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Législatives : juin 2009 - Tout le monde en parle

Entre révolution et Constitution

Nous avons beau faire le tour de toutes les analyses politiques, dérouler les plus inimaginables scénarios d'entente et de perspective d'avenir, compulser les encyclopédies et les dictionnaires philosophiques et littéraires à la recherche d'expressions conviviales et salvatrices,
plonger dans des statistiques socioculturelles de tout genre, étudier la démographie de chaque composante de notre population libanaise dans ses diversités ethniques et religieuses actuelles, nous nous retrouvons toujours à notre point de départ. Le fond du problème se limite à cette question (éternel leitmotiv) : « Quel Liban voulons-nous ? » qui risque de devenir « Quel Liban veulent-ils pour nous ? »
En dépit des problèmes fonctionnels quotidiens, malgré la cherté de vie, la crise financière, les problèmes de l'environnement et ceux du tourisme à la veille de la saison estivale, l'importance du litige politique continue à dominer la scène libanaise. Les protagonistes, appartenant à l'un et à l'autre des deux camps en présence (14 et  8 Mars), continuent de  tergiverser, remettant en cause le consensus qu'ils ont eux-mêmes établi. Ainsi, la politique au Liban ne sert  que de couverture à un état de fait qui a pour base le rejet de l'autre. Le vocabulaire constitutionnel subit une mutation imperceptible, les mots perdent leur sens, assujettis aux désenchantements conflictuels. Un lexique adapté aux circonstances pour transformer les règles établies est né, nouveau langage politique version libanaise 2009. La démocratie, conçue internationalement en termes de  majorité et minorité, devient « démocratie consensuelle ». La formation d'un cabinet d'« entente nationale » devient « union nationale ». À la « majorité parlementaire » on oppose la « majorité populaire ». Cela sans parler du « tiers de blocage », qui devient de par son application une dictature de la minorité. Les pères de la Ire République ont payé cher l'indépendance du pays. Et nous, nous avons payé cher par nos martyrs la IIe République parrainée par  l'accord de Taëf. Celle-ci est l'application de la Constitution libanaise amendée par cet accord. Le document d'entente stipule dans son préambule : « Le Liban, patrie définitive pour tous les Libanais ». Par conséquent, comme l'a tant de fois répété le président Nabih Berry, « nous sommes condamnés à coexister ». Aucune des deux parties ne peut annuler l'autre, mais elles peuvent diriger le pays comme dans toutes les démocraties du monde. Au risque de se répéter, « la majorité dirige et la minorité s'oppose et juge ». Je ne vois pas ce qu'il y a de compliqué à cela, étant donné que la plupart des leaders de la minorité se sont toujours opposés dans leur parcours politique passé. Certains, même marginaux, ont l'esprit de contradiction : ils seraient mal dans leur peau s'ils  s'adaptaient  aux règles. De chantage en chantage, nous en somme toujours au même point : le Hezbollah possède des armes alors que c'est la prérogative de l'armée. Si les armes de la résistance sont dans un but défensif, ne risque-t-on pas un conflit (s'ils sont utilisés à l'intérieur, comme le 7 mai passé) avec l'article 9 de la Constitution qui stipule : « ... l'État respecte toutes les confessions et en garantit et protège le libre exercice, à condition qu'il ne soit pas porté atteinte à l'ordre public... » ? D'autre part « à la lumière des derniers  événements » survenus en Iran, une question plus que jamais se pose : le Hezbollah libanais est-il  maître de ses propres armes ?
Aujourd'hui, le monde arabe fait face à une intrusion spectaculaire de l'Iran à travers le Hamas et le Hezbollah. Par- delà le Tigre, l'Euphrate et le  Golfe, ce pays  a souvent, dans l'histoire, été une menace pour les Émirats arabes unis.
Islamisé depuis l'époque des  Omeyyades et des Abbassides, l'Iran aura sa première république en 1979 avec l'arrivée de l'ayatollah Khomeyni au pouvoir. Avec lui est repris le concept du « juriste théologien », la wilayet-el-faqîh. Dans la République islamique d'Iran, les pouvoirs  législatif, exécutif et judiciaire sont placés sous le contrôle absolu du guide suprême ; le faqîh, qui est actuellement l'ayatollah Khamenei. Cheikh Naïm Kassem, le 23 juin sur  la chaîne New TV, a bien précisé le côté militaire du Hezbollah et son allégeance directe au guide suprême. D'autre part, dans son livre Hezbollah, il explique la différence entre le « jihad offensif » (décidé par l'imam attendu) et le « jihad défensif » qui dépend directement du walî el- faqîh). Ce n'est donc pas le pouvoir exécutif du Conseil des ministres, comme le stipule l'article 65 de la Constitution libanaise,  qui décide de l'utilisation des armes de la Résistance et de son action mais bien l'ayatollah Khamenei, guide suprême de la République islamique d'Iran. Par conséquent, toutes les tables rondes, les dialogues s'avéreront inutiles puisque la décision finale n'appartient pas au Hezb lui-même. Pourquoi le président Sleiman n'engagerait-il pas un dialogue avec l'Iran, en l'occurrence, le faqîh lui-même ?
Dans cette région du monde en continuel mouvement, et riche en événements dont la succession ne peut nous laisser indifférents, y aurait-il un rapport de force dont l'Iran serait maître ? Les paramètres de violence de ces derniers jours ont mis en évidence la face cachée de l'iceberg. Avec fracas, la République Islamique entre en scène.
Même la grande Syrie semble courber l'échine. Nous sommes bien loin de la carte de route tracée par l'Amérique, de la poigne de fer qui tirait les ficelles de la politique régionale. Il fallait bien plus que la franchise naïve d'un Kouchner !  Bien plus que l'élégant aventurisme du président Sarkozy pour surfer sans risque sur les vagues de nos élucubrations moyen-orientales. Comment les rêves de paix du président Barack Obama seront-ils interprétés ? C'est le Liban qui sera le reflet vivant de ce tableau. Un Liban déchiré par ses multiples convictions, par son attachement ombilical à ses racines religieuses ! Ce Liban pluriel dont le drapeau n'est que le grand écran camouflant un tas de petits drapeaux. L'imam Moussa Sadr disait : « La paix libanaise est la meilleure forme de guerre contre Israël. » Ne rejoint-il pas en cela la pensée du pape Jean-Paul II :  « Le Liban est plus qu'un pays, c'est un message » ? Pourquoi ne pas conclure par la phrase si généreuse de notre patriarche, Mgr Nasrallah Sfeir : « Le Liban est la rencontre de l'Orient et de l'Occident. »
plonger dans des statistiques socioculturelles de tout genre, étudier la démographie de chaque composante de notre population libanaise dans ses diversités ethniques et religieuses actuelles, nous nous retrouvons toujours à notre point de départ. Le fond du problème se limite à cette question (éternel leitmotiv) : « Quel...