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Culture - Festival de Baalbeck

Féerie et enchantement avec « L’opéra du village » de Caracalla

Couleurs, mouvements, poésie, danses, chants, rythmes, cadences, mélodies et esprit du folklore libanais pour un brillant spectacle à panache. C'est « L'opéra du village » de la troupe de danse Caracalla, qui se produit à Baalbeck au meilleur de sa forme et de sa performance.
Une foule nombreuse (plus de cinq mille personnes) se presse aux entrées des vestiges de la Cité du soleil pour applaudir le dernier opus, L'opéra du village, de Abdel Halim Caracalla, digne fils de Baalbeck qui regardait, enfant, les chevaux caracoler dans la plaine de la Békaa... Les gradins sont littéralement pris d'assaut et le public, heureux et déjà en fête, piaffe d'impatience...
Entourant le président Michel Sleiman et son épouse, chaleureusement salués et applaudis, aux premiers rangs, un aéropage de personnalités du monde diplomatique, culturel et politique.
Sur une scène immense, balayée par les spots, à l'ombre des majestueuses colonnes du temple de Bacchus versant droit, surgit la plage d'un village. Un village non pas gaulois comme celui d'Astérix, mais bien libanais, avec, en préambule, la projection sur les pierres anciennes de l'alphabet phénicien et des figurines filiformes à coiffe dorée...Un village libanais donc avec ses parfums, ses saveurs, ses personnages d'opérette, ses façades de maisons à « mandaloun » ornées de fleurs et ses traditions... Un charmant village du terroir, échappé d'un livre d'images où le conte oriental a de la verve, du bagout et un exquis art de vivre... Un village de rêve pour un spectacle de rêve, signé Caracalla.
 Et là, sur cette place, miroir et lieu de toutes les rencontres et de toutes les (trans)actions, de toutes les dissensions et de toutes les intermittences du cœur, se reflète le quotidien des citoyens. Citoyens paisibles et agités, citoyens partagés entre querelle ou sérénité, entre fièvre de fiançailles et scandale des mariages arrangés à des fins pécuniaires, entre insatiable soif de lucre et irrépressible besoin d'amour...
Tout cela, on le suit d'une oreille un peu distraite, la trame reste un peu secondaire, car l'attention se concentre sur la richesse du visuel et les beautés d'une musique envoûtante signée par le talentueux Mohammad Reza Aligholi. Quand les mots du livret fléchissent (Talal Haïdar a dû tremper sa plume dans une encre diluée), la musique est là pour transcender toutes les faiblesses et les insignifiances verbales...
Il y a surtout là l'essence de l'univers coloré, somptueux et enchanteur de la troupe Caracalla, absolument fidèle à son image de marque et de qualité. Marque et qualité d'un spectacle hautement divertissant avec une foisonnante et vertigineuse suite de tableaux chatoyants.

Wadih el-Safi,
le grand-père
Pour camper les divers personnages et protagonistes de ce spectacle mené tambour battant, une pléiade d'artistes largement plébiscités par le public libanais et arabe. En tête du peloton, Assi Hellani, glorieux fils de la Békaa et coqueluche de ces dames. Il campe en toute assurance un preux et séduisant Mizyane. Ample abaya brodée avec un foulard noir noué en corsaire sur la tête pour une voix puissante aux vibratos empreints de virilité toute baalbackiote... Il est efficacement entouré par Hoda Haddad, à la voix d'une douceur feyrouzienne, ainsi que d'Aline Lahoud, blonde Leïla qui en pince pour ce jeune notable au sourire ravageur... Amusant Gabriel Yammine en marquis Bou Fadlo, au français caricatural, comiquement flanqué de son benêt de fils en mal de mariage...
Délirant tonnerre d'applaudissements au dernier tableau pour l'apparition d'un monstre sacré de la scène libanaise : Wadih el-Safi en grand-père du fringant amoureux. Wadih el-Safi aux « moual » qui font trembler les montagnes quand, avec Ya Ibni, il prodigue ses conseils aux générations montantes...Figure emblématique et légendaire à jamais dans le cœur et les faveurs du public.
Prix d'excellence et dé d'or à Abdel Halim Caracalla pour la magnificence, le faste et l'originalité des costumes aux lignes savantes, aux drapés impeccables, au choix innombrable des étoffes soyeuses et à l'allure princière des habits regorgeant d'un sens inouï et impressionnant du détail...
Alissar Caracalla, tout en renouvelant le répertoire des pas de danses de Caracalla, n'en perpétue pas moins sa pérennité...Brio, originalité, mouvance, précision d'une chorégraphie riche et inventive, admirablement conçue et fignolée. Subtile alliance d'un art qui n'a pas de frontière dans ses mouvements, mais garde immuables la sensualité, la rondeur, la fantaisie et l'extravagance de tout ce qui est essentiellement oriental...
En une ondoyante et étincelante fresque finale, sous la férule d'Yvan Caracalla dirigeant la troupe d'une main de fer dans un gant de velours, l'amour mène la ronde. Des paysans fauchant le blé aux vignerons pressant le raisin, des « araba et hantour » tirés par des chevaux sur scène à ce couple d'amoureux convolant en justes noces, le ton est à une insondable farandole toute tissée de rire et de gaieté.
Des filles qui jouent des hanches aux garçons qui roulent des épaules, des petites intrigues aux beaux dénouements, de sabres qu'on brandit aux « dabkés » endiablés, ce village d'autrefois a le pouvoir suprême de retracer, en toute fraîche innocence, les images des paradis perdus et retrouvés...
Délirant « standing ovation » d'une foule enthousiaste qui emporte, comme une déferlante irrésistible, une bonne partie des personnalités officielles sur le devant de la scène pour féliciter les artistes. C'est en abaya baalbackiote, gracieusement prêtée par Abdel Halim Caracalla, que le président de la République monte sur scène saluer les artistes.
Une foule nombreuse (plus de cinq mille personnes) se presse aux entrées des vestiges de la Cité du soleil pour applaudir le dernier opus, L'opéra du village, de Abdel Halim Caracalla, digne fils de Baalbeck qui regardait, enfant, les chevaux caracoler dans la plaine de la Békaa... Les gradins sont littéralement pris d'assaut et le public, heureux et...

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