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Économie - Crise financière

La BCE va faire une pause demain, peut-être pour longtemps

La Banque centrale européenne (BCE) va garder ses taux inchangés demain et en a peut-être définitivement terminé avec ses baisses malgré une inflation tombée à zéro et une économie de la zone euro toujours déprimée.
La grande majorité des économistes parie sur le maintien du taux principal à son niveau historique de 1 % demain à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs.
Pour beaucoup, le plancher est atteint. Plusieurs banquiers centraux, dont l'influent Axel Weber, ont répété à l'envi leur réticence à voir ce taux, qui détermine les conditions du crédit en zone euro, descendre sous ce seuil, rejetant une politique de taux zéro à l'américaine.
Certains continuent d'espérer, à l'instar d'Erik Nielsen, de Goldman Sachs, qui n'exclut pas demain une indication d'une future baisse de taux. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, pourrait par exemple ne pas réitérer sa déclaration antérieure selon laquelle les taux sont « adaptés », souligne l'économiste qui mise sur une diminution de 0,25 point de pourcentage du principal taux à 0,75 % en juillet.
Le Français n'a d'ailleurs pas totalement exclu cette option.
Réduire de nouveau les conditions du crédit ne serait en soi pas aberrant au regard de la situation économique.
L'inflation est tombée à zéro en mai dans la zone euro, selon une estimation provisoire, et va plonger en territoire négatif dans les mois d'été. La BCE ne remplira pas cette année, et sans doute pas l'an prochain non plus, son objectif d'une inflation légèrement inférieure à 2 %.
La montée du chômage, qui a atteint en avril un taux inédit depuis presque 10 ans de 9,2 % en zone euro, va peser sur la consommation. Les hausses salariales vont ralentir nettement dans les trimestres à venir, ce qui renforce le risque de déflation, une baisse durable et généralisée des prix, prédit Jennifer McKeown, de Capital Economics.
Si les indicateurs de confiance économiques en zone euro se redressent légèrement, laissant espérer que le pire de la récession est passé, « l'activité économique est appelée à reculer encore dans les mois à venir », souligne Alexander Krüger, de la Bankhaus-Lampe.
Mais une baisse de taux pourrait aussi ne pas servir à grand-chose. Depuis octobre, la BCE a réduit son taux de 3,25 points, à sept reprises, soit une baisse presque tous les mois, mais sans parvenir à rétablir la confiance entre banques, qui ne répercutent pas ou à peine ces baisses sur les crédits à leurs clients.
Comme ses consœurs, la BCE a donc décidé de se lancer dans des mesures « non conventionnelles » pour stimuler l'économie. Elle prévoit de débourser pour 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées, couvertes par des crédits hypothécaires et considérées comme sûres. Les détails techniques seront révélés demain.
À titre de comparaison, la Fed a lancé un programme d'achat d'obligations de 300 milliards de dollars, et la Banque d'Angleterre de 125 milliards de livres. Des achats financés par de la monnaie créée.
Ce qui n'est pas pour plaire à tous, et notamment à la chancelière allemande Angela Merkel, qui a demandé mardi, dans une critique plutôt inhabituelle, aux deux institutions de mettre fin à leurs interventions. « Il faut revenir à des politiques de banques centrales indépendantes », a-t-elle lancé dans un discours à Berlin.
Au-delà de la démonstration d'unité, les économistes sont réservés sur le résultat du sommet berlinois.
« Je n'attends rien de particulier », assène Aurelio Maccario, économiste de la banque UniCredit.
« Je crains qu'il ne faille pas attendre grand-chose de plus qu'une déclaration d'intentions », abonde Holger Schmieding, de la Bank of America.
Les discussions, au moins en coulisses, ne pourront faire l'impasse sur le protectionnisme et sur l'absence de coordination des plans de relance nationaux.
Les tensions sont vives depuis l'annonce en France d'un plan de soutien financier aux constructeurs nationaux, critiqué autant à Berlin qu'à Prague ou à Bruxelles.
Les dirigeants européens devraient aussi consacrer leurs entretiens au sujet moins polémique de la régulation des marchés financiers.
« J'attends quelques avancées significatives sur des règles globales pour le secteur bancaire et sur la transparence », selon M. Maccario, l'économiste d'UniCredit.
Berlin et Paris devraient également mettre l'accent sur la dénonciation des paradis fiscaux, pudiquement appelés « centres non coopératifs. »
À l'ordre du jour aussi, l'encadrement des rémunérations de dirigeants de banque et la gestion des actifs « toxiques », ces titres financiers ayant perdu toute valeur qui plombent les bilans des banques.
Après la réunion de Berlin et avant celle de Londres, les Européens pourront encore accorder leurs violons lors d'un sommet extraordinaire de l'UE le 1er mars, suivi les 19 et 20 mars d'un sommet régulier.
Au sortir d'un G7 à Rome et avant le G20, le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück a lancé mercredi un avertissement face à cette « réunionite ».
Il a réclamé pour le sommet du G20 des « mesures très concrètes », ajoutant : « Il faut faire attention avec cette succession rapide de sommets de ne pas éveiller des attentes qui ne seraient pas remplies. »
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a, lui, espéré que le G20 débouche sur « un grand compromis où chaque continent accepte ses responsabilités et ses obligations à agir ».
Enfin, Bruno Le Maire déclarait lors d'une conférence de presse à Bruxelles : « Le cœur de cette réunion, c'est la préparation du G20, donc les mesures qui seront prises par les Européens collectivement pour faire face à la crise financière et aboutir à une nouvelle régulation financière. Toute la difficulté, ça va être de rapprocher des positions qui pour le moment ne sont pas parfaitement identiques. » « Il faut impérativement que les Européens présentent un front uni à la réunion du G20 à Londres. C'est la façon d'avoir une discussion constructive avec nos partenaires », a-t-il ajouté.
Or, a-t-il déploré, « le front n'est pas encore uni », car « nous partons de situations économiques qui sont différentes, donc d'intérêts économiques qui sont également différents ».
« Mais nous avons encore quelques jours pour y parvenir, a-t-il dit, pour rapprocher ces points de vue. »
La grande majorité des économistes parie sur le maintien du taux principal à son niveau historique de 1 % demain à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs.Pour beaucoup, le plancher est atteint. Plusieurs banquiers centraux, dont l'influent Axel Weber, ont répété à l'envi leur réticence à voir ce...

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