À une table voisine, Antje Meyer, 34 ans, est plongée dans son journal. « Je ne veux pas mettre mon fils de deux ans et demi à la crèche et ici il peut jouer avec d'autres enfants. En plus, il y a des produits biologiques », explique cette cliente fidèle qui tutoie la gérante de ce café de 140 m2. « C'est une alternative au terrain de jeu l'hiver et surtout, cela fait moins de bazar qu'à la maison puisqu'on se retrouve toujours en groupe », reconnaît aussi Julia Wolters. Pointant son bébé turbulent de 15 mois du doigt, Adriana Meneses reconnaît : « De toute façon, il est impossible d'aller dans un autre café avec lui car il importune les autres clients, il renverse les tasses et les verres. »
Dans toute la capitale, on compte désormais plus d'une quinzaine de « Kindercafés » dont une moitié rien qu'à Prenzlauerberg, le quartier branché de Berlin, mais aussi celui des « nouveaux pères ». Ici, rien d'étonnant que le « Papaladen », premier café pour papas du pays, ait la cote. Et un certain parfum de virilité : un baby-foot, un circuit automobile, un jeu de fléchettes font partie de l'inventaire. Primé en 2009 par l'industrie et le gouvernement allemands pour son caractère innovateur, le « Papaladen » propose outre un café pour papas, des cours, des conseils et des excursions pour les pères et leurs enfants. Ce local « n'aurait pas marché sans l'introduction du congé parental rémunéré » début 2007, assure le codirecteur, Marc Schulte. « L'image des pères a changé radicalement dans l'opinion publique depuis trois ans » et le café accueille « entre 70 à 100 clients par semaine », affirme M. Schulte.
Coffres remplis de jouets, bibliothèque aménagée dans un coin douillet, tables à langer, chaises hautes, petits pots, boissons non alcoolisées, interdiction de fumer : tous les « Kindercafés » sont équipés pour accueillir les chérubins. Chacun a son charme, mais tous ont le même problème de rentabilité. « On peut survivre si on gère tout tout seul et si on propose des activités payantes en plus », explique Jan Blaschke, propriétaire du « Freund Blase » à Berlin. Car la plupart des clients, en majorité des femmes en congé maternité ou parental, « restent souvent plusieurs heures et ne commandent qu'un café ».
Du coup, l'offre des Kindercafés ne cesse de s'allonger : massage pour bébés, théâtre de marionnettes, vente de vêtements de seconde main, initiation musicale, etc. « Le concept devrait vraiment être exporté ! », s'enthousiasme Olwen Fowler, une Anglaise de 35 ans, entrée avec ses deux fils au « Milchbart ». « Cela a un côté un peu bobo, mais au moins ici on a la paix, les enfants nous sollicitent moins qu'à la maison », souligne aussi une maman française installée à Berlin, Isabelle Liber.
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