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Lifestyle - Hotte d’or

Mon carré des Bermudes

Il y a un carré magique. Dans un quartier magique : Mar Mikhaïl. J'ai dit à Houssam, un jour qu'on s'y promenait : c'est le Marais beyrouthin. Le petit Berlin. Le laboratoire de cette capitale-tentacule où se cuisine tout ce qui sera hype et hyperbranché dans quelques mois. J'aime marcher dans Mar Mikhaïl. Je déambule. Et c'est une tour de Babel. On y parle toutes les langues, on y voit toutes les couleurs et on y renifle des odeurs qu'on croyait perdues. On touche même des espèces rares. Dans la boutique de la rue se croisent l'ouvrier en manque de conserves, des haricots souvent, et la jeune architecte suprabranchouille qui cherche une lampe. Il y a aussi la concierge d'un immeuble Yacoubian made in Beyrouth, le photographe en mal d'amour, un jeune couple qui ne comprend plus rien et ne veut plus rien comprendre, et puis une vieille folle et son canari. Ce quartier me plaît parce qu'il survivra à tout, même à une explosion nucléaire ; ce quartier s'autosuffit. Ce quartier est magique et il y a un carré magique. Un : Papercup. Cette librairie-salon de thé a été rêvée par une Rania Naufal mi Anaïs Nin mi Dita Von Teese. Andy Warhol aurait adoré s'y étendre. Cet espace dédié au beau et au bon est bourré de surprises. C'est une petite oasis européenne où s'agglutinent ceux qui veulent découvrir et ceux qui restent couverts, ceux qui veulent revoir et ceux qui veulent être vus. J'aime. Deux : Paula K. Dans cette boutique tenue d'une main très Veuve Clicquot par la over-Bree Van de Kamp Joumana Abillamaa Comaty, il y a les folies de Paula K. Elle invente puis réinvente le vêtement d'une femme et chaque femme devient Farah Diba, chaque femme devient toutes les femmes : le tissu est anamorphosé, c'est de la dentelle virile, même Houssam s'émeut et exige que je ressorte de la boutique rhabillée de la tête aux pieds. Trois : Tawlét souk el-tayeb. La cantine du délicieux Kamal Mouzawak. L'hymne à la vie, l'hymne à l'amour, l'amour d'une terre, l'amour d'un pays, donc l'amour de sa cuisine, ce garçon aime nourrir les gens, les rendre heureux, sa viande crue fond dans les bouches, c'est du patrimoine estampillé Unesco, les serveurs sont jolis. Quatre : l'antre de Caline Chidiac. Là où elle fantasme des playlists d'une simplicité et d'une efficacité infernales. Cette sorcière des platines est aux DJ ce qu'Agynes Deyn est aux mannequins : une comète, un ovni, une jalousie et les réceptions d'ici et de là-bas implosent en un feu d'artifice de décibels, la Chidiac ferait danser une guillotine, un lit de mort, une pétasse beyrouthine, même moi j'ai succombé. Il n'y a rien à dire : j'aime Mar Mikhaïl, et mon carré magique, Rania/Paula/Kamal/Caline, est terriblement miam miam.
margueritek@live.com
Il y a un carré magique. Dans un quartier magique : Mar Mikhaïl. J'ai dit à Houssam, un jour qu'on s'y promenait : c'est le Marais beyrouthin. Le petit Berlin. Le laboratoire de cette capitale-tentacule où se cuisine tout ce qui sera hype et hyperbranché dans quelques mois. J'aime marcher dans Mar Mikhaïl. Je déambule. Et...

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