Entre 1700 et 1720, ce luthier italien fabrique environ 1 100 violons, ce faisant il ne se doute pas de l'énigme qu'il laisse derrière lui. Car aujourd'hui, ses instruments sont considérés comme les meilleurs. Aucun violon contemporain n'égalerait la sonorité d'un stradivarius. Quel est le secret de Stradivari. Comment a-t-il réussi à fabriquer de tels chefs-d'œuvre ?
Des chercheurs d'universités aussi prestigieuses que l'université de Columbia, du Tennessee, ou de l'université A&M s'y sont intéressés et beaucoup d'hypothèses ont été émises, notamment celle concernant le bois utilisé provenant d'arbres qui ont subi à l'époque une période de glaciation avec un pic appelé minimum de Maunder, donnant ainsi un bois de densité permettant une sonorité exceptionnelle ou encore une hypothèse portant sur le vernis utilisé et dont on n'a pas retrouvé la composition exacte. Selon la dernière hypothèse en date, publiée récemment dans Public library of sciences, le secret serait un insecticide utilisé pour protéger les violons de l'attaque de vers, entraînant la rupture des molécules d'hémicelluloses du bois...
Et si le secret ne résidait que dans le simple savoir faire du luthier. Toujours est il que 650 de ses violons sont arrivés jusqu'à nous, dont certains dans un état exceptionnel de conservation. Leur prix ne cesse de grimper. En mai 2006 le « hammer » a atteint le record mondial pour une vente aux enchères, soit 3,2 millions de dollars. L'heureux propriétaire est sans doute un professionnel et non un amateur comme le grand peintre français du XIXe siècle Ingres, à qui l'on doit la fameuse expression. Celle-ci s'est vite propagée pour désigner une activité secondaire souvent artistique, ainsi Émile Zola avait la photographie comme violon d'Ingres. Cette expression est si jolie que Jean Cocteau a dit avec beaucoup d'esprit : « C'est en jouant du violon si médiocrement que M. Ingres, nous a donné une si jolie formule qu'on se demande de quelle autre expression on se servait auparavant. » Cette expression est devenue un peu désuète, laissant la place à un anglicisme : hobby. À l'origine, Hobbyhorse désignait un cheval de bois (poney) à bascule qui faisait la joie des enfants. Laissant finalement le cheval tomber, on a gardé hobby pour représenter une activité ludique qu'exerce petit ou grand... et vous quel est votre violon d'Ingres ?