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Lifestyle - Exposition

Ainsi soie Frida Debbané

Elle a réussi à transformer une collection privée en exposition, un carré de soie en tableau. Elle, c'est Frida Debbané, lui, c'est le légendaire foulard Hermès. Ensemble, et avec le magicien Jean-Louis Mainguy, ils ont donné au Musée de la soie de Bsous de nouveaux motifs et de fabuleuses couleurs.*
« Un voyage en soie, les carrés Hermès », tel est le titre, tout un programme, proposé par le Musée de la soie de Bsous, pour son rendez-vous annuel avec les visiteurs, les touristes et les amis. Pour sa neuvième édition, le musée, encadré de verdure, de silence, de plantes choisies et de chemins boisés, a offert son espace intérieur, un peu de son âme, à la collection de foulards de Frida Debbané, devenant ainsi l'écrin idéal où elle a déposé, à son tour, une partie d'elle-même. Sa centaine de foulards Hermès, parfaits carrés de soie de 90cm x 90, amassés au gré des désirs, des échanges, des années, des voyages et des rencontres, décrivent l'histoire de ce foulard en soie porteur d'histoires, la sienne et celles des ses acquéreurs.

La collection
On ne présente plus Frida Debbané, journaliste, poète, funambule sur son fil de soie tissé de mots, qui transporte son monde, des objets, des collections, des obsessions, des impressions, comme des voyages en soi, voyages guidés par et vers son émotion. Depuis de longues années, elle affiche sa passion pour les foulards Hermès collectés un à un, précieusement pliés dans un rituel amoureux. Répertoriés par thèmes, par couleurs et soigneusement rangés dans des boîtes enrubannées, Hermès bien évidemment... Il lui suffit d'entrouvrir une des ces boîtes sacrées pour que se dégage le souvenir de sa mère, cette belle femme qui, se souvient-elle en détail, se parfumait, patientait un instant que l'odeur se dilue sur sa peau, puis choisissait un de ces foulards qu'elle chérissait, le faisait voler avant de le nouer à son cou. « J'ai gardé cette image et ses vingt foulards qu'elle aimait, des cadeaux de mon frère Maroun Bagdadi, des invitations aux rêves, à défaut de voyages. » Frida poursuivra donc la collection de sa mère, séduite, plus encore, happée d'abord par un modèle aperçu dans une vitrine. « A Tribord » lui fera chavirer le cœur. Sa collection, exclusivement des motifs équestres, « ceux que je préfère », s'est poursuivie avec le même amour. « Je possède aujourd'hui une centaine, « achetés, échangés, offerts ou hérités »,  précise Frida qui sait tout sur cette institution qui a lancé son premier carré en 1937. L'histoire, «  à l'origine une manufacture de selles et harnachements de chevaux », l'art et la manière, la palette, « aujourd'hui 1 500 modèles et un nuancier de quelque 67 000 couleurs cataloguées », les personnalités importantes, en particulier Jean-Louis Dumas, son ancien président, à qui Frida a offert une de ses fameuses bibliothèques 100 % « hermessienne ». Elle vous dira lequel de ces carrés  est  plus beau porté, plus flamboyant encadré, « attention à la bordure ! ». Elle vous racontera en riant qu'elle choisit sa garde-robe en fonction du carré sélectionné, qu'elle a osé en transformer quelques-uns, déchirés, en chemise, en coussin et que, s'il fallait emporter une chose avec elle sur une île déserte, elle plierait soigneusement son « Etriers », créé en 1964, et l'emmènerait dans sa boîte, bien sûr...

L'exposition
« Je ressens un honneur et un bonheur immense de voir ma collection ainsi mise en scène dans ces lieux magiques », confie Frida Debbané. C'est à l'initiative d'Alexandra Esseily et Xavier Guerrand, du clan Hermès, fasciné par cette collection qu'il découvre à l'occasion de son passage au Liban, et avec le regard et le doigté de Jean-Louis Mainguy qui, chaque année, offre à l'espace une magie supplémentaire, que cette superbe exposition a vu le jour. Pas d'ordre chronologique lors de la visite, qui se transforme vite en voyage dans les couleurs et la créativité, mais une balade dans les dédales de ces petits carrés de 90 x 90 cm. À l'entrée, un hommage très féminin est rendu aux célèbres porteuses du foulard, Grace Kelly, Elizabeth Taylor, Sophia Loren, Catherine Deneuve, Jackie Kennedy, ainsi que Lindsay Lohan, Ayo, Victoria Bekham ou encore Cameron Diaz, qui avaient leur propre manière de le nouer... Une affaire de style.
À l'étage, la suite de la collection s'étale comme un tapis rouge, bleu, marron, doré au regard des visiteurs de tous âges, venus des quatre coins du Liban et du monde. Il y en a pour tous les goûts. Une touriste koweïtienne a même demandé s'il était possible de les acheter, nous affirme-t-on !
Sur des supports en plexiglas, les carrés défilent, le port altier, mettant en avant une large palette créative des années 60 à nos jours, ponctuée d'accessoires équestres d'époque, gracieusement prêtés par la marque. « Chacun a une histoire propre et me rappelle personnellement quelque chose »,  poursuit notre guide du jour. « Art des steppes », « j'ai mis des années à l'avoir », « Jumping », « un de mes préférés »,  « Daimyo, prince du Soleil-Levant »,  « magique », « Mémoire d'Hermès » « un classique »,  « Maillons », « Mors et gourmettes », « Les oiseaux du Roy », « Grand manège », » Doigts de fée » et les autres carrés prennent ainsi des allures nobles de tapisserie en soie qui caressent le regard et les sens.
Lorsque le voyageur sans bagage repart, quelques instants plus tard, enivré par l'exposition, il emporte également avec lui les parfums des jardins qui bordent le musée.
À visiter pour ces petits bonheurs qui se perdent.

* L'exposition « Un voyage en soie, les carrés Hermès » de Frida Debbané se poursuit jusqu'au 31 octobre au Musée de la soie, Bsous. Ouverte de 10 heures à 18 heures ou sur rendez-vous. Relâche le lundi.
« Un voyage en soie, les carrés Hermès », tel est le titre, tout un programme, proposé par le Musée de la soie de Bsous, pour son rendez-vous annuel avec les visiteurs, les touristes et les amis. Pour sa neuvième édition, le musée, encadré de verdure, de silence, de plantes choisies et de chemins...

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