Ces partisans avancent que le pays ne peut être gouverné que par l'entente et la concertation, et qu'un cabinet d'union nationale empêcherait la majorité issue des élections de prendre des décisions unilatérales en faveur d'une communauté ou d'un camp politique. Certes, nous sommes un pays pluricommunautaire et les partis politiques principaux recoupent les différentes confessions au lieu de représenter des programmes. Mais l'harmonie au sein de la nation ne doit pas signifier la paralysie de l'Exécutif et son irresponsabilité. Paralysie, car au vu de l'antagonisme des parties en présence, toute décision si mineure soit-elle fera l'objet de débats interminables, les grandes décisions seront envoyées en commission pour les enterrer et quand il faudra trancher, ce sera au prix de marchandages et de compromis qui videront cette décision de toute substance. Je donne l'exemple de la privatisation de services étatiques. L'électricité et les télécommunications. Entre les partisans du tout État et ceux de la dérégulation du marché, le débat entamé n'aboutit pas et s'il a des chances de le faire, la montagne accouchera d'une souris, un projet hybride, impraticable en plus de l'inévitable partage du gâteau qui ne manquera pas à la fête (voir la semi-privatisation du téléphone cellulaire). Entre-temps, l'EDL ploie sous les dettes, grève le budget de l'État de plus d'un milliard de dollars par an et les ministres successifs à l'Énergie n'ont pu constater que leur incapacité.
Plus grave encore est l'irresponsabilité du gouvernement et la transformation du Parlement en chambre d'enregistrement. Si une décision devait être prise au nom d'un cabinet d'union nationale et qu'elle s'avérait néfaste, qui en porterait la responsabilité et comment appliquer une sanction ? Puisque tout le monde est responsable, vu que le cabinet représente la quasi-majorité des partis et personnalités présents au Parlement, donc paradoxalement personne ne l'est, car il ne se trouvera personne pour le sanctionner. Vu la discipline de fer qu'imposent les blocs parlementaires à leurs députés, lequel d'entre eux critiquera-t-il une décision prise par son parti présent au gouvernement ? Aucun. Quel député osera-t-il s'opposer à un décret-loi promulgué par le gouvernement ou votera contre une loi proposée par celui-ci ? Aucun. Et si par extraordinaire un ou quelques députés venaient à s'opposer au gouvernement, auraient-ils le poids de l'actuelle opposition, nombreuse et influente telle qu'elle est, si elle se résignait à ne pas participer au gouvernement ?
Au sein du gouvernement, fut-il de la majorité, la collégialité du pouvoir en son sein, puisque la Constitution stipule que le gouvernement réuni jouit des prérogatives exécutives, n'est-elle pas une garantie contre le discrétionnaire ? Imagine-t-on un ministre chiite, même de la majorité, contresigner un décret, ce qui est impératif pour que celui-ci soit exécutoire, si ce décret lèse sa communauté ? Même au temps de la prépondérance des pouvoirs présidentiels avant l'accord de Taëf, le chef de l'État dut se rétracter face à l'opposition de son Premier ministre, qu'il avait pourtant lui-même désigné, quand celui-ci jugeait une décision contraire aux intérêts de sa communauté (crise de 1969).
Plus grave encore est l'irresponsabilité du gouvernement et la transformation du Parlement en chambre d'enregistrement. Si une décision devait être prise au nom d'un cabinet d'union nationale et qu'elle s'avérait néfaste, qui en porterait la responsabilité et comment appliquer une sanction ? Puisque tout le monde est responsable, vu que le cabinet représente la quasi-majorité des partis et personnalités présents au Parlement, donc paradoxalement personne ne l'est, car il ne se trouvera personne pour le sanctionner. Vu la discipline de fer qu'imposent les blocs parlementaires à leurs députés, lequel d'entre eux critiquera-t-il une décision prise par son parti présent au gouvernement ? Aucun. Quel député osera-t-il s'opposer à un décret-loi promulgué par le gouvernement ou votera contre une loi proposée par celui-ci ? Aucun. Et si par extraordinaire un ou quelques députés venaient à s'opposer au gouvernement, auraient-ils le poids de l'actuelle opposition, nombreuse et influente telle qu'elle est, si elle se résignait à ne pas participer au gouvernement ?
Au sein du gouvernement, fut-il de la majorité, la collégialité du pouvoir en son sein, puisque la Constitution stipule que le gouvernement réuni jouit des prérogatives exécutives, n'est-elle pas une garantie contre le discrétionnaire ? Imagine-t-on un ministre chiite, même de la majorité, contresigner un décret, ce qui est impératif pour que celui-ci soit exécutoire, si ce décret lèse sa communauté ? Même au temps de la prépondérance des pouvoirs présidentiels avant l'accord de Taëf, le chef de l'État dut se rétracter face à l'opposition de son Premier ministre, qu'il avait pourtant lui-même désigné, quand celui-ci jugeait une décision contraire aux intérêts de sa communauté (crise de 1969).
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Ces partisans avancent que le pays ne peut être gouverné que par l'entente et la concertation, et qu'un cabinet d'union nationale empêcherait la majorité issue des élections de prendre des décisions unilatérales en faveur d'une communauté ou d'un camp politique. Certes, nous sommes un pays pluricommunautaire et les partis politiques principaux...
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