous !
Les fèves de cacao, extraites des cabosses du cacaoyer, servaient au départ comme monnaie d'échange : un esclave valait 100 belles fèves, et un lapin 10 fèves. Le paiement des impôts se faisait également en fèves, chez les Mayas. Mais selon les croyances des Aztèques, le dieu Quetzalcóatl (le serpent à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut