Alfred Matta, l’excellence honorée

Je l'ai connu dès mon jeune âge par Jacques, son neveu, mon ami depuis l'éternité ; il parlait toujours avec fierté de « ammo » Alfred. Nous sommes en 1957.
Pour nous, jeunes adolescents, ses réalisations étaient des prouesses et occupaient souvent le centre de nos discussions.
Comme beaucoup de médecins ou d'avocats brillants de son âge, il représentait pour nous le modèle à atteindre.
... Alfred Matta vient d'être honoré par l'ordre des ingénieurs du Liban pour sa longue et brillante carrière d'ingénieur entrepreneur. Je ne citerai pas tous les ouvrages qu'il a construits : pour ceux qui n'ont pas encore été touchés par l'amnésie, le Rivoli est son œuvre, les PTT de la rue des Banques, le pont du Ring de Beyrouth à Tabaris aussi. Mais c'est encore le Collège Notre-
Dame de Jamhour, l'école d'ingénieurs de Mar Roukoz, l'Université libanaise à Fanar, l'hôpital Sainte-Thérèse à Hadath, l'Hôtel-Dieu de France, l'hôpital Rafic Hariri de Beyrouth, Rimal, Siwar et j'en passe.
... Toutefois, on se tromperait beaucoup en croyant que le mot-clé de son entreprise est l'argent : si elle a pu, au Liban, traverser 50 ans du siècle dernier alors que le pays connaissait deux décennies de troubles majeurs, c'est que le secret de sa pérennité est ailleurs. J'en citerai deux :  ... la probité dans tout ce que ce mot porte de sens et le respect de tous ses collaborateurs, grands et petits, ingénieurs et manœuvres, grâce à sa douceur rarement rencontrée chez un entrepreneur, un meneur d'hommes exceptionnel, aimé et non craint.
... Affable ? c'est un qualificatif qui ne vous décrit pas suffisamment : Prince des civilités, vous êtes.