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Culture - Concert

Quand l’Orient inspire l’opéra français…

Sous l'égide de la Fondation Samir Kassir, à l'Assembly Hall (AUB), un petit voyage en Orient. Le bel canto français pour évoquer, mais sans éclat particulier, la magie d'un Orient mythique...
C'est à travers la voix du baryton Rémi Van Sam, accompagné au clavier par Mahkame Navabi, qu'ont résonné, sur un ton lyrique un peu suranné et avec beaucoup de « couics » vocaux, des images sonores jaillies d'un Levant carte postale amidonnée...
Une voix, certes grave, mais aux modulations flottantes et incertaines. Une voix aux tirades chevrotantes et peu portées aux octaves élevées pour traduire, en terme vocal, toutes les subtilités et les magnificences d'un Orient traversé par le souffle de tous les vents. Surtout les vents de la passion et de l'amour mais aussi ceux des dissidences, des contradictions, des victoires, des défaites, de la solitude...
Du Liban à la Perse en passant par la Syrie, l'Égypte, la Tunisie, la Turquie et l'Espagne, la mouvance de la gloire, de la civilisation et de la culture arabes revit sous ce bouquet d'arias.
Images où s'entremêlent, dans un style souvent précieux et fleuri, émotion, intermittences du cœur, bravoure, trahison, grandeur ou décadence...
Pour cerner le rêve oriental, des compositeurs français aimantés par une région qui passait encore, au siècle dernier, pour exotique et enchanteresse. Enchanteresse avec ses nuits étoilées, ses déserts brûlants, ses femmes au charme piquant, ses cavaliers émérites, ses chevaux pur-sang et ses ancestrales valeurs de courage, d'amitié et de noblesse, ses cortèges de pèlerins, ses reines cruelles, sensuelles et conquérantes...
Très petite affluence pour une soirée placée sous le signe du chant. Un chant prenant racine au rêve levantin pour une rencontre de deux cultures. Un chant faisant la part belle à des partitions du répertoire opératique, certes connues de l'auditoire mais aussi à d'autres, beaucoup moins connues, pudiquement tombées dans l'oubli...

La luxure de Cléopâtre
Au menu des pages, soigneusement sélectionnées, des extraits des opus de Gluck, Massenet, Berlioz, Gounod, mais aussi, phénomène rare, d'Ernest Reyer, Charles Lecoq, Adrien Barthe et Victor Massé, compositeurs éclipsés peut-être injustement (ou en toute justice, allez savoir !) des feux de la rampe... Avec cette documentation pour un opéra lyrique français épris de l'Orient, voilà (presque) la résurrection de quelques airs disséminés par le temps et le changement des modes...
Des premières injonctions à l'Ami Sélim de Reyer jusqu'au Transport céleste des Pèlerins de La Mecque de Gluck en passant par la licence et la luxure de Cléopâtre selon Massé, la voix du baryton, guère nanti de présence ou d'expression scéniques, touche à peine l'auditeur tant ses envolées sont entachées de notes gondolées... Voix tout aussi peu prenante pour magnifier l'amour (Ali Baba de Lecoq) ou le silence (La fiancée d'Abydos de Barthe)...
En interlude, admirable solo de piano avec la Sonate n° 21 dite Waldstein de Beethoven. Narration torrentielle où, entre chromatismes vertigineux et cadences précipitées, le maître de Bonn offre toute la veine d'une inspiration fiévreusement romantique. Opus d'une grande clarté sonore où entre évasion lumineuse et tension irrépressible, le piano est un vrai moment de féerie.
En deuxième partie, des Troyens de Berlioz où Chorèbe apaise une Cassandre en émoi jusqu'aux aux invocations du moine cénobite Athanel dans Thaïs de Massenet, en passant par l'hymne à Grenade de Dubois avec les incendiaires déclarations d'amour de Ben Saïd à Xaïma dans le Tribut de Zamora de Gounod, le chant, malgré une prononciation impeccable de la part du baryton, reste peu porteur d'émotion. Ce voyage en Orient est raté.
C'est à travers la voix du baryton Rémi Van Sam, accompagné au clavier par Mahkame Navabi, qu'ont résonné, sur un ton lyrique un peu suranné et avec beaucoup de « couics » vocaux, des images sonores jaillies d'un Levant carte postale amidonnée... Une voix, certes grave, mais aux modulations flottantes et...

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