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L’art de la vulgarité

Il y a quelques jours, le JT de France 2 titrait : Liban, capitale mondiale de la chirurgie esthétique. On surpasserait donc le Brésil. Ce n'est pas très étonnant qu'on soit classés numéro 1 en chirurgie plastique. C'est quoi le ratio ? Un Libanais sur deux ? Deux sur trois ? Trois sur quatre  auraient eu affaire au bistouri ? Nez, seins, pommettes, liposuccion, botox. Il suffit de feuilleter un des magazines mondains de la place pour se faire une idée du pourcentage esthétisé des femmes (et des hommes) au Liban. Ces bibles de la mondanité libanaise qu'on lit avec délectation chez le coiffeur, le cheveu blanc enseveli d'une couleur blond platine, sont de vraies cavernes d'Ali Baba. Elles recèlent de véritables joyaux pour les yeux et suscitent quasiment toutes les réactions possibles, allant de l'étonnement au rire, en passant par la consternation. Mais ce n'est pas du point de vue de la chirurgie esthétique que le bât blesse. Au contraire, elles sont belles nos Libanaises. Ils sont beaux les Libanais. C'est plutôt du côté de cette extraordinaire particularité, spécifique à certains Libanais et Libanaises, que les choses se corsent : la vulgarité. Cette absence de raffinement que l'on retrouve chez un grand nombre de nos compatriotes. Vulgarité dans l'attitude, vulgarité dans le vêtement, dans le maquillage, vulgarité dans le propos. La vulgarité locale serait une espèce de combo : Pamela Anderson slash Priscilla queen of the desert pour les femmes, Aldo Maccione slash Jean-Marie Bigard (en libanais dans le texte) pour les mâles. Exquise combinaison quasiment parfaite qui lierait le physique à la parole et qui décrirait avec justesse le/la vulgaire. Presque personne ne tolère vraiment être qualifié de vulgaire. Difficile à assumer et à revendiquer surtout. Pourtant la vulgarité est un art. Un art à part entière qu'il faut digérer convenablement avant de le recracher à la figure des gens. C'est une façon d'être, de se comporter très particulière. Il y a un code vestimentaire, un code de conduite, de langage. C'est compliqué d'être vulgaire. De mâcher son chewing-gum la bouche ouverte, de mouler ses seins dans un top trop petit, trop court, trop léger. De marcher toute une journée avec des talons de 13 centimètres, engoncée dans un jeans ultraserré qui fait ressortir les bourrelets et provoque des spasmes. Compliqué d'exhiber son poitrail poilu sous une chemise blanche largement entrouverte malgré le froid, de coincer ses pieds dans des boots ultrapointus qui remontent à l'avant, de gominer ses cheveux et de faire en sorte que ça tienne même si on plonge dans la piscine. C'est que le/la vulgaire est toujours too much. Et être too much demande des efforts considérables qu'on a tendance à négliger. La vulgarité est un art, parce que, malgré quelques stéréotypes, la vulgarité n'a pas de style. La vulgarité est un style. On peut être habillée en Chanel de la tête aux pieds et être vulgaire. Si la classe ne s'achète pas, la vulgarité, elle, nous le fait bien payer... La vulgarité, c'est une attitude. Facile à atteindre, mais difficile à gérer. C'est en quelque sorte un détail qui ferait passer les gens wanna be sexys de l'autre côté du miroir. Du côté obscur de la force. Cette micro-frontière est pratiquement imperceptible. Ce serait par exemple le glissement du film érotique au porno. D'un Pierre Palmade à un Jean-Marie Bigard, d'une vanne subtile à une blague cochonne, d'un panty en dentelle noire à un string en polyester, d'un escarpin Louboutin à une plate-forme compensée Louboutin également, des poignets d'amour à un ventre bedonnant, des tempes grisonnantes style George Clooney à une teinture noir corbeau sur calvitie naissante. Et la pièce maîtresse de cette philosophie si spéciale serait le langage. Ce langage non châtié, constitué des insultes les plus riches et les plus violentes de tout le dictionnaire mondial. Quelle aisance doit-on avoir pour sortir lors d'un dîner des grossièretés, des phrases qui contiennent toutes sortes de qualificatifs reliés au sexe masculin, sorte de « fuck » libanais employé à tout va. Il faut le vouloir. Et surtout le pouvoir... Faut l'faire. Surtout quand on est une femme. Lancer naturellement un « Ay... fik » sans ciller de cet œil poudré d'ombre couleur turquoise, sans le moindre doute, sans la moindre hésitation. C'est un art que d'être vulgaire...
Il y a quelques jours, le JT de France 2 titrait : Liban, capitale mondiale de la chirurgie esthétique. On surpasserait donc le Brésil. Ce n'est pas très étonnant qu'on soit classés numéro 1 en chirurgie plastique. C'est quoi le ratio ? Un Libanais sur deux ? Deux sur trois ? Trois sur quatre  auraient eu affaire au...

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