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Culture - Spectacle

« Mniha », Ziad, parce que tu le vaux bien

Ziad Rahbani et un orchestre composé d'une quarantaine de musiciens syro-libanais jouent à guichets fermés au palais de l'Unesco. Au programme : nostalgie musicale et sketches corrosifs.
Le problème avec Ziad Rahbani (on a envie de dire Ziad tout court tellement on se sent « khoch boch » avec lui), c'est que son public lui est acquis d'avance, et cela depuis les années 70. Quoi qu'il fasse, il est acclamé, glorifié, célébré. On dit qu'il est « mahdoum ». Qu'il a ce trait de génie génétique des Rahbani, plus spécifiquement de son père, le mythique Assi. Avec ses idéaux communistes, Ziad est proche du peuple. Et ce dernier le lui rend bien. Compositeur, metteur en scène de théâtre, comédien ou pianiste, Ziad apparaît puis il disparaît, au gré de ses dispositions et de ses envies. Il est tantôt sur les planches, ce lieu béni où il s'est forgé une réputation et un personnage fulgurants, mais sa dernière apparition remonte malheureusement à 1994. Tantôt, il fait son jazz devant un petit cercle d'initiés dans des clubs underground de la ville. Et parfois, quand ça lui chante, il accompagne sa Fayrouz sur les grandes scènes de concerts et de festivals, au Liban ou ailleurs. Ziad a également entretenu une relation privilégiée avec la radio, à travers les émissions sociopolitiques sarcastiques. Ce jeune surdoué (il restera toujours le fils prodige aux yeux de ses fans) suscite, plus récemment, la polémique avec ses commentaires politiques publiés par le quotidien al-Akhbar.
Avec sa plume à l'humour noir, affichant sans complexe ses affiliations politiques « huit marxistes » (au grand dam de ses fans appartenant au clan opposé), le loquace Ziad s'est ainsi attiré plus de détracteurs. Qui le critiquent pour ses frasques, pour son non-professionnalisme. Pour son appartenance à une époque révolue, nostalgique, à des idéaux qui ne tiennent plus.
Mais le « Guevara de la chanson arabe », comme certains l'ont surnommé, poursuit son chemin. Et revient aujourd'hui, après une tournée à Damas, avec un show intitulé Mniha. Un titre qu'il avait donné à un concert au Mont La Salle, en compagnie de son cousin Ghassan Rahbani, en présence de 10 000 spectateurs, deux soirées d'affilée. Cette fois-ci, c'est le théâtre du palais de l'Unesco que Ziad Rahbani a rempli à craquer. Après s'être longtemps fait accompagner par des orchestres de taille relativement réduite, son grand bonheur semble désormais d'apparaître entouré de nombreux musiciens de différentes nationalités.  C'est donc à la tête d'un orchestre d'une quarantaine de musiciens (moitié libanais, moitié syriens) et interprétant ses propres compositions que Ziad Rahbani se produit ce soir encore au palais de l'Unesco. Couronnant six soirées qui accueillaient chacune près de 1 400 spectateurs, un dernier spectacle ce soir et un prix unique fixé à 17 000 LL.  
Au programme non musical, de la bouffonnerie, du style caricatural, mais aussi de la critique sociale et cet humour dévastateur qui fait sa marque de fabrique. Car Ziad Rahbani a choisi de pimenter son concert de sketches humoristiques tirés de ses émissions radio. Plusieurs acteurs se sont donc présentés tour à tour sur scène pour interpréter des saynètes au goût immortel.
Quelques fausses notes par-ci par-là. Des dérapages à noter côté cordes vocales également. Mais, après tout, il s'agit de Ziad. Et lui, on lui pardonne tout.
Pour plusieurs raisons, mais surtout parce que, en ces temps de divisions tous azimuts, son public reste une mosaïque représentative de la société libanaise. Du rouge, de l'orange, du jaune, mais aussi du bleu, du vert et du blanc... Bref, toutes les couleurs du spectre politique local sont là. Rien que pour cet aspect fédérateur, mais pour d'autres également, « Mniha, Ziad », parce que tu le vaux bien...
Le problème avec Ziad Rahbani (on a envie de dire Ziad tout court tellement on se sent « khoch boch » avec lui), c'est que son public lui est acquis d'avance, et cela depuis les années 70. Quoi qu'il fasse, il est acclamé, glorifié, célébré. On dit qu'il est « mahdoum ». Qu'il a ce trait de...

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