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Nos Lecteurs ont la Parole

Les lecteurs ont voix au chapitre

Beyrouth Blues

 

Un matin comme un autre, un chauffard qui allait sûrement trop vite a renversé une vieille dame qui allait peut-être un peu lentement. Une triste façon de finir une vie au ralenti. Parce qu'en fait, tu avais arrêté de vivre au début de la guerre, Odette, quand tes enfants ne sont pas revenus. Richard et Marie-Christine. Dieu seul sait où sont tes enfants, Odette. Dieu et les criminels. Dieu seul sait aussi qui sont les criminels. Nous on n'a pas le droit de savoir. On n'a en fait aucun droit. Je ne te connaissais pas, Odette. Je ne connaissais pas ton combat. Mais qu'est-ce que je suis triste aujourd'hui... Même si j'avais su, Odette, je n'aurais rien pu. Il paraît qu'on n'y peut rien. Qu'on doit subir encore et encore. C'est comme ça. Une guerre en pointillé... qui n'existe nulle part. Dans aucun livre d'histoire. Une guerre qui nous a détruits, qui ne nous a rien laissé. Même pas le droit de poser des questions. De demander où sont ceux qui ne sont jamais revenus. De relever la tête et de dire : ça suffit maintenant. De demander des comptes. De se rappeler. De raconter. De comprendre. De ne jamais recommencer. Même pas le droit. La souffrance est censée s'évaporer au soleil. Sous ce soleil qui éclairait tes pas quand tu n'avais plus qu'une tente sous laquelle t'abriter. Ils sont sourds, Odette. Et nous, on est indolents. Un peu meurtris, un peu craintifs, un peu amnésiques. C'est pourtant sous ta tente à toi que tous les Libanais auraient dû se retrouver. Sommes-nous impardonnables, Odette ?

 

Tania Hadjithomas MEHANNA

No vote

 

Au fur et à mesure que le temps passe, et au fil des articles et commentaires que je lis dans mon journal, il  me démange fort pour ne pas aller voter le 7 juin. Pourquoi, me diriez-vous ? Simplement parce que je n'ai plus confiance en l'avenir. Je n'ai plus confiance parce que ceux pour lesquels je ne vais pas voter sont de mauvaise foi et, de par leurs déclarations pseudoconciliantes, ils laissent entrevoir une ire indescriptible s'ils venaient à perdre les élections.
Ils parlent de gouvernement futur, de « participation ». Ils participent aujourd'hui en faisant de l'obstruction active et ils ont le toupet de clamer haut et fort que le pays est paralysé par les autres, les méchants. S'ils venaient à avoir la majorité, ils rappelleraient à ceux d'en face qu'ils ne voulaient pas participer au nouveau gouvernement et s'en iront gouverner seuls, les armes sous le bras et en se faisant tenir la main par leurs puissants alliés étrangers.
S'ils venaient à perdre, ils réclameront leur dû, à savoir « une participation » (pour ne pas dire blocage) au gouvernement futur, et pour l'obtenir, les tentes sont prêtes à envahir le centre-ville et à bloquer la route qui mène à l'aéroport. Si cela ne marche pas, ils n'auront qu'à refaire un nouveau « jour glorieux » pour notre pays et nous ramener  à la case départ. Ce qui est sûr, c'est que tout le monde piaillera d'indignation, mais personne n'osera ni ne saura les arrêter.
Entre-temps, nos ambitieux futurs députés n'ont rien d'autre à faire que de s'invectiver en langage très coloré à défaut d'être fleuri. Leur programme ? Cela ne regarde pas les Libanais.
En votant le 7 juin, ma voix et celle des autres n'auront servi à rien. Seule la loi léonine prévaudra.
Je m'excuse d'être si pessimiste en ce beau printemps du Liban où le ciel est désespérément bleu...

 

Farid MALAK

Campagne légère

 

D'abord, il y eut ce grand panneau publicitaire représentant un poster couleur bleue, arraché, sous lequel apparaît un autre, orange cette fois-ci, avec le slogan : « Pas de futur sans changement. » Ensuite, ce fut le « Sois belle et vote », une belle femme s'exhibant sur tous les panneaux du pays. Puis un diptyque homme/femme muni chacun d'une télécommande ;
slogan : « Le changement », un changement push-button. Le bleu ne vous plaît pas ? Push, et on zappe sur l'orange. Et enfin, le dernier visuel : femme avec bandeau et lunettes de soleil et homme idem ; slogan : « Vote 4 orange », « Je vote orange ».
D'abord, la violence : pour que j'existe, il faut que je t'annule. Ensuite, le dénigrement de la gent féminine qui devrait peut-être remercier le général de lui donner la parole (mais seulement pour le 7 juin). Puis la télécommande et enfin, les lunettes de soleil.
Bravo, général ! Vous avez réussi à vider de son sens et de son poids un acte et, surtout, un devoir patriotiques par excellence. Vous avez réussi à transformer un geste fondamentalement civique, qui pourrait sceller le destin de toute une nation, en une promenade du dimanche, ou une journée de plage, ou encore une séance de déhanchement au cours de laquelle on zappe la musique qui déplaît.
Eh bien, non, général, et cent mille fois non ! Nous irons aux urnes comme un seul homme pour voter contre vous.

 

Zeina BRIDI

Arrêtez le massacre de la nature !

 

En arrivant à la baie de Jounieh chaque matin à la hauteur du Casino, je ne cesse de m'exclamer sur la beauté de cette baie et je remercie Dieu pour cette montagne. Mais l'œuvre de destruction est en cours. Un peu plus chaque matin, un pan entier de montage, en face, est rogné et défiguré. Un peu plus chaque matin, les beaux pins sont arrachés, et la roche est pulvérisée.
Est-ce une route? Non, l'œuvre est gigantesque telle une pieuvre géante qui avalerait la terre.
C'est une carrière ! Or, cet endroit touristique draine chaque année un million de touristes à Notre-Dame du Liban. Sur cette montagne bénie qui nous amène la pluie et l'eau chaque hiver, des hommes ont aménagé une carrière. Ils veulent détruire la montagne, qui permet à tous les riverains de jouir de la vue, de la mer et de respirer de l'oxygène qui nous manque de plus en plus à Beyrouth. Ils ont osé faire une carrière pour extraire la roche, pour défigurer cet endroit merveilleux pour en faire un trou béant.
Je rêve. Non, c'est un cauchemar. J'ignore à qui appartient cette carrière, mais je vous supplie de la fermer. Laissez-nous garder encore un peu de beauté au Liban ; sauvegardons nos forêts et laissons quelque chose de beau aux générations futures. Dans ce Liban ravagé par les constructions sauvages et les buildings, pensons désormais à l'environnement durable.
La carrière de Chekka est une monstruosité, l'autoroute de Baabda, une catastrophe écologique. Des milliers d'arbres détruits, pourquoi, au nom de quoi ? La nature ne nous appartient pas, c'est l'œuvre de Dieu. Nous n'en sommes que les gardiens.  Alors, cessons de détruire et pensons à préserver la terre, les arbres, sinon nous n'aurons plus de pluie, plus d'eau, et le Liban deviendra un désert.

 

Diane ASSI

Beyrouth Blues
 
Un matin comme un autre, un chauffard qui allait sûrement trop vite a renversé une vieille dame qui allait peut-être un peu lentement. Une triste façon de finir une vie au ralenti. Parce qu'en fait, tu avais arrêté de vivre au début de la guerre, Odette, quand tes enfants ne sont pas revenus. Richard et...

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