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Lifestyle - Hotte d'or

Enfin ma Laura !

Je suis là. De retour dans mon Beyrouth d'amour après deux semaines passées au Costa Rica. Quelques heures avant d'embarquer pour San José via Paris, j'avais rassemblé toutes mes fourrures, c'est-à-dire mes 19 visons, mes 15 renards, mes 11 hermines, mes 2 panthères noires (non, je n'ai pas honte : je suis une passionaria de la vraie fourrure que j'utilise à plusieurs desseins, je suis juste contre la cruauté inutile), mes deux opossums et même mon gilet en lapin, en orylag plus exactement, spécialement customisé pour moi avec moult plumes de paon blanc par mon amour Alexander McQueen avant qu'il n'aie le courage de s'en aller comme une reine, j'ai ainsi tout rassemblé et donné aux excellentes Simone Wardé et Liliane Tyan afin qu'elles les vendent et utilisent ainsi l'argent récolté pour venir en aide aux familles et aux quartiers défavorisés. Tout, sauf mes 13 chinchillas. Désormais, mes seules fourrures seront mes chinchillas. C'était le vœu que j'avais fait agenouillée sur un prie-Dieu en l'église de Hamra dédiée à sainte Rita. Le vœu pour que ma Lauritta gagne. Je partis donc pour l'Amérique centrale. Vêtue de l'un d'entre eux, somptueux, hiératique, rosé comme du champagne et impérialement retravaillé par Jean-François Morissette, une robe marron simplissime Alexis Mabille et des Louboutin écrues aux pieds, on me regardait aux aéroports internationaux Rafic Hariri de Beyrouth, Charles-de-Gaulle de Paris et même Juan Santamaria de San José comme si j'avais assassiné Barack Obama et me promenais avec sa tête sur un piquet. Ces ignorants ! J'avais envie de jeter à leurs visages laids et bouffis le juron préféré de ma nièce Clara : bande de ploucs ! Ce manteau-là, sans doute le Picasso des fourrures, je le destinais à mon amie Laura, ma fabuleuse Lauritta qui se présentait à la présidentielle au Costa Rica. Je sautillais comme une puce sous ecstasy. Les résultats étaient pour ce soir et Laura m'avait demandé d'être près d'elle, après la naissance de José Maria, ce sera le plus beau jour de ma vie, me répétait-elle inlassablement. Nous étions entassés dans son QG, avec son armada de conseillers, toute son équipe de campagne, sa famille, ses proches et moi, moi vêtue de mon chinchilla rose, la main sur le balthazar de Veuve Clicquot millésime 1959, date de la naissance de ma Lauritta, lorsque la télévision costaricienne a officiellement annoncé la victoire à plus de 47 % de Laura Chinchilla. Tout le monde a hurlé. Naturellement. Les baisers se noyaient dans les bulles, les larmes de joie virevoltaient dans les cotillons, j'ai immédiatement drapé madame la présidente dans la fourrure rosée, cette abaya symbole  d'une investiture républicaine überglam,  j'exultais, rendez-vous compte, une Chinchilla chef d'État, la Suisse des Caraïbes, ma Chinchilla, mon amie, mais un sot à la tête de comptable stalinien lui a dit qu'elle ne pouvait pas s'adresser à son peuple pour la première fois en fourrure, fût-ce éponyme, je lui ai tiré la langue me consolant en pensant à tout le bien que ma Chinchillette fera à ses compatriotes pendant tout son mandat, je devrais aussi lui toucher quelques mots sur un ou deux préjugés sur lesquels elle s'entête ; tiens je vais organiser cette semaine une rencontre dînatoire avec Simone Veil, miam miam.

margueritek@live.com
Je suis là. De retour dans mon Beyrouth d'amour après deux semaines passées au Costa Rica. Quelques heures avant d'embarquer pour San José via Paris, j'avais rassemblé toutes mes fourrures, c'est-à-dire mes 19 visons, mes 15 renards, mes 11 hermines, mes 2 panthères noires (non, je n'ai pas honte : je suis une passionaria de la...

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