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Économie - Énergie

Les producteurs de pétrole ravis, mais gênés face à la montée des cours

La faiblesse du dollar combinée à un afflux de liquidités a été la principale raison de la poussée des cours du pétrole à plus de 80 dollars cette semaine, un phénomène qui laisse les producteurs impuissants et réveille chez les consommateurs les inquiétudes de l'été 2008.
« Il est absolument essentiel de lier les mouvements des matières premières au dollar ces derniers jours, dans la mesure où rien d'autre ne semble vraiment compter », estime William Copp, de MF Global, alors que le pétrole a dépassé les 80 dollars, un seuil qui n'a plus été franchi depuis un an.
Le pétrole semble en effet irrésistiblement entraîné à la hausse par la dépréciation du billet vert, passé sous le seuil de 1,50 dollar mercredi pour la première fois en 14 mois.
Les producteurs de pétrole ne peuvent que se féliciter du renchérissement de l'or noir, qui vient remplir leurs caisses, mais en sont les témoins passifs.
« Les prix actuels ne reflètent pas les fondamentaux (l'offre et la demande), ils ont grimpé à cause du dollar », a admis jeudi dernier Abdallah el-Badri, secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Devenu un produit financier, le pétrole n'obéit pas seulement aux lois de l'offre et de la demande, mais il est utilisé comme placement refuge, corrélé aux marchés de devises et d'actions. Quand le dollar baisse, les investisseurs achètent du pétrole, pour diversifier leur patrimoine et en préserver la valeur.
Les mesures anticrises des grandes banques centrales ont amplifié le phénomène : en abaissant leurs taux à des niveaux historiquement bas, les grands argentiers ont créé des masses de liquidités, que les investisseurs cherchent à placer.
Le décalage entre l'état physique du marché et les cours est donc frappant : alors qu'une matière première s'apprécie normalement en période de pénurie, le marché croule sous le pétrole.
Les réserves américaines sont à des niveaux historiquement élevés et le pétrole s'empile même en mer : selon l'Agence internationale de l'énergie, 120 millions de barils sont actuellement stockés dans des pétroliers.
La montée des prix réveille chez les consommateurs les inquiétudes de 2008, lorsque le pétrole enchaînait les records, jusqu'à 147,50 dollars.
M. el-Badri a rappelé mardi lors de la conférence Oil & Money que la flambée n'était alors due qu'à la spéculation. « Le marché "papier" (les contrats échangés à Londres et New York) a été multiplié par 300 entre 2003 et 2008, passant de 900 millions à 3 milliards de barils échangés par jour, soit 45 fois la consommation quotidienne mondiale », a-t-il argumenté.
En juillet 2008, le record absolu du pétrole avait d'ailleurs coïncidé, à quelques jours près, avec un plus bas historique du dollar.
L'hypothèse que les producteurs abandonnent le dollar comme monnaie de cotation du pétrole, soulevée fin 2007, a été de nouveau évoquée par un quotidien britannique en septembre, mais semble très peu réaliste.
« La décision de passer d'une monnaie à une autre n'est pas facile, à cause du commerce international, à cause des réserves (monétaires) détenues par les pays membres » de l'OPEP, constituées majoritairement de dollars, a rappelé M. el-Badri.
Certains experts trouvent néanmoins l'explication du billet vert trop courte et font valoir que les prix du brut reflètent aussi une amélioration du marché.
Un point fait l'unanimité : un pétrole à 80 dollars permet aux producteurs de réaliser les investissements nécessaires pour satisfaire la demande future, en forant dans des conditions de plus en plus difficiles.
La faiblesse du dollar combinée à un afflux de liquidités a été la principale raison de la poussée des cours du pétrole à plus de 80 dollars cette semaine, un phénomène qui laisse les producteurs impuissants et réveille chez les consommateurs les inquiétudes de l'été 2008.« Il...

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