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Économie - Liban - Télécoms

Cartes de cellulaire prépayées : prix fixe ou pas fixe ?

Jusqu'à trois intermédiaires entre l'opérateur et le client se disputent la marge sur les lignes et les recharges de téléphonie mobile. Il résulte que ces produits sont souvent vendus à un prix supérieur au tarif officiel.
Le prix des lignes de téléphone mobile et de leurs cartes de recharge a, selon diverses sources, beaucoup fluctué cet été au Liban. Théoriquement fixé à 25 dollars pour la ligne prépayée valable 30 jours, il a pu atteindre 45 dollars sur le marché noir. Et la ligne ou la recharge est rarement vendue à 25 dollars chez les petits commerçants, qui se plaignent de marges « impossibles à tenir » ; ce que réfutent alfa, le syndicat des opérateurs de téléphonie mobile au Liban et le ministère des Télécommunications.

De nombreux intermédiaires
Les lignes et les recharges de téléphone mobile sont émises par les deux opérateurs alfa et mtc touch. Ces derniers les vendent à des distributeurs agréés, qui sont au nombre de 17 pour alfa et 21 pour mtc touch. Ceux-ci les revendent soit au consommateur final, soit aux boutiques, ou bien encore à des sous-distributeurs. Dans le dernier cas, ceux-ci les proposent au consommateur final ou aux boutiques. Il peut donc y avoir jusqu'à trois intermédiaires entre l'opérateur et le consommateur final, chacun récupérant bien évidemment une marge sur le prix final de la carte.
En fonction de l'opérateur, le distributeur a une marge de 2,5 à 3,5 % (3 % officiellement) par rapport au prix final officiel des cartes de recharge, et de 8% sur les lignes prépayées. Il doit partager ces marges avec le commerçant ainsi qu'avec le sous-distributeur, le cas échéant. Le commerçant se retrouve donc souvent avec des marges inférieures à 1 % sur les recharges, « qui ne lui permettent pas de couvrir ses coûts de fonctionnement ».
C'est du moins ce qu'affirme le propriétaire d'une boutique à Beyrouth. Ce commerçant ajoute: « Si j'obtiens une marge de 0,75 % sur la carte de 25 dollars, cela signifie que je l'achète à 24,81 dollars au distributeur. Mais je ne peux pas la vendre à 25 dollars, cela me ferait moins de 300 livres libanaises de marge ; je la vends donc à 40 000 livres, soit 26,6 dollars. »

Un marché juteux
Cet argument est réfuté par Antoine Habr, du syndicat des entreprises de téléphonie mobile au Liban et lui-même distributeur agréé pour l'un des opérateurs. Selon lui, les recharges prépayées de 30 jours sont vendues aux commerçants entre 22 et 24 dollars, et c'est leur « cupidité » qui les pousse à les vendre à un prix supérieur au tarif officiel. Gilbert Najjar, représentant du ministre des Télécommunications, explique qu'en outre, le marché des recharges est un marché de masse, et que même si les marges sont plus faibles, elles sont compensées par le volume. « Le marché des recharges au Liban représente 25 à 30 millions de dollars par mois et par opérateur », affirme-t-il. « De plus, les magasins qui vendent les puces et les recharges offrent souvent d'autres produits qui constituent leurs fonds de commerce ; les produits de téléphonie mobile sont donc de la pure valeur ajoutée pour eux », développe t-il.
Mais d'autres distributeurs, qui souhaitent garder l'anonymat, affirment qu'en fonction de la pression sur le marché, les marges ne sont parfois même pas suffisantes pour les sous-distributeurs. Par exemple, selon des sources bien informées, il y n'y avait pas suffisamment de lignes début août, suite à la forte demande du marché et au différend entre l'Autorité de régulation des télécoms et le ministère des Télécommunications (voir L'Orient-Le Jour daté du 5 août 2009). C'est à ce moment que le marché noir aurait battu son plein, et que le prix des cartes a pu atteindre 45 dollars. Interrogée à ce sujet, mtc touch a préféré s'abstenir de tout commentaire. De son côté, alfa s'est contentée d'affirmer qu'il « n'y a pas eu de marché noir sur (ses) lignes cet été ».

Des pratiques commerciales restrictives
Autre facteur qui affecte la marge des commerçants : l'obligation qui leur est faite d'acheter un certain nombre de lignes en fonction du montant de recharges achetées. « Début août, explique le gérant d'une boutique, nous devions acheter 10 lignes pour chaque 1 000 dollars de recharge ; actuellement, ce ratio est plutôt de 4 lignes pour le même montant. » Or la saison touristique touche à sa fin, et la demande pour les lignes est retombée, rendant inutile leur achat par les commerçants.
À nouveau, M. Habr réfute cet argument. Il affirme que cette pratique a bien eu lieu, mais uniquement en avril, lorsqu'à la demande du ministère des Télécommunications, les opérateurs avaient émis beaucoup de lignes. Actuellement, cette pratique n'aurait plus cours.
En tout état de cause, un distributeur requérant l'anonymat estime qu'il y a actuellement environ 60 000 lignes alfa et 40 000 lignes mtc touch excédentaires sur le marché ; chiffres confirmés par Mr Najjar, qui affirme qu'il y en aurait même plus. « Pour éviter le marché noir, nous avons mis en circulation plus de lignes que nécessaire », explique-t-il.

Le commerce des dollars
Pour ne pas perdre complètement ces lignes, qui ont une durée de validité limitée, les commerçants sont obligés de les activer et de vendre les dollars de communication inclus dans la carte tout en conservant la ligne. Mais à quel prix vendent-ils ces unités ? « Au prix officiel ou très légèrement plus », selon les commerçants. « Très cher », selon Gilbert Najjar, qui affirme que l'unité est vendue à un dollar alors qu'elle ne coûte que 36 centimes.
Alors, est-ce que les commerçants cherchent à obtenir plus de marges que nécessaire et vendent les cartes prépayées plus chères ? Ou ont-ils réellement des problèmes de marge ? Il est difficile de trancher sans une étude chiffrée indépendante sur le sujet. Mais une chose est sûre : lorsque le commerçant est un distributeur, comme c'est le cas pour Class ou LibanPost, le prix de vente officiel des cartes prépayées est respecté. 
Le prix des lignes de téléphone mobile et de leurs cartes de recharge a, selon diverses sources, beaucoup fluctué cet été au Liban. Théoriquement fixé à 25 dollars pour la ligne prépayée valable 30 jours, il a pu atteindre 45 dollars sur le marché noir. Et la ligne ou la recharge est rarement vendue à...

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