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Moyen Orient et Monde - Violence

Le règlement de comptes à la grenade, fléau de la société burundaise

En 2008, l'ONU a comptabilisé plus de 300 attaques à la grenade dans le pays, tuant plus de 130 personnes.
Symbole du profond traumatisme d'une société où la violence est devenue un mode commun de règlement des conflits familiaux ou de voisinage après plus de 10 ans de guerre civile, la grenade s'est imposée au Burundi comme l'arme favorite des criminels mais aussi des simples citoyens. « Après une décennie de guerre civile et des années de violences au quotidien, les gens ont tendance à utiliser la force pour régler leurs conflits », explique à l'AFP Gordien Kanjori, administrateur de la commune de Gihanga, près de Bujumbura, où un couple a été récemment tué dans sa maison par l'explosion d'une grenade lancée par un inconnu. « Comme les grenades en provenance de République démocratique du Congo pullulent, on utilise cette arme », précise-t-il.
En 2008, sur 616 personnes tuées dans le pays lors d'actes de violences, 133 l'ont été par des grenades, selon un rapport de la principale ligue burundaise des droits de l'homme, Iteka. Sur 242 blessés recensés, 166 ont été victimes de ces engins. Le Programme du programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a comptabilisé plus de 300 attaques à la grenade en 2008 dans le pays.
« Pour un criminel, la grenade offre une grande facilité car elle permet de tuer à coup sûr beaucoup de gens et en peu de temps, tout en offrant la possibilité de s'évanouir dans la nature, ni vu ni connu », analyse le président d'Iteka, David Nahimana. En outre, leur prix est dérisoire. « Une grenade coûte environ 1 500 francs burundais », soit 0,9 euro, selon M. Nahimana, qui déplore : « Dans la plupart des cas, nous avons constaté que l'utilisation d'une grenade assure l'impunité aux criminels (...) et les gens en abusent. » Ainsi, le 24 août 2008, un homme avait tué 18 personnes et blessé une quarantaine d'autres en jetant une grenade dans une salle des fêtes où se déroulait un mariage, dans le centre du pays. Le principal suspect a été condamné à 10 ans de prison pour « possession illégale d'arme » car la police a retrouvé des grenades chez lui. Mais il n'a pas été condamné pour les assassinats, faute de preuves. Selon différentes sources, de 100 000 à 300 000 armes sont détenues illégalement par la population du Burundi, qui tente de sortir d'une guerre civile ayant fait au moins 300 000 morts.
Lundi encore, un homme a été tué et neuf autres personnes blessées par l'explosion d'une grenade à Bujumbura. « D'après l'enquête, il s'agit d'une explosion accidentelle (...) On nous a expliqué que cet ancien combattant se promenait toujours avec une grenade dans la main, sans que l'on sache pourquoi », raconte l'administrateur du quartier, Émile Ndayirinze.
Esdras NDIKUMANA (AFP)
Symbole du profond traumatisme d'une société où la violence est devenue un mode commun de règlement des conflits familiaux ou de voisinage après plus de 10 ans de guerre civile, la grenade s'est imposée au Burundi comme l'arme favorite des criminels mais aussi des simples citoyens. « Après une décennie de guerre civile...

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