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Nos Lecteurs ont la Parole - Humeur

Y’a pas d’problème

Par Nahi LAHOUD
Voilà, j'ai un problème ! Un vrai problème. Un problème latent, je crois. Un problème difficile à expliquer. C'est un problème, euh... je ne sais comment vous l'exprimer, qui me cause beaucoup de tracas. Oui, oui, beaucoup de tracas, car ce problème découle mystérieusement d'une difficulté assez complexe. Complexe pourvue d'une puissance affective qui détermine passionnément mon comportement altruiste par rapport à autrui. Cet « autrui » qui est en quelque sorte mon prochain. Vous voyez un peu ce que je veux dire.
En tout cas, mon problème me trouble intensément, à tel point que je me demande s'il n'est pas susceptible de m'attirer des ennuis. Des ennuis qui pourraient me causer énormément de soucis. Des soucis relatifs à une inquiétude envahissante. Cette inquiétude me harcelant jusqu'au plus profond de mon subconscient. Un subconscient déjà assez malmené par des aléas. Alors, pour me rasséréner, j'ai tendance à répéter ce célèbre mot de César : « Alea jacta est. »
Le problème avec moi, c'est que je ne sais pas par où commencer et par quoi terminer. Ah ! j'ai trouvé : il faut peut-être commencer par le commencement (tout simplement). Mais le problème, c'est que le commencement... commence mal. Et finit tant bien que mal.
Bon, il faut bien que je vous raconte mon problème, sans détour ni ambiguïté. Afin que vous, amis lecteurs, puissiez comprendre qu'à travers mon problème, je suis dans le pétrin. Je suis pétri d'angoisse, je suis enlisé dans un bourbier d'idées folles, extravagantes.
Je disais donc que mon problème m'avait conduit dans un pétrin. Un pétrin doublé d'un malaise qui se développe au niveau de mon quotient intellectuel, engendrant une monotonie spirituelle. Cette monotonie risquant d'engendrer une lassitude permanente et de me ronger les méninges déjà assez malmenées par mes neurones. Le problème, avec mon... problème, c'est que je cause beaucoup de problèmes à mon entourage qui est déjà assez perturbé par ses propres problèmes. Alors j'erre dans mon âme pétrifiée, éperdu sur les routes d'une intelligence en faillite, à la recherche d'un idéal qui ne serait pas truqué et qui vaille ce que je vaux (Salacrou). Et pourtant, dit Alfred Saucy, il n'est pas de problème humain qui ne puisse trouver sa solution, puisque cette solution est en nous. Moi, je veux bien croire Sauvy, mais comment trouver cette solution, puisque je suis encore à la recherche de mon problème ? C'est un grand problème que de chercher à savoir si vraiment je suis un homme à problèmes. Je suis comme Louis Aragon, je parle un langage de décombres. Un langage qui ressemble à un bafouillage et à un hoquet d'absurdités.
Mon problème, donc, sort de l'ordinaire. Il refuse les lois de la biologie sociale. Il réfute les structures de l'organisme social, déformé par les tendances conservatrices ou anarchiques et les mythes universels. Est-ce que vous comprenez quelque chose à mes hantises ? Non, bien sûr, moi  non plus, mais c'est marrant, hein ? Je m'incruste dans les ténèbres, et je nage dans un labyrinthe où tout le monde trébuche et dont personne ne sort que dans l'effroi de la mort. Qu'est-ce que ce jeu cruel auquel je m'adonne, pourquoi toutes ses complications, ces incertitudes ? Quelle est cette fête foraine de l'irrationalité, ce cirque du surréalisme ? L'esprit de l'homme peut pourrir comme son foie ou sa rate. Il y a de grandes épidémies morales comme il y a des épidémies de H1N1 ou de Creudzfeldt-Jakob. Mon problème est donc insoluble, surtout si je me réfère à tous les problèmes des autres humains. Et pourtant, je continue à chercher une solution au mien. À cette fin, quelqu'un m'a conseillé de consulter un psychopathologue. J'ai pris donc rendez-vous avec ce spécialiste de l'étude des processus normaux et pathologiques de la vie psychique et je lui ai dit en entrant avec sérénité : « Bonjour, puis-je vous exposer mon problème ? » Il m'a répondu du tac au tac : « Bien sûr, mon ami, y'a pas de problème. »
Voilà, j'ai un problème ! Un vrai problème. Un problème latent, je crois. Un problème difficile à expliquer. C'est un problème, euh... je ne sais comment vous l'exprimer, qui me cause beaucoup de tracas. Oui, oui, beaucoup de tracas, car ce problème découle mystérieusement d'une difficulté assez complexe....

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