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Lifestyle - Portrait

Karim Ghattas, la musique avec élégance

Des concerts de jazz et de musiques du monde, fabriqués sur mesure, qui mêlent audace, créativité et élégance, voilà le credo de Karim Ghattas. Sa vision et sa force, qu'il a imposées, en quelques années, sous les labels Liban Jazz, puis LibanWorld.

Il a de beaux yeux... Pas sûr qu'il le sait, trop occupé à regarder ailleurs, à développer une culture artistique, culturelle et personnelle dont il ne se rassasie jamais. Trop discret, trop élégant pour ne pas en rougir, légèrement, avant de se reprendre et de se lancer dans un discours à la fois poétique et pragmatique sur ses passions, le cinéma, puis le Liban et le jazz.
Le cinéma, « une force d'inspiration très présente », Karim Ghattas l'a, après des études à la Sorbonne, rangé pour l'instant dans un coin de ses souhaits et de ses projets futurs. « Je m'en suis détourné pour une autre passion qui me rend très heureux. Je suis un jeune homme qui rêve, dit-il, alors que ses yeux s'éclairent. Et qui fait en sorte de réaliser ses rêves. » Le Liban et le jazz, objets de tous ses désirs actuels, ils les a associés à un projet qui l'a ramené au pays en 2003, convaincu de la nécessité de « s'inscrire dans une histoire, retrouver ses racines » et mû par la volonté de « changer de vie et l'ordre établi. Une envie de rupture avec ce qui était prévu pour moi. » Le jazz s'impose comme une évidence, en raison de son expérience passée, une collaboration avec le Festival Jazz à Saint-Germain-des-Près, lieu culte de cette musique sensuelle, chahuteuse, mythique des années 50. « J'ai réalisé qu'il manquait une place à une musique qui s'inscrit le mieux dans le paysage beyrouthin. Une musique libre, résistante, d'expérimentation, même si elle peut sembler bruyante. » Ainsi naîtra le festival Liban Jazz en 2004, le premier festival en son genre au Liban. Un one-man-show signé Karim Ghattas, « une vraie dictature ! », rajoute-t-il avec un sourire craquant. Et une véritable envie de partager.

Genèse
Les choses n'ont pas été faciles à monter. Des allers-retours durant plusieurs mois et une réalité libanaise à confronter. « C'est mon innocence, liée à la distance, précise-t-il, qui a fait le succès de Liban Jazz. Associer des gens à un projet qui était le mien, sans les connaître. Je l'ai voulu comme une entreprise culturelle qui s'inscrit dans la vie sociale de tous, précise le jeune producteur rêveur. Et aussi comme une entreprise liée à un développement artistique, mais qui soit un projet commercialement viable. » D'abord dans le cadre du Festival de Zouk, Liban Jazz propose de grosses pointures et des artistes qui font l'actualité. La première année, pour le concert de Dhafer Youssef en 2004, 89 billets sont vendus. « Ça ne donne pas forcément envie de sourire... » L'artiste, un vrai pro, offre tout de même un spectacle magnifique, comme s'il jouait devant une salle pleine. Quatre ans plus tard, ils seront plus de 700 à assister à son second concert.
« Je suis très heureux de l'accueil que j'ai trouvé au Liban, avoue Karim. De la liberté offerte pour fabriquer les spectacles que je veux. » En 2006, la guerre contraint la musique et les festivals à se taire. Karim Ghattas décide d'expatrier le festival à Paris, n'y-a-t-il pas dans Liban Jazz le mot Liban ? Le « concert en blanc » réunit le 5 septembre au Théâtre du Rond-Point une vingtaine de jazzmen, solidaires d'une même cause, dont Seb Martel, Archie Shepp, Camille, Ibrahim Maalouf, Henri Texier ou encore Anouar Brahem. La salle est comble autour de « ces gens magnifiques avec qui se sont créés des liens d'amitié ». C'est alors, en même temps que s'y tenaient des « off-festivals », inaugurés en janvier 2006 avec Mina Agossi et Omar Bonga, que Ghattas décide d'associer totalement son festival au Music Hall et à Michel Eléftériadès. « J'y ai trouvé le lieu et les partenaires idéaux. De vrais professionnels qui ont une même vision des spectacles. »
Depuis, une dizaine de manifestations de grande qualité se sont succédé. Avec des invités de marque, tels Paolo Fresu, Laurent Mignard, Giovanni Mirabassi, Nguyen Lê, Eric Truffaz ou encore (((Air))).
En 2008, LibanWorld vient compléter les programmes et choix musicaux de son « grand frère » avec Omar Sosa, Roberto Fonseca du Buena Vista Social Club et Bonga. Un concert de Rokia Traoré, Victoire du meilleur album de musiques du monde de l'année avec Tchamantché, est prévu ce dimanche 8 novembre au Music Hall, à 21 heures.
« Mon objectif, à présent, est de sortir de nos frontières en termes de notoriété et d'impact, de représenter certains artistes au Moyen-Orient et de faire rayonner ce festival régionalement. » L'expérience, heureuse, avec le concert de Bugge Wesseltoft à l'Opéra de Damas en mai 2009, devant 2 000 personnes, était certainement un coup d'essai, coup de maître. « Je souhaite également faire venir des légendes au Liban et ramener à nous une clientèle qui n'est pas encore familiarisée avec nos musiques. On ne peut pas fabriquer un festival en faisant du coup par coup. »
« Plus qu'un rêve, conclut le jazzman à sa façon, un programme écrit une histoire. Pour qu'elle soit belle, il faut qu'elle dure le plus longtemps possible. »
Il a de beaux yeux... Pas sûr qu'il le sait, trop occupé à regarder ailleurs, à développer une culture artistique, culturelle et personnelle dont il ne se rassasie jamais. Trop discret, trop élégant pour ne pas en rougir, légèrement, avant de se reprendre et de se lancer dans un discours à la fois poétique et...

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