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Les assyriens venus d’Irak, ou la lente agonie des chrétiens d’Orient

Réfugiée irakienne, Noura attend son départ, mais aurait voulu rester au Liban

Noura, 31 ans, est partie pour la première fois en voyage il y a 7 ans. Elle quittait pour toujours son Irak natal.

Noura Chaya a 30 ans. Elle est petite et menue. Elle travaille dans une épicerie pour gagner sa vie. Assyrienne irakienne, elle a quitté Bagdad il y a sept ans. Elle a vécu plusieurs années sans papiers au Liban. Il y a trois ans, elle a acquis ses documents de réfugiée délivrés par le HCR. Aujourd'hui, elle attend le départ pour les États-Unis.
Noura avait 23 ans avant l'entrée de l'armée américaine à Bagdad. « La guerre était imminente. Ma famille avait déjà vécu la guerre entre l'Irak et l'Iran et la première guerre d'Irak. Elle a décidé de nous épargner cela. Nous sommes originaires de Tal Oskof, un village près de Mossoul, mais nous habitions Bagdad. Avec mes deux sœurs, j'ai pris un taxi pour Damas. C'était la première fois que je partais en voyage », raconte cette femme qui arrivera un peu plus tard au Liban. Elle franchira la frontière libano-syrienne illégalement avec un passeur, puis s'installera dans le quartier des assyriens de Sed el-Bauchrieh, habité déjà par son oncle et son frère. Ses parents arriveront au Liban un peu plus tard.
Quatre ans durant, Noura vivra sans papiers légaux. Elle ne se déplace pas beaucoup. Travaille dans la région, notamment chez des joailliers dans la zone industrielle. Avant son arrivée au Liban, elle n'avait jamais travaillé, n'avait jamais eu besoin d'argent.
« En quittant l'Irak je n'ai pensé à rien. Si peut-être... Je me suis demandée comment j'allais quitter définitivement mon pays et les miens. Et puis dans la vie, on s'habitue à tout », dit-elle comme pour chasser toute nostalgie et se donner du courage.
Au début de son exil, Noura rêvait pourtant de rentrer au pays. « Maintenant quand j'y pense, je me dis que c'est impossible. D'ailleurs, renter pour aller où et faire quoi ? L'Irak n'est plus à nous », dit-elle calmement. « Les chrétiens d'Irak sont des pacifistes, ils ne combattent pas, ils ne tuent pas, c'est pour cela qu'ils ne peuvent plus rester dans leur pays », ajoute-t-elle.
Noura, qui a reçu ses papiers de réfugiée il y a trois ans, partira probablement aux États-Unis : « Mon frère est déjà là-bas. Mais vous savez, en Amérique, nous ne redeviendrons jamais la famille que nous étions. Ma sœur par exemple restera ici, elle a épousé un assyrien natif de Syrie et habitant le Liban. Elle ne partira donc pas. Moi si j'avais le choix, je resterais au Liban. Ici, les assyriens parlent ma langue et tous s'expriment en arabe comme en Irak. Même si c'était un peu difficile au début, j'ai fini par m'adapter, si seulement je pouvais rester. »
« Vous savez, au Liban, nous sentons que nous pouvons vivre pleinement notre christianisme, exercer librement notre culte. Nous ne nous sentons pas en danger, ce n'était pas le cas en Irak », ajoute cette femme qui rêve encore parfois de renter chez elle, tout en sachant que ce rêve est inaccessible.

Noura Chaya a 30 ans. Elle est petite et menue. Elle travaille dans une épicerie pour gagner sa vie. Assyrienne irakienne, elle a quitté Bagdad il y a sept ans. Elle a vécu plusieurs années sans papiers au Liban. Il y a trois ans, elle a acquis ses documents de réfugiée délivrés par le HCR. Aujourd'hui, elle attend le...