Un mineur sachant déminer

The Hurt Locker, de Kathryn Bigelow
Avec Jeremy Renner et  Anthony Mackie.

Grande gagnante des Oscars puisqu'elle est revenue avec six statuettes, notamment le prix de la meilleure réalisatrice et celui du meilleur film, la cinéaste canadienne Kathryn Bigelow fait un véritable pied de nez à son ex, James Cameron, qui retourne presque bredouille puisqu'il n'en a eu que deux (prix techniques). Comment expliquer cette victoire ? Car dire que c'est un grand film dont on se souviendra bien des années après, c'est un peu se mentir à soi ; c'est un peu jouer le jeu de l'académie qui a décerné unanimement ces trophées car ce film tombe à une période opportune. C'est le militaire, le GI Joe, ce soldat longtemps ballotté par les guerres de l'Oncle Sam (du Vietnam à l'Irak, en passant par l'Afghanistan et autres coins du globe) qui est mis sur un piédestal. C'est ce même soldat dont les performances militaires ont été critiquées, fustigées, condamnées pour des actes vils tels que le viol, les crimes et autres délits, qui est éclairé par la lumière blafarde de Bigelow. Un hommage, un témoignage de respect que la réalisatrice, caméra au poing (énergique, mais qui cependant pêche par trop de bougeotte), effectue durant plus d'une heure et demie.
Un montage et des angles certes intéressants, une manière de filmer particulière, le tout rehaussé par le concept  de film à petit budget, effet qui ne manque jamais de donner du piquant à l'œuvre : voilà les armes dont s'est servie Kathryn Bigelow pour combattre le merveilleux Avatar qui partait perdant à la compétition puisqu'il prônait toutes les valeurs anti-Bigelow : anti-impérialisme, anti GI Joe, anti tout. The Hurt Locker a réussi à inscrire ses traces dans le palmarès de 2010, mais pour combien de temps dans l'histoire du
cinéma ?    

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