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Liban - 24 heures avec…

Les maghaouir de Tannourine

Les maghaouirs de Tannourine. À plusieurs reprises, pendant l'été, les forces spéciales des commandos de la montagne interrompent leur entraînement intensif pour servir de guides à des randonneurs venus des quatre coins du Liban pour découvrir des vallées difficiles d'accès et nouer des liens avec leur armée.
Hassan gravit rapidement les quelques mètres qui le séparent de la randonneuse. Les cailloux glissent sous ses bottes, les épines des plantes sauvages égratignent ses bras, mais il ne semble pas s'en rendre compte : il a l'habitude. Il parcourt plus souvent ces sentiers de montagne qu'il ne marche dans les rues d'une ville. En quelques secondes, il a rejoint la jeune femme et l'aide à se relever. Il n'y a rien de grave - elle est simplement tombée accroupie après avoir trébuché sur un gros caillou, mais elle va pouvoir poursuivre le parcours avec le reste du groupe. Consciencieusement, Hassan s'assure qu'elle n'est pas blessée aux genoux ou à la cheville, puis il lui propose de continuer à marcher en s'appuyant contre lui pendant quelques minutes. Elle accepte, et ils terminent ensemble ce segment difficile du sentier.
Hassan n'est pas un guide comme les autres : c'est un soldat de l'armée libanaise, qui comprend depuis une dizaine d'années, au sein de son Régiment commando, une unité Montagne. À 26 ans, Hassan fait partie de l'une des trois compagnies qui composent cette unité, et il est heureux de recevoir des groupes de randonneurs qui viennent découvrir « sa » montagne.

Entraînement intensif
« Ici, je me sens chez moi, dit-il. C'est un monde tellement plus agréable que la côte et les villes. J'ai envie de montrer ça aux gens qui viennent nous voir. » Ce jour-là, un groupe de 50 randonneurs de Beyrouth et de Byblos avait pris le bus pour Laklouk, à 1 500 mètres d'altitude, dans les collines de Tannourine, où se trouve une des bases de l'unité. Encadrés par des soldats, ils ont ensuite entrepris de rejoindre à pied la base des Cèdres : c'est une piste de 35 kilomètres qu'ils ont ainsi parcourue en deux jours.
« Une bagatelle, plaisante Charbel, un autre soldat. Nous, on fait ce parcours tous les jours, et on ne prend pas les chemins les plus faciles. » Et ça se voit : les « maghaouirs » (c'est ainsi qu'on appelle communément les hommes du Régiment commando) connaissent par cœur les moindres détours des sentiers de la montagne, où ils passent la plus grande partie de leur temps. Ils ont les muscles secs et sont très endurants à la marche, voire à la course. Tous arrivent à grimper aisément d'un rocher à l'autre, pour aller plus vite, même chargés de leurs sacs à dos et de leurs armes. Leur peau ne sent plus le soleil, qui pourtant frappe très fort à cette hauteur : pour s'entraîner, ils font tous les jours des allers-retours de plusieurs kilomètres entre les différentes bases. Un camp d'été est dressé depuis le mois de juin dans la plaine de Rahweh, où ils accueillent leurs visiteurs pour la nuit.

Accueil à bras ouverts
Les organisatrices de cette randonnée disent n'avoir eu aucun mal à convaincre le chef de l'unité de les recevoir. « Il a tout de suite accepté, raconte Rana, une d'entre elles. Il a même proposé spontanément de nous guider sur tout le parcours et de nous faire découvrir la vie quotidienne de ses hommes. »
Le soir venu, dans le camp, l'ambiance est bon enfant ; c'est un peu la fête chaque fois qu'un groupe de randonneurs vient passer la nuit au camp. On joue de la musique et on danse (c'est pour se réchauffer, précise un soldat : à 2 100 mètres d'altitude, il fait moins de 5 degrés après le coucher du soleil). « Ce n'est pas tous les jours comme ça, bien sûr, explique Hassan. Le reste du temps, on s'entraîne durement. »

Nouvelle popularité
En plus de la formation que reçoivent tous les membres du Régiment commando, et qui consiste déjà en plus d'un an d'exercices intensifs, de la survie en terrain hostile au combat en hélicoptère, les maghaouirs de l'unité Montagne suivent plusieurs mois d'entraînements spécifiques dans le milieu où ils évoluent. Ski militaire, camouflage en milieu enneigé, tir et combat en altitude, escalade, évacuations : autant de techniques qu'ils doivent maîtriser sur le bout des doigts pour être aussi efficaces que les autres soldats de l'armée de terre.
« Il est vrai que le terrain est difficile et qu'on doit faire beaucoup d'efforts, continue Hassan. Mais je préfère faire cela ici que dans une base militaire près d'une ville. Je suis dans mon élément, je m'entraîne avec mes camarades. Si on doit combattre, ça sera ici, et je connais la montagne comme ma poche. »
Une des missions principales de l'unité Montagne est de lutter contre les différents trafics qui passent par les vallées, notamment les trafiquants de drogue et les immigrés clandestins. En 2007, leurs trois compagnies spécialisées ont été mobilisées pour participer aux combats de Nahr-el-Bared, à Tripoli, où le colonel Ibrahim Salloum a fini par trouver la mort. Depuis cet épisode tragique, beaucoup de Libanais ont renouvelé l'intérêt qu'ils portent à ces forces spéciales de leur armée.  Avant l'automne, les maghaouirs de la montagne prévoient encore d'accueillir plus d'une centaine de randonneurs.
Hassan gravit rapidement les quelques mètres qui le séparent de la randonneuse. Les cailloux glissent sous ses bottes, les épines des plantes sauvages égratignent ses bras, mais il ne semble pas s'en rendre compte : il a l'habitude. Il parcourt plus souvent ces sentiers de montagne qu'il ne marche dans les rues d'une ville. En quelques secondes, il a rejoint...

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