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Spécial Beyrouth capitale mondiale du livre 2009 - Portrait

Bachar Mahmassani, dévoreur de livres !

Avec, à 28 ans, plus de 2000 ouvrages lus à son compteur, Bachar Mahmassani pourrait contribuer à relever à lui seul la moyenne nationale de la lecture au Liban! Consultant financier le jour, ce jeune homme rangé devient dévoreur de livres la nuit ! 
Des grands romans d'aventure qui l'ont fait rêver enfant, les Jack London, Jules Vernes, James Harrison... aux classiques de la littérature universelle (Tolstoï, Dostoïevski, Stendhal, Balzac, Zola, Mérimée ou encore Neruda...) qui ont accompagné son adolescence, Bachar Mahmassani a toujours, du plus loin qu'il s'en souvienne, eu un livre entre les mains. Une curiosité innée sans doute, abondamment cultivée aussi par des parents férus d'art et de culture, eux-mêmes grands lecteurs et qui emmenaient leurs très jeunes enfants avec eux dans les musées, les cinémas et les expositions...en France où la famille était installée.
Cette passion pour les livres n'a jamais lâché le jeune homme, dont les lectures ont, évidemment, évolué au fil des ans et du background acquis. Il est ainsi passé, ces dernières années, essentiellement aux romans contemporains, aux essais, à un certain genre de bédé aussi, «mais toujours des textes ancrés dans le réel et la société actuelle», précise-t-il. Sauf dans le registre de la poésie, qu'il apprécie également beaucoup pour «les émotions qu'elle apporte par le biais des associations de symboles, d'idées et de mots», dit-il.
Ce lecteur impénitent ne s'intéresse, par contre, absolument pas aux romans d'anticipation, aux best-sellers et encore moins aux polars. «Je trouve ces derniers tous pareils. Rechercher un tueur dans une ville ne me passionne pas le moins du monde», avance Mahmassani.
À raison d'une cinquantaine d'ouvrages achetés chaque mois (le chiffre nous a été confirmé) auprès d'une grande librairie de la place, ce boulimique de livres remplit de lectures ses longues nuits d'insomnie. «Je dors très peu, alors plutôt que de m'abrutir devant la télé, je préfère prendre un bon bouquin, mettre un bon disque de jazz et lire ». Et quand il ne lit pas, Bachar Mahmassani fréquente les blogs d'écrivains, discute avec ses derniers, s'en fait conseiller des livres à lire, tout «en restant indépendant» dans ses choix basés également beaucoup sur ses recherches personnelles et ses centres d'intérêt.
Ses informations de première main, glanées sur les sites spécialisés, le jeune homme les partage avec les responsables des commandes dans la librairie qu'il fréquente régulièrement au point qu'il y est presque considéré de la maison. «Je leur transmets plusieurs mois à l'avance ma sélection des livres de la rentrée, ceux dont j'ai besoin, et ils s'en inspirent pour leur commande», avoue cet amateur de littérature contemporaine française et anglo-saxonne - les deux en version originale. Deux univers qu'il apprécie énormément, avec une prédilection cependant pour les Martin Amis, Jeffrey Eugenides, James Ellroy, plutôt que leurs confrères francophones - «moins classiques au niveau de l'écriture, de la syntaxe et de l'imagerie, donc plus modernes», selon lui. Sinon, parmi ses autres écrivains préférés, on retrouve le Japonais Murakami, David Lodge, Marie Darrieussecq, Olivier Adam et, en tête de liste, Houellebecq qu'il connaît personnellement par le biais d'amis communs.

«Houellebecq lu et relu»
Une personnalité qu'il qualifie d'«attractive et de passionnante», et un auteur qu'il apprécie tant que s'il ne devait emporter qu'un seul livre sur une île déserte, ce serait Les particules élémentaires. «J'ai dû le lire au moins une quinzaine de fois en découvrant à chaque fois un nouveau niveau de lecture», assure-t-il.
«Je trouve également un grand plaisir à découvrir d'autres univers d'auteurs, signale Bachar Mahmassani. J'ai par exemple été récemment bouleversé par Traques de Frédéric Clemençon - un de ces auteurs que l'on qualifie de confidentiel - qui a signé un grand roman dont émane une conscience politique formidable. Et cela à travers le récit des parcours de quatre personnes en France, qui vivent un peu en marge de la société et qui refusent de se plier au conformisme dominant actuel.»

Une cinquantaine d'ouvrages par mois
Peut-on réellement lire 50 ouvrages par mois? «En réalité, je fais mes provisions mensuelles de bouquins par peur de ne plus retrouver plus tard les titres qui m'intéressent, vu qu'avec la crise, le prix de l'euro, les libraires importent assez peu d'exemplaires de chaque roman. Mais je n'en lis que la moitié environ, à raison de 5 à 6 livres par semaine. Les autres, je les garde pour les mois d'été, période creuse au niveau des nouvelles parutions», reconnaît-il.
S'il n'avait pas été insomniaque, aurait-il été ce lecteur boulimique? «Je pense que j'aurais toujours trouvé du temps pour lire. Je passe mes journées à la banque, plongé dans les fichiers Excel et les chiffres. Et dans ce contexte sec et aride, la lecture est pour moi une nécessité absolue. Elle me permet de m'évader par l'imaginaire, de m'aérer l'esprit. D'autant que je suis quelqu'un d'assez casanier, qui a absolument besoin pour m'épanouir de vivre dans un environnement culturel foisonnant», affirme ce grand lecteur, également grand consommateur de films et mélomane averti. Qui raconte n'avoir pu survivre plus de deux ans à Dubaï, «ville où la seule culture est celle des malls».
De la lecture à l'écriture, il n'y a qu'un pas que ce jeune homme espère franchir un jour. D'autant que ne se séparant jamais ni de son bloc-notes ni de son appareil photo, il accumule, depuis des années, petits textes et idées pouvant nourrir la trame d'un roman. Celui d'un dévoreur de livres, par exemple?!
Des grands romans d'aventure qui l'ont fait rêver enfant, les Jack London, Jules Vernes, James Harrison... aux classiques de la littérature universelle (Tolstoï, Dostoïevski, Stendhal, Balzac, Zola, Mérimée ou encore Neruda...) qui ont accompagné son adolescence, Bachar Mahmassani a toujours, du plus loin qu'il s'en souvienne, eu un livre entre les...