Rechercher
Rechercher

Économie

La coopération contre les paradis fiscaux avance, mais de nouvelles destinations émergent

Impulsée par le G20, l'offensive contre les paradis fiscaux gagne du terrain, mais plusieurs experts craignent désormais l'émergence de nouveaux centres financiers offshore, pointant notamment le Ghana ou l'île d'Anjouan.
À l'approche du prochain G20 de septembre, de grandes places financières (Suisse, Luxembourg...) se pressent de conclure les 12 conventions bilatérales d'échange d'informations requises pour sortir de la liste grise des paradis fiscaux.
Au total, plus de 40 traités de ce type ont été signés et 25 sont en négociation, faisant espérer « une décennie de transparence », selon Jeffrey Owens, du Centre de politique et d'administration fiscales à l'OCDE.
Mais des craintes se font jour. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne surveille actuellement « que » 84 juridictions, et certains pays, libres de tout contrôle, sont tentés de faire « cavalier seul » et de se muer en paradis fiscal pour attirer les investisseurs désireux d'échapper à l'impôt.
« Le Ghana nous inquiète particulièrement. Des banques poussent les autorités à adopter une législation qui ferait du pays un centre financier offshore », prévient John Christensen, de l'ONG Tax Justice Network, confirmant des craintes de l'OCDE.
Selon le journal britannique The Observer, la loi bancaire ghanéenne a ainsi été récemment modifiée pour permettre à la Barclays d'y gérer des activités offshore.
D'autres territoires seraient sur les rangs. Fin 2007, le Premier ministre de la Jamaïque, Bruce Golding, a indiqué au Financial Times que son pays « pourrait tirer des bénéfices » des activités offshore.
L'île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores, va plus loin et vante sur son site Internet ses services offshore créant un « bon environnement » pour les investisseurs.
« Les paradis fiscaux poussent comme des champignons » en Europe centrale, assure par ailleurs Gunther Capelle-Blancard, professeur de finances à la Sorbonne.
« En quelques années, on a vu fleurir dans ces pays un nombre incalculable de Bourses au fonctionnement opaque. Il y a clairement une volonté de s'imposer comme de nouveaux acteurs de la finance à mesure que les contraintes sont plus fortes dans les pays occidentaux », souligne l'universitaire.
Selon la Fédération des Bourses d'Eurasie (FEAS), le Kazakhstan n'applique ainsi aucune fiscalité sur les revenus du capital, un des critères de définition des paradis fiscaux.
Face à ce risque de « cavalier seul », l'OCDE estime que la pression internationale saura dissuader les nouveaux entrants. Plusieurs pays devraient réaffirmer leur volonté de lutter contre les paradis fiscaux mardi lors d'une réunion à Berlin.
L'OCDE compte par ailleurs élargir la liste des juridictions placées sous sa surveillance lors du Forum global sur la fiscalité prévu début septembre.
« Ces tentatives de cavalier seul n'iront pas loin. Les pays concernés ont un faible poids politique, et les moyens d'action de la communauté internationale sont considérables », estime Daniel Lebègue, de Transparency International France, évoquant la possibilité de couper l'aide au développement.
Selon les ONG, un changement d'approche s'impose. « Les paradis fiscaux n'existent que parce que des banques et des multinationales les utilisent », souligne Jean Merckaert, du CCFD-Terre solidaire, qui souhaite que les acteurs économiques soient tenus de dévoiler leurs activités offshore.
De son côté, Oxfam plaide pour que les questions de fiscalité soient traitées par les Nations unies, et non plus au niveau bilatéral, afin d'étendre le champ de la transparence.

Impulsée par le G20, l'offensive contre les paradis fiscaux gagne du terrain, mais plusieurs experts craignent désormais l'émergence de nouveaux centres financiers offshore, pointant notamment le Ghana ou l'île d'Anjouan.À l'approche du prochain G20 de septembre, de grandes places financières (Suisse, Luxembourg...) se pressent de conclure les...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut