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Lifestyle - Correspondance

Helen Thomas, une vie à la Maison-Blanche

L'une des plus grandes institutions de la presse américaine est d'origine libanaise. Son nom : Helen Thomas, qui a régné durant plus de quarante ans à la Maison-Blanche à côté des présidents, et qui vient de publier un nouveau livre.

L’ambassadeur du Liban, Antoine Chédid, en conversation avec Helen Thomas.

« Ce soir, nous sommes réunis pour célébrer notre chère Helen Thomas, pionnière et icône du journalisme, au remarquable parcours professionnel. Originaire du Liban d'où a émergé l'alphabet phénicien, elle a assuré ce legs d'interaction et de communication humaine. Elle est le symbole de ces nombreuses générations d'origines diverses qui ont vécu une "success story". »
C'est en ces termes chaleureux et élogieux qu'Antoine Chédid, ambassadeur du Liban à Washington, et son épouse Nicole ont accueilli, en leur résidence, Helen Thomas, pour la signature de son nouveau livre intitulé Listen up, Mr. President (Écoutez bien, M. le Président).
« Helen a été aux premiers rangs de l'histoire, couvrant les mandats des chefs d'État américains. Son livre nous révèle ce qu'il faut pour qu'un président réussisse dans sa tâche et souligne combien être doyenne des correspondants de presse auprès de la Maison-Blanche peut être une source de changement vital et de prise de conscience », a encore dit l'ambassadeur.
Le Tout-Washington de la politique, de la diplomatie et des médias s'est retrouvé autour d'Helen. Et c'est une grande vedette du petit écran, Andréa Mitchell (également épouse d'Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale), qui lui a aussi rendu hommage en saluant le rôle de mentor qu'elle a joué auprès d'elle et de beaucoup de ses collègues.

La première et la dernière question
Durant des décennies, lors des conférences de presse des présidents américains, c'est à Helen Thomas (aujourd'hui 89 ans) que revenait le privilège de poser la première question et la dernière, et de clore la session par ses mots, devenus aussi célèbres qu'elle : « Thank you M. President. » Journaliste très connue et ayant donc couvert les mandats de tous les chefs d'État, depuis John Kennedy jusqu'à Barack Obama, elle les a suivis pas à pas, scrutant leurs moindres faits et gestes. Et il n'est pas un président qui n'ait répondu à ses questions incisives. Son nouveau livre prouve qu'elle n'a pas du tout baissé la garde et révèle tout ce que l'on voudrait savoir sur ces grands de ce monde. « Nixon était un homme qui, face à deux chemins, ne choisissait pas le bon. » Lui ont succédé « Gerald Ford, le réparateur », « Carter, aux bonnes intentions », « Reagan, la révolution » et « Clinton, le gâchis du mythe présidentiel ». La palme revient, semble-t-il, à John F. Kennedy, « qui répondait aux questions insidieuses avec esprit et
humour. Il a montré comment établir un bon rapport avec la presse et s'ouvrir au public ». Et Barack Obama ? « Il a encore besoin de plus de courage, mais il a bonne conscience. »
Ce n'est un secret pour personne que sa bête noire était George W. Bush auquel elle avait adressé moult critiques publiques et qu'elle avait défini comme « le pire des présidents ». Entre eux s'était créée une lourde animosité. Face à une Helen Thomas qui le mettait continuellement sur la sellette, notamment au sujet de la guerre en Irak, le président Bush avait alors décidé de lui ôter le traditionnel privilège de poser la première et la dernière question lors de ses conférences de presse. La journaliste, au caractère bien trempé, n'en avait été nullement affectée. Et ses convictions non plus. « Je pense, dit-elle, que les chefs d'État doivent être continuellement interrogés, même d'une manière irrévérencieuse, pour les ramener à leur juste mesure... Par ailleurs, avoir accès à eux ne veut pas dire que l'on va obtenir la vérité. »
Pour sa part, Helen Thomas ne leur a jamais accordé de répit. Elle n'avait pas hésité à interroger durement Richard Nixon sur le scandale de Watergate, juste après qu'il l'ait félicitée pour avoir été la première femme nommée chef de bureau de la UPI, près de la Maison-Blanche. Helen Thomas est également la première femme à avoir été acceptée au prestigieux Gridirion Club, jusque-là réservé aux hommes. Le président John Kennedy avait refusé d'assister au dîner annuel du Club s'il continuait à exclure les femmes.
Qu'Helen Thomas puisse avoir un tel destin, ses parents, qui avaient émigré du Liban en 1890, ne l'avaient probablement jamais imaginé. Son père, Gergios Touma, et sa mère, Marianne Rawadi, venaient de Tripoli et ne savaient ni lire ni écrire. Ils se sont d'abord installés dans le Kentucky où ils ont ouvert une épicerie, puis se sont fixés à Detroit. Ils ont eu neuf enfants qu'ils ont incités à faire des études avancées. Helen fréquente l'Université de Wayne où, en prenant en charge la rédaction de la gazette du campus, elle décide qu'elle deviendra journaliste. Après avoir obtenu son diplôme, elle prend d'assaut le quatrième pouvoir de Washington.
« Chaque fois que je franchis le seuil de la Maison-Blanche, je me sens privilégiée. Les personnes qui font la queue pour visiter ce lieu me demandent si le président est là. Je leur réponds : "Probablement". Et quand ils demandent : "Qu'est-il en train de faire ? ". Je réponds : "Je ne sais pas, mais je vais le savoir" .»
« Ce soir, nous sommes réunis pour célébrer notre chère Helen Thomas, pionnière et icône du journalisme, au remarquable parcours professionnel. Originaire du Liban d'où a émergé l'alphabet phénicien, elle a assuré ce legs d'interaction et de communication humaine. Elle est le symbole de ces...

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