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Lifestyle - Vient de paraître

Beyrouth à travers ses murs

Tala Saleh a fait de son projet de diplôme et de sa fascination pour la capitale un livre intitulé « Marking Beirut, A City Revealed Through Its Graffiti ». Visite guidée, à la fois visuelle et sociologique, dans le cœur de toutes ses contradictions.*

Tala Saleh sur le terrain.

Si les murs pouvaient parler, ils raconteraient, comme eux seuls sauraient le faire, la passionnante histoire de leur ville. Quand les murs de Beyrouth se sont mis à parler à ses passants, ils ont, en parfaits témoins, exprimé les soubresauts des uns, leurs humeurs, leurs révoltes, les affiliations politiques des autres, le découpage communautaire et le marquage territorial de tous. Tala Saleh, étudiante saoudienne en art graphique à l'AUB, a choisi ce thème pour son projet de diplôme. Fascinée par cette cour des miracles cosmopolite, ses bruits, sa cacophonie, ses contrastes, ses joies et ses peines, elle décide de revenir sur quelques traces d'une guerre, graffitis abandonnés comme des repères de la mémoire, des cris ou des murmures, et qui propose une certaine lecture visuelle d'un passé récent et du présent.

Repérages
C'est ainsi que Tala Salah s'en est allée, durant quatre mois, rechercher et décrypter sur le terrain ces messages anonymes, essentiellement politiques. « Les graffitis libanais sont très différents de ceux de l'Occident », précise l'éditeur de l'ouvrage, Joseph Brakhya, également architecte. Contaminé par la passion de la jeune femme et après l'avoir accompagnée dans chaque étape de la réalisation du livre, il devient aisément le parfait porte-parole de l'auteur, à présent à Londres pour sa spécialisation. « À l'extérieur, poursuit-il, les graffitis sont l'œuvre de gangs ou d'artistes. Chez nous, ils sont utilisés, depuis plus de trente ans, pour marquer le territoire culturel, politique et géographique du citoyen. Comme un besoin de fixer définitivement et pacifiquement son identité. »
Dans la forme comme dans le fond, Marking Beirut, A City Revealed Through Its Graffiti est un outil intéressant où Tala Saleh aborde, analyse et expose son étude. « Il existe trois sortes de graffitis, explique l'éditeur. Les pochoirs, des "moules" en carton ou en métal qui permettent de reproduire les formes choisies. Des slogans lancés par des anonymes, ils peuvent être personnels, sociologiques ou politiques, et enfin les tags, qui sont des expressions artistiques. »
Cent soixante pages reliées par un ressort, dans un format carré, sans numérotation ou ordre chronologique, 14 articles, le livre peut ainsi être lu et regardé librement, et chaque page peut en être la couverture....
On y trouve des photos de murs, des cartes qui ont servi à l'auteur de carnets de route, ainsi que certains pochoirs à découper, en petit format, « pour créer une interaction avec le lecteur ».
La richesse et la diversité des graffitis, la réflexion qui vient s'y ajouter, en font aussi un important témoignage qui reste. Car, depuis 2007, tous les graffitis politiques ont été effacés, par souci de calmer les esprits.
Reste des murs salis par le temps qui ont encore de nombreuses histoires à raconter ou à inventer.

* En vente dans toutes les librairies.
Si les murs pouvaient parler, ils raconteraient, comme eux seuls sauraient le faire, la passionnante histoire de leur ville. Quand les murs de Beyrouth se sont mis à parler à ses passants, ils ont, en parfaits témoins, exprimé les soubresauts des uns, leurs humeurs, leurs révoltes, les affiliations politiques des autres, le découpage...

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