Désireux de ne pas être distancés par le groupe à la pomme, plusieurs grands fabricants de téléphones portables et d'ordinateurs ont lancé des modèles tactiles, tels Nokia, Research in Motion, Hewlett-Packard ou Asustek.
La sortie prochaine du système d'exploitation pour PC, Windows 7 de Microsoft, devrait donner un coup de fouet supplémentaire à cette technologie naissante, en introduisant une plate-forme compatible dans des millions de foyers et de bureaux. Mais pour la plupart des utilisateurs, un écran tactile ne va pas révolutionner l'usage de l'ordinateur et la diffusion de cette nouveauté risque fort de se limiter au secteur des combinés mobiles.
« La programmation en est toujours au stade embryonnaire et d'ici à ce que cela évolue, peut-être avec Windows 7, il faudra encore attendre un bon moment avant de voir les choses décoller », explique Jay Chou, analyste chez IDC.
Les bons vieux claviers et souris pourraient ainsi rester de mise, eu égard à la difficulté de faire évoluer les habitudes des utilisateurs, a fortiori lorsque le développement de logiciels ne suit pas.

Une plus-value minime
« Je crois que ça ressemble beaucoup à du battage, estime l'analyste du cabinet Gartner, Tracy Tsai. Il me semble peu pratique que les gens utilisent des écrans tactiles sur leurs ordinateurs ; quand vous vous servez d'un appareil aussi gros, la plus-value est vraiment minime. »
Les PC à écran tactile constituent encore une simple « niche » du marché en raison de leurs prix élevés et de leurs fonctionnalités réduites : ils représentent moins de 1 % des ventes mondiales d'ordinateurs. Et même si la plupart des analystes prévoient une croissance de ce chiffre, rares sont ceux qui manifestent un optimisme aussi solide que celui affiché par certains fabricants.
« La principale question, à mon sens, est de savoir quel est le véritable apport d'un écran tactile : il est probablement assez négligeable et, si c'est le cas, pourquoi payer davantage pour un tel ordinateur ? », s'interroge Peter Lin, du cabinet d'études iSuppli.
Les investisseurs, eux, plébiscitent les fabricants de composants pour écrans tactiles et le cabinet DRAMeXchange table sur une augmentation annuelle de 17 % des bénéfices de ces sociétés au cours des trois prochaines années. Il semble néanmoins qu'il faille attendre encore quelque temps avant que le coût de cette technologie soit suffisamment réduit sur un appareil de la taille d'un ordinateur. Selon le fabricant Wintek, la production d'un écran de trois pouces pour mobile revient à environ 10 dollars (sept euros), mais les prix augmentent de manière exponentielle pour des écrans plus grands. Ainsi, l'ajout d'un écran tactile sur un ordinateur de bureau pourrait gonfler la note de plus de 10 %, estime Elan Microelectronics, producteur de puces dédiées à la technologie tactile.
« Il faut attendre que les coûts baissent un peu avant de voir s'étendre au marché des PC le type de croissance qu'on connaît actuellement dans les téléphones mobiles », a déclaré le président d'Elan, I.H. Yeh, lors du Salon Computex à Taipei.