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Liban - Interview

Sylvie Bermann à l’« OLJ » : un nouveau défi pour le Liban, acteur et sujet du Conseil de sécurité

La directrice des organisations internationales et de la francophonie du gouvernement français est venue aider le gouvernement libanais à se préparer pour sa nouvelle responsabilité.

Sylvie Bermann est directrice des organisations internationales de la francophonie au ministère français des Affaires étrangères et européennes. Sa visite, à un mois de l'entrée du Liban au Conseil de sécurité de l'ONU, est tournée vers la préparation de la diplomatie libanaise à cette nouvelle responsabilité. À la fois acteur et sujet du Conseil, le Liban est à l'aube d'un nouveau défi.

Q : Le Liban deviendra dans un mois membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Or il figure aussi à l'ordre du jour de cette instance. Quel impact cette situation peut-elle avoir sur son rôle ?
R : « C'est une situation particulière, puisque les questions de la souveraineté du Liban, les modalités de cessez-le-feu avec Israël et le fonctionnement du Tribunal spécial pour le Liban sont au cœur des travaux onusiens. Cela peut rendre parfois un peu délicates les décisions qui sont prises, mais les positions finales appartiennent au Conseil de sécurité dans son ensemble. Le problème est davantage au niveau de la présentation à l'opinion publique, qui peut penser que le Liban ne peut être juge et partie. »

Q : Pensez-vous donc que le Liban peut tirer parti de ce siège ?
R : « Pour le Liban, c'est important en termes d'image, car être membre, même non permanent, du Conseil de sécurité, lui apportera une grande visibilité sur la scène internationale. Le Liban est vu comme un pays en crise ; ce siège lui permettra de soutenir ses efforts pour affirmer sa souveraineté, son indépendance, son intégrité territoriale et sa stabilité. »

Q : D'autres pays, notamment bien sûr la France, peuvent-ils aider le Liban à trouver sa place au sein de l'organisation onusienne ?
R : « Nous le faisons déjà. En tant que membre permanent, le premier aspect de cette aide est la transmission de l'expérience et de l'expertise. Car le Liban n'a pas siégé au Conseil de sécurité depuis les années 50. Pour cela, j'ai rencontré, le directeur général de la présidence de la République, le conseiller diplomatique du président du Conseil des ministres et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères libanais. Un des objectifs de ma visite est de faire le point sur l'ensemble des questions de sécurité. »

Q : Pensez-vous que les liens historiques entre la France et le Liban pourraient les aider à collaborer ou à trouver des accords au sein du Conseil de sécurité ? D'autant plus que la France prend la présidence du Conseil en février.
R : « Nous verrons sur quels dossiers nous aurons des proximités... Mais avant même que le Liban ne vienne siéger au Conseil de sécurité, nous avons toujours pris en compte ses intérêts. Nous continuerons. Une fois de plus, la France soutient le processus de normalisation politique en cours. Notre engagement dans la Finul contribue à la stabilité de la région, et nous suivons de près le Tribunal spécial. »

Q : Le Liban, à la fois sujet et membre du Conseil de sécurité, pourra-t-il davantage faire valoir ses réclamations au sein de l'organisme ?
R : « Les positions libanaises sont déjà connues au Conseil de sécurité. Le Liban aura certainement plus de contacts pendant cette période... Mais il devra traiter aussi tous les autres dossiers. C'est une grande responsabilité. »

Q : À l'inverse, les positions du Liban sur certains sujets peuvent-elles entraver son rôle de membre du Conseil ?
R : « C'est difficile à dire pour l'instant. Le Liban sera pris dans la dynamique des négociations. Quand on est membre du Conseil de sécurité, on est obligé de faire des compromis. C'est un vrai défi pour le Liban. »
Sylvie Bermann est directrice des organisations internationales de la francophonie au ministère français des Affaires étrangères et européennes. Sa visite, à un mois de l'entrée du Liban au Conseil de sécurité de l'ONU, est tournée vers la préparation de la diplomatie libanaise à cette nouvelle...
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