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Agenda - Conférence

Le Liban face au risque de guerre totale

Le Liban face au risque de guerre totale

De gauche à droite : Antoine Basbous, Rym Momtaz, Christophe Ayad et Michel Helou, le 27 avril 2024 à Paris. Photo @nationalbloc.europe

Une table ronde intitulée « Le Liban face au risque de guerre totale », organisée par le Comité France du Bloc national, s’est tenue à Paris le 27 avril. Cette conférence a examiné la montée des tensions entre l’Iran et Israël, en mettant particulièrement l’accent sur le rôle du Hezbollah au Liban et ses implications pour la stabilité régionale. La conférence qui était modérée par Michel Hélou, secrétaire général du BN, comptait comme intervenants Antoine Basbous, spécialiste du monde arabe ; Christophe Ayad, expert en géopolitique du Hezbollah et Rym Momtaz, consultante en politique étrangère et sécurité européennes à l’IISS.

Dans son intervention, Christophe Ayad a souligné que le Hezbollah joue désormais un rôle central dans la stratégie de dissuasion de l’Iran, agissant comme une force destinée à protéger le régime de Téhéran. Selon lui, le parti chiite a subi des pertes significatives parmi ses membres-clés et Israël a pris l’initiative en passant à l’offensive. Hassan Nasrallah a compris que les Libanais ne veulent pas la guerre. En gagnant en puissance, il a pris conscience de sa responsabilité vis-à-vis du Liban. Le Hezbollah réalise maintenant qu’il engage l’avenir de tout un pays.

Antoine Basbous a souligné que le Liban est devenu le théâtre des activités du Hezbollah. Considéré comme un proxy de l’Iran, le Hezbollah a perdu des cadres importants, ce qui pourrait rendre sa reconstruction difficile, même en cas de cessez-le-feu. Les assassinats de plusieurs dirigeants du parti pro-iranien ont également contribué à en affaiblir l’organisation.

Rym Momtaz a évoqué les répercussions du 7 octobre. Elle estime qu’il existe un risque imminent de guerre et met en lumière le fait que l’attaque israélienne à Rafah pourrait avoir des conséquences majeures. Elle note qu’avant cette date, Israël était déjà affaibli par des problèmes intérieurs, tandis que les États-Unis commençaient à repenser leur soutien militaire à l’Etat hébreu. Après le 7 octobre, le soutien des États-Unis à Israël semble moins remis en question car l’Iran a franchi une ligne rouge. De plus, des négociations sont en cours entre l’Iran et les États-Unis, ce qui pourrait expliquer pourquoi le Hezbollah a fait preuve de retenue jusqu’à présent.

Pourquoi le Liban a-t-il besoin de résilience ? Parce que selon les intervenants, la survie du pays en dépend, mais cette résilience seule ne suffira pas pour le sauver. Si rien ne change, le risque d’un effondrement complet demeure. Mais certainement, la partition n’est pas la solution.

Les intervenants ont aussi partagé leurs points de vue sur les perspectives d’avenir de la région. Antoine Basbous a souligné que le 7 octobre a marqué un tournant dans l’équilibre régional, ébranlant le mythe de l’invincibilité d’Israël. Selon lui, le Liban doit reconstruire son identité et rétablir sa stabilité tout en gérant les pressions d’un Hezbollah qui semble renforcé malgré ses récents revers.

Rym Momtaz a mis l’accent sur la nécessité de repenser le modèle de gestion de la diversité culturelle au Liban et de s’attaquer à l’impunité qui a imprégné le système politique libanais. Elle a également observé que l’attaque contre l’ambassade d’Iran à Damas n’a pas représenté une menace existentielle pour Téhéran, mais elle a appelé à la prudence, car les développements futurs restent incertains.

Christophe Ayad a noté pour sa part que la situation politique aux États-Unis pourrait avoir un impact considérable sur la région. Les élections américaines et la pression intérieure pourraient influencer le conflit entre Israël et le Hezbollah. Les États-Unis et la France cherchent à repousser le parti chiite au-delà de la rivière Litani, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies. Cependant, ces efforts risquent d’être compliqués par l’instabilité politique aux États-Unis et la volatilité de la région.

Un impact imprévisible

Mais à quoi pourra ressembler le Moyen-Orient dans 20 ans ? Rym Momtaz évoque la fin du mythe du « never again », soulignant que le conflit à Gaza a sapé la crédibilité du leadership américain et occidental. Cela pourrait marquer un tournant, car de nombreux pays non occidentaux qui croient au droit international établi par les Occidentaux commencent à se l’approprier à leur manière. Elle suggère qu’à long terme, on pourrait dire que l’État d’Israël de 1948 n’existe plus, et que les Occidentaux ont mis trop de temps à le comprendre. Pour elle, l’échec des politiques américaines pourrait conduire à la perte de leur hégémonie dans la région.

Antoine Basbous estime de son côté que le 7 octobre a profondément changé l’équilibre régional, sapant l’image d’invincibilité d’Israël et mettant en cause son statut de refuge pour le peuple juif. Selon lui, cette date marque un point de bascule, annonçant une nouvelle dynamique régionale aux implications incertaines et potentiellement négatives.

Christophe Ayad établit lui un parallèle avec les événements du 11 septembre, soulignant que bien que Ben Laden ne soit plus une menace directe, ses idées se sont propagées. Le nombre de jihadistes a augmenté de manière exponentielle depuis cette époque, suggérant que la menace est toujours présente, même si elle a évolué. Pour lui, le 7 octobre pourrait devenir une date historique, mais son impact exact reste difficile à évaluer. Il note que ce pourrait être le début d’une période d’instabilité prolongée, voire de chaos.

En conclusion et dans ce contexte, les perspectives pour l’avenir de la région restent incertaines. Les divisions internes au sein du Hezbollah, la fragilité d’Israël et l’évolution des politiques occidentales, en particulier américaines, auront des répercussions profondes sur la stabilité et la sécurité du Liban et du Moyen-Orient. Les scénarios futurs devront être suivis de près, car la moindre étincelle pourrait déclencher un conflit plus large avec des conséquences imprévisibles.

Une table ronde intitulée « Le Liban face au risque de guerre totale », organisée par le Comité France du Bloc national, s’est tenue à Paris le 27 avril. Cette conférence a examiné la montée des tensions entre l’Iran et Israël, en mettant particulièrement l’accent sur le rôle du Hezbollah au Liban et ses implications pour la stabilité régionale. La conférence qui...