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Économie - Liban - Agriculture

Huile d’olive : les enjeux de la production libanaise

L'oléiculture au Liban jouit d'un potentiel non négligeable, mais souffre à plusieurs niveaux des lacunes et de l'archaïsme des techniques agricoles. 
Dans le cadre d'une conférence organisée quelques semaines auparavant en partenariat avec le ministère de l'Agriculture, des experts italiens de l'Institut de recherches agronomiques de Bari ont effectué un bref constat de la situation de l'oléiculture locale. Ce constat, sans être alarmant, n'a fait que confirmer ce que dénonçait déjà le ministère de l'Agriculture lui-même dans son rapport de 2007 : les techniques agricoles libanaises ont parfois des années, voire des siècles de retard. Les conséquences sur le secteur industriel utilisant l'huile d'olive comme matière première sont de ce fait évidentes en termes de productivité et de qualité.

Culture et inculture
Commençons par le point de départ de l'exploitation oléicole, les oliviers eux-mêmes : le Conseil oléicole international (COI) note ainsi dans son rapport « Indicateurs macroéconomiques et agricoles » (2003) que « l'âge avancé des plantations (36,2 % ont plus de 50 ans), en particulier celles du Nord du (Liban), ainsi que les conditions orographiques et pédoclimatiques difficiles donnent lieu à une forte alternance de la production ».
Certes, des pépinières ont surgi de part et d'autre dans le Sud-Liban, notamment dans la région de Nabatiyeh, dans le but d'accroître le nombre de jeunes oliviers. Cela étant, le ministère de l'Agriculture est méfiant à l'encontre de ces « nurseries », qui, d'après lui, sont susceptibles dans certains cas de contribuer à répandre certains types de maladies.
La deuxième étape de la production de l'olive est bien entendu la culture elle-même... et là, le bât blesse. La majorité des spécialistes est unanime : méthodes inappropriées, inutiles, voire néfastes ou polluantes. Une experte américaine en visite au Liban est revenue abasourdie de sa visite dans le Nord : « J'ai remarqué que les agriculteurs tassaient du terreau à la base des oliviers. Apparemment, leurs ancêtres l'ont toujours fait. Le hic, c'est que cette technique existe originellement en Syrie et qu'elle est adaptée à un climat bien spécifique. Elle n'a aucune utilité ici. »
De même, les spécialistes de l'Institut de recherches agronomiques de Bari ont démontré que les oléiculteurs libanais pouvaient fortement réduire les frais liés à l'achat de fertilisants s'ils se donnaient la peine de récupérer et traiter les déchets du pressoir qui sont actuellement rejetés, causant de graves problèmes de pollution. D'après le professeur T. Miano, un camion-citerne muni d'un long tuyau suffirait amplement à arroser les terrains les plus escarpés. La location du véhicule pourrait être partagée par plusieurs familles.

Maladies et parasites
Autre problème, celui des maladies et des parasites - notamment de leur prévention. Interrogé par L'Orient-le Jour, Élie Choueiri, de l'Institut de recherches agronomiques libanais (IRAL), a déploré le peu de moyens mis en œuvre par les agriculteurs, alors que des mesures de prévention, comme le traitement de l'olivier avant la récolte, sont indispensables. Le fléau que représentent les insectes pourrait de même être endigué grâce à des techniques dites « douces », comme les pièges à phéromones. La coopération et la coordination de l'ensemble des agriculteurs sont dans ce sens cruciales au regard des très nombreuses parcelles de petite taille pouvant se contaminer les unes les autres.

Une production qui gagnerait à être plus compétitive
Le manque d'entretien, des méthodes inappropriées et d'élagage, en plus du cycle naturel des arbres, sont donc parmi les raisons principales derrière des années de production fortement contrastées : 190 000 tonnes d'olives récoltées en 2000 contre 30 000 tonnes en 2000 par exemple (source:
lebaneseoliveoil.com). 
Dernière phase de la production de l'huile d'olive avant l'étape finale du pressoir, la récolte joue un rôle crucial vis-à-vis de la qualité du produit fini. Les olives, récoltées de manière parfois brutale, ce qui porte préjudice à l'arbre ainsi qu'à la récolte suivante, sont parfois laissées à terre plusieurs jours d'affilée. La fermentation ainsi provoquée et l'exposition aux intempéries, puis le choix pas toujours judicieux des récipients au cours du transport sont autant de facteurs affectant la qualité de production et donc la compétitivité de la production de l'huile d'olive libanaise sur le marché mondial.
Beaucoup de chemin reste donc à faire pour le secteur oléicole libanais. Si les agriculteurs ne peuvent contrecarrer les éléments naturels comme les pluies ou le gel, ils peuvent par contre remettre en cause certaines techniques pratiquées et chercher à les améliorer. Plusieurs organisations gouvernementales ou non gouvernementales ont d'ailleurs pris l'initiative depuis plusieurs années de mettre sur pied des ateliers de formation et d'éducation. Des projets agricoles pilotes ont été mis en place, le ministère de l'Agriculture a distribué près d'un million d'arbres annuellement entre 1994 et 2003, et ainsi de suite. Au final, le secteur oléicole au Liban est représentatif à petite échelle du reste du pays : la solution est à portée de main, pourvu que tout le monde aille dans la même direction...

Dans le cadre d'une conférence organisée quelques semaines auparavant en partenariat avec le ministère de l'Agriculture, des experts italiens de l'Institut de recherches agronomiques de Bari ont effectué un bref constat de la situation de l'oléiculture locale. Ce constat, sans être alarmant, n'a fait que confirmer ce que dénonçait...
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