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Économie - Liban - Politique européenne de voisinage

L’UE déplore le retard des réformes structurelles au Liban

Le Liban ne peut pas dépendre éternellement des transferts des expatriés, a averti l'économiste Charbel Nahas au cours d'un débat sur les réformes économiques et sociales, organisé en collaboration avec l'Union européenne.
Dans le cadre des Journées européennes du voisinage 2009, la Délégation de la Commission européenne au Liban a organisé hier une conférence-débat sur le thème des réformes économiques et sociales au Liban. Les différents intervenants ont à l'unanimité mis l'accent sur l'absence de toute réforme structurelle au Liban au cours des trois dernières années, contrairement aux engagements pris par le gouvernement lors de la conférence de Paris III.

Lopez
Ainsi, le représentant de la Commission européenne, Francesco Lopez, qui n'a pas manqué de relever la baisse du ratio de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB), a affirmé que cette amélioration est due principalement au taux d'inflation qui a gonflé le PIB en 2008. Il a souligné par ailleurs l'absence de réformes radicales au niveau du budget, notant que le gouvernement hésite toujours à relever le taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 10 % à 12 % comme initialement prévu. Il a également mis l'accent sur le fait que la majoration des salaires a eu pour impact d'absorber l'amélioration des recettes du Trésor.
Le représentant de la Commission a en outre rappelé que le ministère des Finances a élaboré, en coopération avec la Banque mondiale, un projet visant à améliorer la transparence du fonctionnement de l'administration publique. Le ministère planche aujourd'hui sur un autre projet de même nature avec l'Union européenne. « À ce niveau, la méthodologie de la publication de l'information est à travailler », a-t-il dit, avant d'insister sur le manque de coordination entre les différents départements pour ce qui est des données statistiques.
Francesco Lopez a enfin déploré le retard mis dans la privatisation du secteur des télécoms et la restructuration du secteur de l'énergie.
En ce qui concerne le domaine social, une représentante de l'Union européenne, Lenka Vitkova, a de son côté souligné l'existence « de petites initiatives » visant à améliorer la situation sociale de la population, tout en relevant par ailleurs que les fonds alloués par les bailleurs de fonds ne sont pas, dans de nombreux cas, exploités à bon escient. Si elle a mis l'accent sur la promulgation de décrets améliorant la situation des travailleurs à domicile, elle a mis l'accent sur la nécessité d'apporter des réformes de fond au code du travail. Elle a aussi condamné la faiblesse du dialogue entre les syndicats. En revanche, elle a applaudi au dialogue qui se déroule entre le gouvernement et les différentes factions palestiniennes, notamment en ce qui concerne l'emploi des réfugiés palestiniens au Liban.

Des taux d'intérêt élevés
Pour sa part, Toufic Gaspard, économiste, a abordé la question de « la durabilité macroéconomique de la situation financière ». Il a ainsi relevé trois facteurs déterminants à ce niveau. D'après lui, il s'agit des taux d'intérêt versés par l'État, le déficit de l'Électricité du Liban et la masse salariale du secteur public. Il a notamment insisté sur le problème réel qui demeure celui des taux d'intérêt qui « sont plus élevés qu'ils ne devraient l'être ». Il a précisé que le gouvernement aurait à payer 4 milliards de dollars en intérêts en 2009, rappelant par ailleurs que les intérêts versés sur les bons du Trésor sont de l'ordre de 8 % alors que les taux d'intérêt sur les dépôts en euros varient entre 0,3 % et 1,2 % selon les maturités.
Toufic Gaspard a également noté que le montant de la masse salariale du secteur public et les taux d'intérêt versés par l'État représentent les deux tiers des dépenses du gouvernement. Si l'on ajoute à ce montant celui du déficit de l'EDL, le résultat de l'addition représentera les trois quarts des dépenses du gouvernement.

Nahas et Biffani
Pour sa part, l'économiste Charbel Nahas a considéré que le Liban ne peut vivre éternellement avec « l'illusion » que tout va très bien en se basant sur les transferts de fonds des expatriés libanais. Il a également évoqué la « militarisation du budget » qui rémunère les salariés moins qualifiés bien plus que ceux qui possèdent de meilleures compétences. Il a par ailleurs insisté sur le fait que Paris II et Paris III n'avaient donné lieu qu'à des prêts et non des dons en faveur du Liban.
Enfin, Alain Biffani, directeur général du ministère des Finances, s'est félicité du taux de croissance économique enregistré par le Liban au cours des trois dernières années et qui demeure élevé en comparaison avec les taux réalisés dans les pays de la région et à un niveau mondial. Cependant, il a considéré que les Libanais ne devraient pas bâtir de châteaux en Espagne dans le sens où ils devraient composer dans les années à venir avec des taux de croissance plutôt modestes.
Alain Biffani s'est donc prononcé pour un atterrissage en douceur des taux d'intérêt pour éviter une contre-réaction des marchés qui se traduirait par une sortie de fonds du pays. Il a en outre souligné l'amélioration des revenus fiscaux du Trésor, notamment à travers l'augmentation des importations, l'accroissement de 10 % de l'impôt sur le revenu et de la meilleure gestion des revenus par les autorités publiques.
Soulignons enfin que dans le cadre des Journées européennes de voisinage, deux autres conférences-débats ont été organisées hier sur les thèmes des « politiques sectorielles » et du « commerce, marché et réforme réglementaire ».
Dans le cadre des Journées européennes du voisinage 2009, la Délégation de la Commission européenne au Liban a organisé hier une conférence-débat sur le thème des réformes économiques et sociales au Liban. Les différents intervenants ont à l'unanimité mis l'accent sur l'absence de toute...
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