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CD, DVD - Un peu plus de...

« Dis maman, pourquoi je suis pas un garçon ? »

7 heures 20. Mardi matin. « Dis maman, où j'étais avant de naître ? » Euh, je ne sais pas mon amour. « Mais si, tu sais tout maman... » Justement je ne sais pas tout. En fait, je ne sais pas grand-chose. « Alors, les bébés ils sont d'abord dans le cœur et ils descendent ensuite dans le ventre ? » La voilà la réponse, mon ange. C'est exactement ça la réponse à ta question. Du cœur, ils descendent vers le ventre... Comme définition, on ne pouvait pas mieux faire. Ce petit bout, du haut de ses quatre ans, a compris. Il a compris qu'un enfant se fait surtout avec le cœur. « Maman ? On meurt quand on a les cheveux blancs ? » Sourire. Malheureusement ou heureusement non. Heureusement, sinon George Clooney ne serait pas parmi nous. « Pourquoi on ne voit pas le vent ? » « Pourquoi tu as les yeux bleus ? » « Pourquoi je suis ton fils ? » « Pourquoi mon zizi est devenu grand ? »... Euh parce qu'il est content ? Mon Dieu, tu en as d'autres comme ça chéri ? Tu préfères pas me demander plutôt de te construire ton bateau Playmobil, que je te montre quelle as de l'assemblage je suis ?
Combien de fois avons-nous été confrontés à ces extraordinaires questions posées par un enfant. Le nôtre, celui d'un ami, un cousin, une nièce. Combien de fois nous sommes-nous retrouvés dans l'impasse ? Coincés dos au mur, « taclés » par un enfant de quatre-cinq ans qui a saisi bien plus de choses que nous ? On hésite, balbutie quelques mots, cherche la bonne réponse. Grand moment de solitude/d'inquiétude. Et si je disais une connerie, un truc erroné, une fausse vérité ? Pas sciemment, juste par maladresse. L'impact pourrait être important, l'explication d'un adulte valant son pesant d'or. On se triture la tête et on pond une réponse qui n'a parfois ni queue ni tête. Par peur. Peur de choquer, peur d'effrayer. Et on oublie trop souvent que « les enfants sont dans la vérité alors que les adultes en ont peur ». On leur tait la mort d'un animal, leur racontant qu'il est parti en voyage. On leur tait beaucoup de choses... « Comment on fait les bébés ? » Les choux, les roses, la cigogne, les fées, les anges, la petite graine, la petite porte... Quoi d'autre. C'est plus facile que d'expliquer le processus. D'employer les bons mots, les vrais. Le procédé n'est pas anodin. Une fois atteint l'âge adulte, on se cache derrière son petit doigt. On joue avec les mots pour ne pas dire l'essentiel, on édulcore nos idées, notre raisonnement, parce qu'au final, on bute nous aussi sur un tas de questions sans réponses. « Tu vas faire quoi finalement ? » « Est-ce que je tente le coup ? » « Je redeviens brune ? » « Ma vie me plaît-elle ? » « Tu as décidé si tu allais rester ? » « Est-ce que j'ai accompli quelque chose ? »... Remises en question et autres causes. Crise existentielle, c'est de saison, on dirait. Une sorte de « blue Monday » qui s'étalerait sur le mois. On se replie, se recroqueville, se terre. On hiberne en quelque sorte. On cogite, on s'éloigne, on s'isole. Ça a du bon parfois, parfois pas. Car on passe à côté de beaucoup de choses, à côté de l'essentiel. Et à ces foutues questions sans réponses, on ne doit pas tenter de répondre. Il faut laisser le hasard faire son travail. Dieu qui se promène incognito, dixit Einstein. Les coïncidences qui n'en sont définitivement pas, les laisser arriver sans crier gare. Et accepter qu'on ne maîtrise pas tout. Se dire comme on dit à un enfant, qu'on ne sait pas. Qu'on ne saura pas et quelque part, ce n'est pas plus mal. Que ces périodes-là sont nécessaires pas accessoires. Que ce sont des étapes, qu'on grandit nous aussi, petit à petit. Doucement. Qu'on a besoin de temps. De notre temps, du temps des autres. On y répondra plus tard à ces satanées questions qui nous hantent ; ou on n'y répondra pas. Peu importe. Les réponses sont là, c'est juste qu'on ne sait pas/plus les voir, ni les lire. Contrairement aux enfants, on ne sait plus regarder entre les lignes. Et avouons-le, notre curiosité s'est amoindrie avec le temps, avec l'âge. « Où est-ce qu'on était avant de naître ? » « On les fait comment les bébés ? » « Est-ce que tu m'aimes ? » « Demain sera fait de quoi ? De qui ? » Dors mon ange et rêve. Tu le sauras un jour...
7 heures 20. Mardi matin. « Dis maman, où j'étais avant de naître ? » Euh, je ne sais pas mon amour. « Mais si, tu sais tout maman... » Justement je ne sais pas tout. En fait, je ne sais pas grand-chose. « Alors, les bébés ils sont d'abord dans le cœur et ils descendent ensuite dans le...

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