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Culture - Exposition

Les cités barbares de Ghassan Halwany

Avant, après, mais aussi pendant la création, l'artiste s'interroge et interroge le regard sur le processus d'une démarche artistique. Les questionnements sont mis sur papier et pellicule par un artiste pluridisciplinaire, Ghassan Halwany, au CCF jusqu'au 23 décembre.

« Barbarella où-vas-tu ? » Les mécanismes du cortex mental contemporain. (Michel Sayegh)

Dès l'entrée de la salle d'exposition transformée au besoin en sorte de grand laboratoire, un personnage, dont le tronc est rehaussé non pas d'une tête, mais d'un appareil photo, est là pour indiquer le chemin. Croqué, dessiné et peint, ce mi-homme, mi-objet en dit long sur ce qui se passe dans la tête de Ghassan Halwany.
«Barbarella où vas-tu?» Le titre de l'exposition évoque certes cette héroïne de science-fiction à la figure de BB, voyageant de planète en planète et représentant la femme moderne à l'ère de la libération sexuelle. Mais il n'est pas sans rappeler l'environnement chaotique dans lequel vit ce personnage. Un milieu qui teinte le XXIe siècle d'une certaine barbarie. Sur ce sujet, l'artiste ne fera pas de commentaire, laissant les autres tirer leurs propres conclusions.

La ville et lui...
Ghassan Halwany est graphiste, mais aussi photographe. Arpentant les rues de Beyrouth à la recherche d'une photo, d'une impression, il a été obligé de se confiner dans un studio pour cause de sécurité. Il s'est alors mis à photographier puis à dessiner. Enfin, à concevoir et à créer. Des planches de dessins, des maquettes en 3 D et des diapos. Trois projets en un : deux films, Gibralatar et Takhabbot, et un livre, Kalb al-Madina ou Le cœur de la ville (éditions Dar Onboz), le tout est emmagasiné, puis représenté en ordre ou en vrac. Ce dialogue d'images interpelle et appelle à réfléchir sur la démarche de création.
Seul ? Perdu dans une ville de plus en plus envahissante et invasive? Tentant d'explorer des fragments de culture, de recoller des parties de puzzle. Quel est le rôle de l'artiste dans ce magma culturel et
sociologique ?
Pour illustrer le chaos d'une ville - Halwany aime travailler surtout en milieu urbain -, quoi de mieux que l'image comme support ? Mais au fur et à mesure que l'artiste s'engouffre dans son «objectif», le crayon prend le dessus. Des esquisses de la réalité. «Mais il fallait que ces dessins s'animent, dit-il, alors j'ai sauté dans une autre dimension.» La troisième cette fois.
« Je ne suis pas un militant, ni un contestataire. Je n'essaye pas de représenter l'homme dans la société et de donner un cours de sociologie, mais de recréer son cortex (ses angoisses, ses craintes, ses questionnements), dit l'artiste. C'est la société qui impose certains choix, qui crée les confrontations.» Comme dans le film Gibraltar, qui passe en boucle lors de l'exposition, où la ville devient ce monstre hybride qui essaye non pas de choyer ses habitants, mais de les
chasser.
Dans cette atmosphère de lynchage où évolue l'artiste pluridisciplinaire, les hommes ont des têtes de coqs, les oreilles envahissent la page et les marches en colimaçon mènent vers l'absolu. Un monde fantastico-grotesque qui parle de hasards et de coïncidences, de rencontres et de vies parallèles. Cerné par la page d'un illustré ou sortant du cadre, totalement hors du cadre, Ghassan Halwany reproduit, par son coup de crayon, les vicissitudes de la vie. Lequel prend l'allure d'un coup de poing.
Dès l'entrée de la salle d'exposition transformée au besoin en sorte de grand laboratoire, un personnage, dont le tronc est rehaussé non pas d'une tête, mais d'un appareil photo, est là pour indiquer le chemin. Croqué, dessiné et peint, ce mi-homme, mi-objet en dit long sur ce qui se passe dans la tête de Ghassan Halwany....

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