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Liban

À Batroun, la guerre des drapeaux

Une grande mobilisation des électeurs a permis aux candidats de tester leur popularité dans les rues avant le résultat des votes, sur la côte et dans les collines de Tannourine.

Dans une rue de la vieille ville, à Batroun, Bassam Salloum a garé sa voiture quelques instants pour régler un problème sur son drapeau. « Je dois dévisser la pointe en fer qui se trouve au bout, explique-t-il. Il paraît que l'armée a demandé à tout le monde de faire ça pour éviter qu'on ne les utilise comme armes dans les bagarres. » En effet, les militaires veillent au grain, et ils sont présents partout. Sous leur regard attentif, les électeurs de la région de Batroun se sont dirigés vers les urnes, hier, portant de grands drapeaux, des foulards et d'autres vêtements aux couleurs de leurs partis.
Sur la côte, c'est l'orange des aounistes qui dominait le paysage dès l'ouverture des bureaux de vote, à sept heures. Tee-shirts, bandanas, casquettes et autocollants : les supporters de Gebran Bassil avaient tout prévu pour affirmer leur présence. Une violation de la loi électorale, qui interdit de faire campagne devant les bureaux de vote ? « Pas du tout, répond Marie-Anne Bitar, debout près de l'entrée d'un bureau avec son fils, orange de la tête aux pieds. Ce sont simplement nos habits, nous ne faisons pas campagne. » Ils distribuent en revanche des sandwiches et des rafraîchissements aux électeurs, « même à ceux qui votent pour l'autre camp », se hâtent-ils de préciser. Pour éviter les affrontements, la plupart des partis ont prévenu leurs membres qu'ils ne prendraient pas leur défense s'ils se rendaient coupables d'agressions envers leurs adversaires.
La principale promesse retenue par les aounistes est celle du « changement » - un thème omniprésent sur tous les produits de promotion distribués pendant la campagne. De nombreux partisans disent qu'ils veulent donner à Gebran Bassil l'occasion de faire ce que les précédents députés n'ont pas fait, notamment améliorer les infrastructures de la région. « Il a montré ce qu'il savait faire en tant que ministre, affirme Kisrah Bassil, cousin et conseiller du candidat. On va lui donner quatre ans pour changer les choses, et on verra ensuite. »
Un peu plus loin, dans le même quartier, les Forces libanaises distribuent aussi des packs-déjeuner marqués de leur symbole. Ils restent cependant discrets sur la côte, ne paradant pas comme leurs adversaires, et restant à proximité de leur quartier général. Pour les retrouver en force, il faut traverser l'arrière-pays et se rendre sur les collines de Tannourine, où les drapeaux rouge et blanc semblent plus nombreux que ceux du CPL. Boutros Harb, candidat à sa propre succession et proche de la majorité, reçoit ses partisans chez lui. Il représente une des familles les plus anciennes de la région, et entretient des liens étroits avec les électeurs. Parmi ses visiteurs, hier, une dame visiblement très âgée s'exprime avec difficulté : « On m'a amenée ici dans une ambulance, lui dit-elle. J'habite à Beyrouth, mais j'ai tenu à venir et à voter pour vous. »
Les partisans de Boutros Harb disent compter sur son expérience, sur sa présence auprès d'eux, mais également sur sa fidélité à des idéaux politiques. Lui au moins, disent-ils, ne consentira pas à une alliance avec le Hezbollah. Par ailleurs, le député se félicite de la transparence de sa campagne. « Je surveille mes comptes, ajoute-t-il. Beaucoup parmi les personnes qui ont travaillé pour nous ces derniers mois sont bénévoles, et je suis un des rares candidats qui reste en dessous des limites de dépenses autorisées. »
L'argent, justement, est au cœur de la principale accusation que les deux camps ont continué à échanger hier : celle de soudoyer les électeurs, et de financer les « voyages électoraux » des Libanais expatriés. Quelques miniscandales ont vu le jour pendant le scrutin, plus ou moins fondés sur la réalité, chaque camp accusant l'autre d'empêcher certains électeurs de pénétrer dans les bureaux de vote. Ces bureaux ont connu de gros embouteillages d'électeurs, notamment dans le centre de Batroun et à Tannourine, où le temps d'attente avant de passer à l'isoloir s'élevait parfois à deux ou trois heures.
Comme pendant la campagne, les programmes des candidats ont été rarement évoqués autour des bureaux de vote de Batroun. Quant aux résultats, candidats et électeurs avaient sous les yeux des pronostics peut-être proches de la réalité : les vagues de drapeaux orange sur la côte, ou rouge et blanc dans les collines, leur ont permis d'espérer discerner les couleurs de la victoire.
Dans une rue de la vieille ville, à Batroun, Bassam Salloum a garé sa voiture quelques instants pour régler un problème sur son drapeau. « Je dois dévisser la pointe en fer qui se trouve au bout, explique-t-il. Il paraît que l'armée a demandé à tout le monde de faire ça pour éviter qu'on ne les...

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