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Culture - Correspondance

«Falnamah», l’art de la divination dans toute sa splendeur perse et ottomane

De quoi demain sera-t-il fait ? Une question que l'on se pose depuis que le monde est monde. Au XVIe siècle iranien et ottoman, on le faisait avec un grand art, en consultant le « Falnamah ».

Images roboratives, contrairement aux miniatures.

Quel est le temps propice pour lancer une bataille ou négocier une affaire ? Est-ce le bon jour pour aller à la chasse ? Et la date-clé pour passer la bague au doigt ? Des questions vieilles comme le temps. Et, dans le temps, plus précisément au XVIe siècle iranien et turc, on trouvait leurs réponses, visualisées par de magnifiques illustrations, dans un luxueux ouvrage intitulé Falnamah : le livre royal des augures. La Sackler Gallery à Washington a pu regrouper une soixantaine de ces spécimens (en provenance de divers musées européens et du musée Topkapi) qu'elle expose actuellement. Un événement à marquer d'une pierre blanche et qui est dû aux efforts de la conservatrice, par ailleurs grande experte en art islamique, Maasoumeh Farhard. Découverte, sous son égide, de ces rares chefs-d'œuvre.
Elle explique qu'il était de coutume chez les souverains de la dynastie Safavides et les sultans ottomans de consulter des astrologues et des devins, et de s'inspirer du Coran avant de prendre des décisions graves. Et, à l'intention des grands et de leur cour, le savoir de ces spécialistes en exploration de l'avenir a été picturalement consigné dans ce livre, dont les illustrations portent la signature d'artistes de renom de l'époque. Alors que le commun des mortels s'adressait sur les places publiques à des oracles
improvisés.

Flamboyance et théâtralité
Contrairement aux miniatures persanes, ces images étaient de grandes dimensions. Et, traitées avec une palette flamboyante, elles dégageaient une grande théâtralité. Elles donnaient entre autres à voir Adam et Ève s'enfuyant du paradis terrestre à dos d'un animal mi-dragons, mi-serpent et d'un paon de fantaisie, sous l'œil scrutateur d'un ange. Dans une autre page, l'ange de la mort, à l'allure d'un démon gris, s'abat sur Shaddad ibn Ad, qui, selon le Coran, a commis la faute d'oser recréer le paradis sur terre. On voit aussi le plus célèbre médecin de l'Antiquité, Hippocrate, le regard au loin alors qu'il vogue dans un ciel bleu sur le dos d'un oiseau mythique.
Le Falnamah le plus répandu était celui créé sous le règne (1524- 1576) du chah Tahmasb, célèbre patron des arts. Également très recherché, l'exemplaire compilé et illustré par Kalender Pacha, un vizir du sultan ottoman Ahmed 1er dont le règne (1603- 1617) a été marqué par la construction de la Mosquée bleue.
Toute personne qui avait recours à la sagesse du Falnamah devait se soumettre à un rituel : ablutions et prières avant d'ouvrir fortuitement une page. À l'instar d'un talisman ou d'une configuration planétaire, l'image était le guide et la réponse clé de la recherche. La totalité des représentations avaient en commun une culture mystique englobant les valeurs morales et éthiques universelles. Les textes et les dessins étaient un encouragement à adopter les leçons et les comportements des prophètes et des saints évoqués dans le Falnamah.
«Les gens, précise Maasoumeh Farhard, aimaient l'aspect fantaisiste des divinations, mais ils prenaient également au sérieux les préceptes religieux et la morale renforcés dans ces images roboratives et pronostiqueuses.»
Quel est le temps propice pour lancer une bataille ou négocier une affaire ? Est-ce le bon jour pour aller à la chasse ? Et la date-clé pour passer la bague au doigt ? Des questions vieilles comme le temps. Et, dans le temps, plus précisément au XVIe siècle iranien et turc, on trouvait leurs réponses, visualisées par de...
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