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Culture - Exposition

L’œuvre de Christiane Catafago enfin dévoilée au public

Pour commémorer le 25e anniversaire de la disparition de Christiane Catafago (1936-1983), la villa Audi organise la première grande rétrospective des œuvres de cette artiste quasi inconnue, dévoilant ainsi une collection aussi prolixe qu'étonnante par sa maturité, sa force et son avant-gardisme.

Une œuvre qui fait preuve de maturité et d’éclectisme.

Christiane Catafago est née dans une famille nourrie d'art et de culture. «Une famille où la création est aussi nécessaire et évidente que de mettre un pied devant l'autre pour avancer », assure Denise Catafago-Schoucair, sœur de l'artiste. Uetendael et Willaert, les familles paternelles et maternelles de sa mère, musiciens et peintres de génération en génération, s'y emploient depuis la Renaissance jusqu'à ce jour. De plus, elle a grandi entourée d'œuvres de qualité, amassées par trois grands collectionneurs flamands de sa famille.
« Cette exigence de qualité lui était aussi naturelle que son travail; et si elle peignait pour sa propre satisfaction, cette exigence incluait aussi un immense respect de son métier, de son œuvre et du spectateur», poursuit Shoucair qui est également historienne de l'art. Et d'ajouter qu'une « très grande liberté intellectuelle vis-à-vis de tous les courants, une totale autonomie matérielle et l'assurance d'appartenir à un milieu qui créait la référence lui ont permis de produire une œuvre dont la puissance, la sûreté, la violence presque étaient sans aucun compromis. Elle ne devait rien au désir de plaire, sinon à elle-même.  Elle était heureuse de la critique à condition qu'elle ne procède que de la compétence et/ou de la sensibilité. »
À ses 17 ans, Christiane Catafago l'autodidacte s'abreuvait de lectures que lui conseillaient René Habachi, Pierre Robin, Salah Stétié, Camille Aboussouan et Henri Seyrig, familiers de la maison de ses parents. Ils avaient reconnu très tôt son talent et l'intensité de sa personnalité.  
Sa sœur la décrit comme une jeune fille «modeste, tâchant d'être effacée, discrète de nature», mais qui avait pourtant une conscience aiguë de la qualité de son œuvre.  «Cela lui a permis de choisir un langage pictural qui, s'il ne lui était pas absolument propre, était utilisé de manière totalement originale pour convoyer ses émotions et ses idées du moment. Elle changeait de vocabulaire... Elle était ouverte à tous les modes d'expression, toutes les techniques.»
Inclassables, hors des courants et des mouvements, l'artiste et son œuvre le restent encore aujourd'hui. « Elle travaillait très vite et sans retouches d'un coup de pinceau ferme et très sûr, créant à la fois un chromatisme et une texture qui ne devaient rien au hasard : cet être silencieux accumulait en permanence des regards sur les choses qu'elle matérialisait à une vitesse fulgurante. Aucun dessin préalable; elle ne commençait pas systématiquement par une partie de la surface, mais procédait, comme si elle connaissait déjà l'aboutissement de son œuvre.  Elle couvrait la toile, ici et là, à coups de brosse ou à l'aide de ses doigts, de couleurs qui ne prenaient leur signification et leur valeur qu'une fois qu'elle considérait l'œuvre terminée. C'était aussi périlleux et irréversible à exécuter que de donner un coup de ciseaux dans un bloc de marbre.  Chacun de ses tableaux constitue un tout, à la fois rigoureusement équilibré et subdivisible en une multitude de petits tableaux parfaitement autonomes.  Enlevez une miette à l'ensemble, ajoutez une tache de couleur,  l'ensemble devient incohérent.»
Catafago a fréquenté plusieurs ateliers, notamment ceux de George Cyr et Grande Chaumière. De son vivant, elle a exposé une seule fois à Beyrouth. Denise Catafago-Shoucair se souvient d'avoir été témoin de la confiance que lui portaient d'autres peintres, comme Michel el-Mir, Paul Guiragossian, Élie Kanaan, Michel Basbous et son frère. « Ils appréciaient son jugement et lui demandaient parfois de critiquer leurs œuvres ou de partager les secrets de la composition de ses couleurs, sachant qu'elle le ferait avec toute l'intégrité qui la caractérisait.» Elle retient  de cette époque un esprit bien réel de camaraderie et d'un soutien moral réel entre ceux qui formaient à ce moment-là un groupe d'artistes à la production extrêmement diverse.
« Malgré son tact, sa discrétion et son respect de la personnalité de l'autre, beaucoup de ceux qui l'ont connue lui doivent ce qu'ils savent », conclut Catafago-Shoucair, en assurant que les qualités de droiture de l'artiste ainsi que ses 400 œuvres constituent un message inaltérable et inoxydable.
Christiane Catafago est née dans une famille nourrie d'art et de culture. «Une famille où la création est aussi nécessaire et évidente que de mettre un pied devant l'autre pour avancer », assure Denise Catafago-Schoucair, sœur de l'artiste. Uetendael et Willaert, les familles paternelles et maternelles de sa mère, musiciens et...
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