En 2008, sur 616 personnes tuées dans le pays lors d'actes de violences, 133 l'ont été par des grenades, selon un rapport de la principale ligue burundaise des droits de l'homme, Iteka. Sur 242 blessés recensés, 166 ont été victimes de ces engins. Le Programme du programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a comptabilisé plus de 300 attaques à la grenade en 2008 dans le pays.
« Pour un criminel, la grenade offre une grande facilité car elle permet de tuer à coup sûr beaucoup de gens et en peu de temps, tout en offrant la possibilité de s'évanouir dans la nature, ni vu ni connu », analyse le président d'Iteka, David Nahimana. En outre, leur prix est dérisoire. « Une grenade coûte environ 1 500 francs burundais », soit 0,9 euro, selon M. Nahimana, qui déplore : « Dans la plupart des cas, nous avons constaté que l'utilisation d'une grenade assure l'impunité aux criminels (...) et les gens en abusent. » Ainsi, le 24 août 2008, un homme avait tué 18 personnes et blessé une quarantaine d'autres en jetant une grenade dans une salle des fêtes où se déroulait un mariage, dans le centre du pays. Le principal suspect a été condamné à 10 ans de prison pour « possession illégale d'arme » car la police a retrouvé des grenades chez lui. Mais il n'a pas été condamné pour les assassinats, faute de preuves. Selon différentes sources, de 100 000 à 300 000 armes sont détenues illégalement par la population du Burundi, qui tente de sortir d'une guerre civile ayant fait au moins 300 000 morts.
Lundi encore, un homme a été tué et neuf autres personnes blessées par l'explosion d'une grenade à Bujumbura. « D'après l'enquête, il s'agit d'une explosion accidentelle (...) On nous a expliqué que cet ancien combattant se promenait toujours avec une grenade dans la main, sans que l'on sache pourquoi », raconte l'administrateur du quartier, Émile Ndayirinze.
Esdras NDIKUMANA (AFP)
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