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Lifestyle - Hotte d’or

Désolée

J'avais demandé aux excellentes Sophie Shoucair et Nayla Audi de me préparer, chacune de son côté, ce dîner pour une personne, c'est-à-dire moi, qui allait accompagner ma soirée du 27 février : carpaccio de radis sur leur baldaquin de mini-aubergines râpées suivi d'un kaléidoscope de maquereaux en sashimi (j'adooooore les maquereaux...) pour Sophie, et sorbet champagne accompagné de langues de chat au Nutella lui aussi champagnisé pour Nayla. Seule ; j'étais seule pour la 35e cérémonie des césars devant mon écran de télévision. Pour la première fois depuis que Gabinou, le Jean de mon amie Marlène Dietrich, a présidé la Nuit numéro un, je n'étais pas dans la salle. Et pour cause : cette sotte de Clara, ma nièce, et son mari devant absolument être à Francfort et ne laissant leur fille Gabriella, mon émeraude, à aucune nounou, j'ai été obligée de rester à Beyrouth. J'ai donc bercé Gaby vers les 20h30 en la gavant de Barbara, je lui ai passé Göttingen en boucle - je la soupçonne, Gaby, d'avoir, à un an et huit mois, eu envie de me tuer : ses parents n'écoutent que des insanités du genre Radiohead ou Placebo. Nonobstant, elle s'est endormie. J'ai pu alors m'habiller pour la circonstance : un fourreau couleur parme d'une simplicité et d'une sobriété affolantes que Rabih Keyrouz en personne a cousu sur mon corps des jours durant, des boucles d'oreille mygales en diamant rose que m'avait offertes Andy Warhol pour mes 30 ans, et j'étais pieds nus, un bracelet avec treize microaraignées également diamantées à la cheville droite. Et j'ai passé la soirée la plus ennuyante depuis des décennies ; je crois même m'être assoupie entre deux maquereaux à plusieurs reprises, malgré les efforts un peu pathétiques des excellents Valérie Lemercier et Gad Elmaleh. Même Harrison Ford roupillait, sans Calista Flockhart qui devait être en train de vomir sa laitue en pleurant sur l'épaule de Sally Field. J'ai tout de même ouvert une pupille charmée aux passages du jeune et (très) beau Tahar Rahim, doublement primé pour Un prophète du fils de Michel Audiard dont j'oublie constamment le prénom : un délice, ce Tahar, malgré la modestie de sa taille : il était plus petit, même, que Vanessa Paradis, dont l'écart entre les deux dents croît d'année en année ; heureusement que Houssam était à une soirée karaoké spéciale Liza Minnelli. J'ai ricané en voyant Niels Arestrup monter sur scène pour récolter son deuxième césar du meilleur second rôle, encore une fois pour un film d'Audiard Jr. : je me suis souvenue en éclatant seule de rire de la gifle monumentale qu'il avait administrée en 1983 sur la scène du théâtre Édouard VII et en essayant de l'étrangler à Isabelle Adjani ; ils jouaient Mademoiselle Julie de Strindberg. Isabelle Adjani qui a reçu ce samedi son cinquième césar. Mon Isabelle que je ne reconnais plus. J'ai évité en la regardant pleurnicher d'éteindre la télévision. Elle est tellement botoxée qu'elle ressemble à une demoiselle-buffle. C'est inadmissible, même le pachydermique Gérard Depardieu avait l'air fluet à ses côtés. Non. Je suis fâchée. J'ai passé une mauvaise soirée. Très mauvaise. Mais je me suis vengée : toujours dans mon fourreau Keyrouz, je me suis déplacée jusqu'à ma chambre à coucher, ouvert ma quatrième Veuve Clicquot, et, dans le nouveau B&O chromé aubergine que Houssam m'a offert il y a deux semaines, j'ai glissé le DVD de Pretty Woman. Au diable les césars. Na. Et Julia et Richard étaient fichtrement miam-miam.
margueritek@live.com
J'avais demandé aux excellentes Sophie Shoucair et Nayla Audi de me préparer, chacune de son côté, ce dîner pour une personne, c'est-à-dire moi, qui allait accompagner ma soirée du 27 février : carpaccio de radis sur leur baldaquin de mini-aubergines râpées suivi d'un kaléidoscope de maquereaux en sashimi (j'adooooore les...
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