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Moyen Orient et Monde - Yémen

La guerre contre el-Qaëda pourrait consolider le régime de Sanaa

Le président Ali Abdallah Saleh prêt au dialogue avec la branche locale du réseau terroriste si elle accepte de déposer les armes.
Confronté à une rébellion armée dans le Nord et des revendications séparatistes dans le Sud, le président du Yémen pourrait tirer avantage de la guerre, soutenue par l'Occident, contre el-Qaëda pour consolider son régime et museler ses opposants, estiment des analystes. La menace d'el-Qaëda est moins dangereuse selon eux que l'insurrection des chiites zaïdites à la frontière avec l'Arabie saoudite ou les appels dans l'ex-Yémen du Sud à la sécession.
« Le régime exploite la guerre contre el-Qaëda à son avantage pour attirer des aides de l'étranger et brider son opposition », estime Franck Mermier, anthropologue et spécialiste du Yémen. Alors que l'Occident presse le président Ali Abdallah Saleh de sévir contre le réseau d'Oussama Ben Laden au Yémen, M. Mermier souligne « qu'il est de l'intérêt du régime (...) d'instrumentaliser la carte el-Qaëda ». Mohammad al-Zahiri, professeur de sciences politiques à l'Université de Sanaa, affirme pour sa part que le régime tente « d'exagérer la menace d'el-Qaëda pour fuir ses problèmes internes ». Mais cela « ne peut résoudre les problèmes du Yémen, et ne constitue qu'une fuite en avant », estime-t-il, exprimant la crainte que des solutions militaires ne mènent à « une montée de l'antiaméricanisme » dans le pays. Pour cet analyste, seul le dialogue peut mener à une solution, qu'il s'agisse de l'insurrection dans le Nord, des demandes des sudistes ou de l'opposition interne, déçue par le report de deux ans des élections législatives qui étaient prévues en 2009. « 2009 a été la pire année pour le Yémen », souligne pour sa part Farès al-Saqqaf, président du Centre des études pour l'avenir à Sanaa. Pour lui, « la clé de la solution n'est pas sécuritaire mais politique et économique » et « le Yémen ne peut faire face à el-Qaëda qu'en calmant les autres fronts, notamment dans le Nord et le Sud ».
De son côté, le président Ali Abdallah Saleh a déclaré que son gouvernement était prêt au dialogue avec la branche d'el-Qaëda au Yémen si elle acceptait de déposer les armes. « Nous avons appelé il y a quelques jours à un dialogue avec toutes les formations politiques d'opposition (...) car le dialogue est la meilleure solution, même avec el-Qaëda et les houthis (rebelles chiites zaïdites dans le nord du Yémen) », a déclaré le président dans une interview diffusée par la télévision d'Abou Dhabi samedi soir. « S'ils déposent les armes et renoncent à la violence et au terrorisme, nous sommes prêts à nous entendre avec eux », a-t-il encore dit au sujet d'el-Qaëda. M. Saleh a affirmé que les éléments d'el-Qaëda « constituent une menace pour la sécurité et la paix dans le monde », les qualifiant de « trafiquants de drogue, d'ignorants et de personnes n'ayant aucun lien avec l'islam, auquel ils portent atteinte ». Le président yéménite avait appelé à la tenue d'un vaste dialogue national qui devait commencer en décembre dernier mais qui a été reporté. Il avait déjà exhorté, le 1er janvier, « les jeunes qui se laissent tromper par les éléments d'el-Qaëda » à « revenir à la raison et renoncer à la violence et au terrorisme ».

Confronté à une rébellion armée dans le Nord et des revendications séparatistes dans le Sud, le président du Yémen pourrait tirer avantage de la guerre, soutenue par l'Occident, contre el-Qaëda pour consolider son régime et museler ses opposants, estiment des analystes. La menace d'el-Qaëda est moins dangereuse selon eux que...

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